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Parlement

Colère des agriculteurs: ce que proposent les différents partis politiques pour sortir de la crise

Une manifestation d'agriculteurs à Strasbourg le 28 novembre 2024

Une manifestation d'agriculteurs à Strasbourg le 28 novembre 2024 - Frederick FLORIN / AFP

Dix mois à peine après le mouvement de colère des agriculteurs et le retour des exploitants dans la rue, les mouvements politiques tentent à nouveau de leur répondre. Mercosur, transition vers l'agriculture bio, garantie de nourriture française dans les cantines scolaires... On fait le point sur les propositions des partis.

Face au retour de la colère des agriculteurs, moins d'un an après des mobilisations historiques, les syndicats agricoles estiment que le compte n'y est pas.

Ils appellent à nouveau leurs troupes à manifester mais en ordre dispersé, à l'approche de leurs élections professionnelles qui se tiendront en janvier. De quoi pousser les partis politiques à tenter de leur répondre.

• Au RN, priorité au "patriotisme économique"

Déjà très présents au chevet des agriculteurs en janvier dernier, Marine Le Pen compte bien à nouveau capitaliser sur leur colère. Au menu: la mise en place du "patriotisme économique" dans la commande publique, soit l'obligation par exemple pour les hôpitaux ou les écoles de ne commander que des produits alimentaires produits sur le sol français pour leurs cantines.

Tous les soirs dans Le Titre à la Une, découvrez ce qui se cache derrière les gros titres. Céline Kallmann vous raconte une histoire, un récit de vie, avec aussi le témoignage intime de celles et ceux qui font l'actualité.
Un an après, rien n'a changé? Les agriculteurs font à nouveau entendre leur colère
16:46

La loi Égalim votée en 2022 oblige déjà les restaurations collectives liées à la fonction publique à proposer 50% de "produits de qualité et durable", sans précision de leur lieu de production.

Le RN veut également en finir avec la stratégie européenne "De la Ferme à la Fourchette" qui vise notamment à réduire de 50 % l’utilisation de pesticides d’ici à 2030, et à avoir un quart de surfaces cultivées en agriculture biologique. Elle est jugée déloyale par les agriculteurs français.

• À Renaissance, cap sur une loi agricole l'année prochaine

Du côté de Renaissance, on tente de mettre l'accent auprès des agriculteurs sur les premières mesures déjà déployées par Gabriel Attal lorsqu'il était à Matignon, de l'abandon de la hausse prévue de la taxe sur le gazole non routier aux déblocages d'aides d'urgences aux filières en difficulté.

Un projet de loi d'orientation agricole est également dans les tuyaux depuis des mois et désormais porté par la ministre de l'Agriculture Annie Genevard. Déjà voté à l'Assemblée au printemps dernier, il n'arrivera au Sénat qu'en janvier prochain.

Le texte place l'agriculture au rang d'"intérêt général majeur", met en place un guichet unique pour l'installation de nouveaux agriculteurs, facilite la construction de bâtiments d'élevage ou de réserves d'eau, et prévoit une réglementation simplifiée pour les haies. Faisant candidature commune avec Renaissance lors des dernières élections européennes, Horizons et le Modem ont des lignes très proches.

• Chez les socialistes, volonté de faciliter la transition vers l'agriculture bio

Plutôt discrets ces dernières années sur les sujets agricoles, le parti socialiste a tenté de reprendre la main lors des élections européennes de juin.

Raphaël Glucksmann, le candidat du mouvement, également patron de Place publique, appelait ainsi à transformer la Politique Agricole Commune (PAC) en une Politique Agricole et Alimentaire Commune (PAAC) pour faciliter la transition des agriculteurs vers une agriculture plus respectueuse de l’environnement.

• Pour les insoumis, haro sur le Mercosur

Du côté de La France insoumise, on défend depuis des années un blocage de l'accord du Mercosur, ce traité de libre-échange entre l'Union européenne et des pays d'Amérique du sud comme le Brésil, l'Argentine ou l'Uruguay. En cas de signature, ce traité économique mettrait à rude épreuve plusieurs filières françaises, à commencer par la filière bovine.

Le groupe des députés insoumis avait prévu l'examen dans sa niche parlementaire du 28 novembre prochain d'une proposition de résolution invitant le gouvernement à refuser ce traité.

Mais le gouvernement a jugé irrecevable ce texte le 5 novembre, tout comme avait été jugé irrecevable début octobre une proposition de résolution similaire du groupe RN. En déplacement en Argentine ce lundi, Emmanuel Macron a cependant promis que la France "ne signera pas" ce traité "en l'état".

Les députés insoumis plaident aussi pour une réorientation des aides de la PAC vers les petits producteurs. À l'heure actuelle, la PAC favorise essentiellement les grandes exploitations. Tête de liste aux européennes, l'eurodéputé Manon Aubry proposait notamment la reprise de la dette agricole des producteurs qui s’engageaient vers le 100 % bio.

• Les écologistes appellent à mettre fin à l'élevage en cage

Du côté des écologistes, on prône également une nouvelle politique agricole commune. Tout comme les autres partis de gauche, ils proposent de tordre le cou au système de répartition des aides selon le nombre d’hectares en le remplaçant par une distribution des subventions liées directement à la main d'œuvre utilisée dans les exploitations.

Le parti de Marine Tondelier espère également diminuer de 50 % la consommation de viande et de poisson d’ici 2030 en France, mettre fin à l’élevage en cage et améliorer les conditions de transport des animaux.

Quant aux communistes plutôt en retrait sur ces sujets, ils proposent la création "d’un fonds communautaire d’intervention sur les prix et les volumes" pour garantir à la fois une rémunération digne au producteur et un prix de revente plafonné pour le consommateur.

• Chez les LR, confiance dans la ministre de l'Agriculture

À droite, les propositions sont pour l'instant rares. Et pour cause: l'actuelle ministre de l'Agriculture Annie Genevard est issue des bancs des LR.

Pendant la campagne des européennes, le candidat tête de liste François-Xavier Bellamy avait demandé la création d’un cadre dérogatoire au droit européen de la concurrence pour soutenir les agriculteurs français.

Dans la même optique, il souhaitait que les États-membres puissent avoir la liberté d’appliquer des taux de TVA "super-réduits" pour les produits alimentaires les moins polluants ou consommés en circuit court.

Marie-Pierre Bourgeois