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Mercosur, revenus, normes... Pourquoi la colère des agriculteurs persiste

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Des agriculteurs en colère se mobilisent ce lundi 18 novembre à travers différentes actions, notamment des restrictions de circulation sur plusieurs axes. La Coordination rurale entend se mobiliser à partir de ce mardi.

Moins d'un an après une vague de colère dans les campagnes, qui avait abouti en janvier 2024 à des blocages de sections d'autoroutes dans le pays, la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA) et son allié Jeunes agriculteurs (JA) ont choisi de relancer le mouvement.

Depuis ce lundi matin, des agriculteurs se mobilisent à travers différentes actions, notamment des restrictions de circulation sur plusieurs axes. La Coordination rurale entend se mobiliser à partir de ce mardi. Quelles sont les raisons de cette colère?

• L'opposition frontale à l'accord avec le Mercosur

En dépit de l'opposition de la classe politique comme des acteurs agricoles français, la Commission européenne, poussée par plusieurs pays comme l'Allemagne et l'Espagne, semble déterminée à signer d'ici à la fin de l'année cet accord qui permettra notamment aux pays latino-américains d'écouler plus de bœuf, poulet ou sucre sans droits de douane en Europe.

"En volaille, c'est plus de 180.000 tonnes qui viendront inonder le segment de marché du blanc de poulet. En maïs, 70 molécules interdites en France sont autorisées au Brésil et pourtant les vraquiers déverseront la marchandise dans les ports européens!", s'indignent ces adhérents du Bas-Rhin dans un communiqué.

C'est pourquoi la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA) et son allié Jeunes agriculteurs (JA) ont choisi de relancer la mobilisation, dates de la tenue d'un sommet du G20 au Brésil.

"Nous allons continuer de nous opposer" à l'accord, a assuré dimanche Emmanuel Macron, en déplacement en Argentine avant le G20, cherchant à "rassurer les agriculteurs".

• Revenus: peu de progrès depuis janvier

Percutés par les mauvaises récoltes et les maladies animales émergentes, ils estiment n'avoir toujours pas récolté les fruits de la mobilisation de l'hiver dernier: la concrétisation des 70 engagements alors pris par le gouvernement Attal a été ralentie par la dissolution de l'Assemblée nationale.

Ces mesures actent notamment l'abandon de la hausse sur le GNR, un mois de simplification  des normes agricoles, le déblocage de plusieurs fonds d’urgence et la défense du revenu agricole...

"Je ferai tout ce que je pourrai" et "toutes les promesses faites aux agriculteurs qui ont manifesté en début d'année seront respectées", a assuré le Premier ministre Michel Barnier.

Emmanuel Macron de son côté avait annoncé l'instauration de prix planchers dans chaque filière pendant le Salon de l'agriculture, mais selon la Confédération paysanne, "les causes profondes de la crise n'ont pas été traitées. Après ces annonces, il ne s'est rien passé de manière structurelle".

Le monde agricole déplore également que les prix de référence mondiaux n'évoluent pas, restant trop bas pour permettre aux éleveurs de vivre de leur production. Ils réclament un soutien accru de l’Union européenne.

Par ailleurs, la très attendue nouvelle loi d'orientation agricole promise en 2022 ne sera examinée à l’Assemblée nationale qu’en janvier 2025. 

• Toujours trop de normes

Malgré les promesses, les agriculteurs dénoncent toujours un excès de bureaucratie. "La simplification ne coûte rien, mais demande du courage politique", souligne la FNSEA.

La nouvelle ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, a promis il y a quelques jours que des annonces sur la simplification allaient être effectuées prochainement, évoquant la mise en place d’un contrôle "unique" contre jusqu'à 35 par an actuellement.

• Des récoltes en baisse, des maladies en hausse

La situation des agriculteurs est aggravée par un contexte difficile. De nombreux élevages sont touchés par des maladies: MHE, FCO, grippe aviaire... tandis que l’excès de pluies a compliqué leur tâche.

"Depuis les promesses de janvier, il y a eu la crise sanitaire, avec des maladies comme la fièvre catarrhale, et des conditions climatiques catastrophiques ", déplore ainsi la FNSEA.

Résultat, les récoltes sont en forte baisse, notamment du côté du blé et du raisin pour l'industrie vitocole.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business