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Avant d'être Premier ministre, Michel Barnier, l'homme qui a négocié le Brexit

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Nommé Premier ministre au bout du suspense par Emmanuel Macron, Michel Barnier a une longue carrière derrière lui. Mais c'est à Bruxelles qu'il s'est réellement imposé comme une personnalité politique de premier rang.

C'est donc officiel, Michel Barnier a été nommé ce jeudi 5 septembre Premier ministre, à 73 ans. Si l'ex-ministre des Affaires étrangères de Jacques Chirac n'est jamais parvenu à s'imposer comme une personnalité politique de premier plan en France, l'homme a pris une autre dimension après que l'Union européenne l'a désigné "Monsieur Brexit".

Nommé ministre de l’Environnement (1993) sous Mitterrand (pendant la seconde cohabitation), aux Affaires européennes (1995) puis aux Affaires étrangères (2004) sous Chirac, le natif de La Tronche (Isère) occupera également le ministère de l’Agriculture et de la Pêche sous Sarkozy (2007).

Mais c'est à Bruxelles qu'il s'imposera réellement comme une personnalité politique de premier rang, à l'image d'un Jacques Delors. En 1999 d'abord, lorsqu'il fût nommé commissaire européen à la Politique régionale. Puis en 2010, en tant que commissaire européen au Marché intérieur et aux services. Et enfin en 2016 quand il devint négociateur en chef du Brexit.

Pour négocier le Brexit, "ni émotion ni passion"

Bruxelles était sans doute un passage obligé pour celui qui a toujours fait de l’Europe l’un des piliers de son engagement. "On peut être patriote et Européen", aimait-il répéter à Bruxelles.

À la Commission, Michel Barnier ne compte pas ses heures et enchaîne réunions et déplacements. "C’est un bosseur", nous disait en 2020 Olivier Guersent, directeur général des services de la concurrence de l’Union européenne.

"Son secret: il fait du sport tous les jours, il mange sain et ne boit pratiquement pas d'alcool. Il a une hygiène de vie qui lui permet d’avoir cette énergie."

Mais sur le dossier sensible du Brexit, il s’efforce de ne laisser paraître "ni émotion ni passion". Il tient en revanche à jouer la carte de la transparence en rendant régulièrement des comptes à chacun des États membres sur l’avancée des négociations.

Ses proches ne tarissent pas d’éloges sur sa méthode: "À Bruxelles, il est apprécié pour le sérieux de son travail. […] Il a toujours veillé à associer toutes les parties prenantes. Le bloc des 27 a tenu grâce à lui", soulignait Michel Dantin, maire de Chambéry et ancien collaborateur de Michel Barnier au ministère de l’Agriculture. "Avec le Brexit il a pris une autre dimension parce que personne ne pensait qu’on pouvait réussir la négociation comme cela", observait de son côté Olivier Guersent.

En 2020, "il n’a pas voulu prêter allégeance à Macron"

Outre-Manche, Michel Barnier n’a pas toujours joui d’une image aussi flatteuse. Après sa nomination en tant que commissaire européen au Marché intérieur, il a été présenté par certains médias britanniques comme "l’homme le plus dangereux en Europe".

Expérimenté et très respecté à Bruxelles, Michel Barnier a même un temps été pressenti pour succéder à Jean-Claude Juncker à la tête de la Commission européenne, en 2019. "Il n’aurait eu aucune difficulté à se faire élire président", croyait savoir Michel Dantin.

Mais difficile pour un Français d’obtenir ce poste très convoité sans être appuyé par Emmanuel Macron. Pour avoir son soutien, Michel Barnier aurait dû quitter le groupe politique PPE et rejoindre celui du chef de l’État, à savoir Renew, au Parlement européen. Une forme de trahison à laquelle Michel Barnier n'était pas prêt.

"Ce n’est pas à 70 ans qu’il va retourner sa veste", assurait Olivier Guersent en 2020. "Il n’a pas voulu prêter allégeance à Macron."

Quatre ans plus tard, les deux hommes se retrouvent finalement et ont mis leurs divergences de côté. Et c'est la scène nationale qui tend de nouveau les bras à Michel Barnier.

Paul Louis et Olivier Chicheportiche