La CGT s'agace de pubs dans les gares pour le livre de Bardella, le patron du RN dénonce "la nostalgie des régimes totalitaires"

Jordan Bardella au Mondial de l'automobile à Paris le 16 octobre 2024. - GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP
Des critiques qui ne passent pas. Après l'interpellation du PDG de la SNCF par plusieurs syndicats qui ont appris que les gares pourraient bientôt accueillir des publicités pour le premier livre de Jordan Bardella, le président du Rassemblement national a fait savoir sa colère.
"On voit bien toute cette intolérance, tout ce sectarisme, toute cette nostalgie des régimes totalitaires qui habitent les esprits à gauche", tance le député européen ce lundi matin sur Europe 1.
100 gares concernées, une "provocation" pour la CGT
Le député européen sort le 9 novembre son premier ouvrage, sobrement intitulé Ce que je cherche. Son entourage a évoqué auprès de BFMTV un "livre de confessions qui raconte l'année 2024 de l'intérieur et les tempêtes électorales que la France a connues".
Jordan Bardella devrait revenir longuement sur l'échec du "plan Matignon" qui devait lui permettre de devenir Premier ministre à l'issue des législatives.
Misant beaucoup sur cet ouvrage, Hachette Livre, maison maire de Fayard, détenue par le milliardaire conservateur Vincent Bolloré, a négocié avec la régie publicitaire de la SNCF la réservation de 581 panneaux publicitaires dans des gares.
En tout, 100 gares sont concernées, à Paris et en Île-de-France ainsi qu'en province, pour une période s'étalant du 25 novembre au 17 décembre, indique Libération.
Cette campagne publicitaire d'ampleur a été vivement critiquée par des syndicats de cheminot. La CGT a dénoncé "une provocation" tandis que Sud Rail martèle son "opposition totale" au RN.
"Ça va très certainement faire de la pub au bouquin"
Tout en soulignant que le "Conseil d'État a confirmé le positionnement à l'extrême droite" de la formation, la centrale rappelle dans une lettre que le FN, devenu RN, "a été créé par des Waffen-SS, des collaborateurs du régime de Vichy et des membres de l'OAS".
"Je les remercie parce que ça va très certainement faire de la pub au bouquin", a encore ironisé Jordan Bardella sur Europe 1, tout en s'inquiétant de "ces dérives".
"C’est quoi la prochaine étape? Ils vont brûler mes livres? Empêcher les gens d'aller acheter mes livres? Ils vont faire des manifestations contre la liberté d’expression?", juge encore le président du parti à la flamme.
La SNCF en attente des "visuels" avant de se prononcer
La SCNF s'est de son côté gardé de toute décision à chaud. Elle a indiqué dans un communiqué de presse ne pas savoir que cette campagne d'affichage dans ses gares concernait l'ouvrage de Jordan Bardella.
Nulle obligation en effet n'impose à un éditeur de préciser quel livre sera promu dans les panneaux publicitaires qu'il paie. Mediatransports, la régie publicitaire de la SNCF, a cependant indiqué qu'elle pouvait "refuser une campagne d'affichage, même si elle a été "réservée".
"On vérifie si elle est conforme à la loi et aux obligations déontologiques et contractuelles. Dans ce cas, les gares sont des lieux publics, il y a donc par exemple une obligation de neutralité politique qui s'applique", a encore précisé l'entreprise qui attend de recevoir les "visuels" de cette campagne pour se prononcer.
En début d'année, la RATP et la SNCF avaient retiré les affiches de l'humoriste Waly Dia dans leurs couloirs, pourtant validées, au motif qu'elles présentaient "un caractère politique incompatible avec le devoir de neutralité qui s'impose dans les transports publics et pourraient être considérées comme diffamatoires ou injurieuses".
Sur l'affiche, on pouvait apercevoir son visage et, en petits caractères, des phrases comme "Je suis comme l’IGPN, je ne suis pas là pour faire le procès des policiers" ou encore "Macron, c’est comme un père alcoolique, à la maison il te pourrit la vie, dehors il te fout la honte".