Colère des agriculteurs: le gouvernement va proposer un débat au Parlement sur le Mercosur

Le Premier ministre Michel Barnier lors d'un discours au 93e congrès des Assises des Départements de France à Angers, le 15 novembre 2024. - Damien MEYER / AFP
Une réponse aux agriculteurs. Confronté au retour de la colère des exploitants agricoles, le gouvernement compte proposer un débat au Parlement suivi d'un vote sur le Mercosur.
"J'entends la colère, les tensions, l’incompréhension des agriculteurs sur le projet d’accord UE-Mercosur. La France y est fermement opposée", a écrit sur X Michel Barnier. "C'est pourquoi, dans le cadre des dispositions de l’article 50-1 de notre Constitution, j’ai décidé, après consultation des présidents de groupe du socle commun, de faire une déclaration à l’Assemblée nationale suivie d’un débat et d’un vote sur ce projet d’accord".
"J'ai demandé ce matin en conférence des présidents (...) d'inscrire à l'ordre du jour de l'Assemblée nationale le 10 démcebre un débat sur ce sujet majeur pour protéger nos agriculteurs français", a écrit dans la foulée sur X, la ministre des Relations avec le Parlement,Nathalie Delattre.
Ce traité de libre-échange entre l'Union européenne et des pays d'Amérique latine est en cours de finalisation au sein de la Commission européenne. Sa présidente Ursula Von der Leyen a jugé dimanche que les négociations étaient "dans la dernière ligne droite".
Un vote pour mettre la pression sur Usula Von der Leyen
Du côté de la France, on y est pourtant farouchement opposé. En tournée en Amérique du Sud, Emmanuel Macron a promis ce lundi de "continuer à s'y opposer".
Si certains pays à l'instar de l'Espagne, du Portugal et de l'Allemagne y sont très favorables, les agriculteurs français craignent une concurrence déloyale avec des standards sanitaires et qualitatifs différents de ceux que l'on peut trouver dans l'Union européenne.
Alors que Paris cherche depuis des semaines une manœuvre pour faire rétropédaler Ursula Von der Leyen, le débat sur le Mercosur au Parlement a toutes les chances d'aboutir à un vote négatif. Tous les groupes parlementaires y sont largement opposés.
De quoi mettre la pression politiquement à Ursula Von der Leyen et permettre à la France d'être au cœur de la résistance au Mercosur en espérant emmener avec elle d'autres partenaires européens.
Barnier jusqu'ici très hésitant
Pour l'instant, la France reste isolée sur ce dossier, même si certains pays ont exprimé des réserves à l'instar de l'Autriche, des Pays-Bas ou de la Belgique. Un vote négatif au Parlement français sur le Mercosur aurait certes le mérite de donner de l'élan à la France pour défendre ce sujet auprès de ses partenaires européens mais n'a de conséquence législative sur la Commission européenne.
Jusqu'ici, Michel Barnier avait semblé hésitant à sortir cette arme qui pourrait être jugée comme une déclaration de guerre contre la Commission européenne. Le groupe des députés insoumis avait d'ailleurs prévu l'examen dans sa niche parlementaire du 28 novembre prochain d'une proposition de résolution invitant le gouvernement à refuser ce traité.
Mais le gouvernement l'avait jugé irrecevable ce texte le 5 novembre, tout comme avait été jugé également irrecevable début octobre une proposition de résolution similaire du groupe RN.
Il faut dire que la France n'est plus en position de force sur la scène européenne depuis la dissolution ratée d'Emmanuel Macron et que Michel Barnier, en fin connaisseur des arcanes européennes, préférait manifester jouer la carte de la pression interne plus que de celle de ses troupes à l'Assemblée.