"Campagne permanente": comment le Rassemblement national se prépare à une prochaine dissolution

Jordan Bardella à Garches le 30 juin 2024 - JULIEN DE ROSA / AFP
La rentrée politique du Rassemblement national se fait cette année en deux temps. Après avoir fait sa rentrée parlementaire à la mi-septembre, le parti d'extrême droite a donné rendez-vous à ses militants à Nice ce dimanche 6 octobre.
Objectif: relancer "l'esprit de la campagne permanente" avancé par Jordan Bardella devant le Conseil national du parti le 15 septembre dernier pour se préparer à une nouvelle dissolution de l'Assemblée nationale, qui peut avoir lieu un an après la précédente.
"On se considère comme étant en période électorale donc on va faire la campagne législative!", avance Marine Le Pen, qui appelle à une nouvelle dissolution dès que possible.
"La campagne ne s'arrête pas, on veut continuer à faire vivre la dynamique électorale. Il faut maintenir un rythme de campagne pour ne pas que ça s'essouffle!", abonde Jordan Bardella.
577 candidats d'ici au mois de mars
Avec cette ambition en tête, le président du RN a annoncé devant le Conseil national la nomination de plusieurs directeurs de campagnes, un pour les élections municipales, Julien Sanchez, et deux pour les futures élections législatives, Thomas Ménagé et Julien Odoul.
Ils seront rejoints par un nouveau directeur général, Gilles Pennelle ayant démissionné après l'échec du "Plan Matignon", qui était censé prévoir toute la logistique en cas d'élections législatives anticipées.
Jordan Bardella leur laisse jusqu'au mois de mars pour trouver 577 candidats prêts à rejoindre les rangs de l'Assemblée nationale. Un délai qui doit permettre aux cadres du RN d'éviter les "brebis galeuses" qui ont embarrassé le parti pendant la campagne des législatives en raison de leurs propos ou de leurs prises de positions polémiques.
Bardella en meeting tous les mois
Pour entretenir la flamme chez les militants, Jordan Bardella entend aussi organiser un meeting par mois, où Marine Le Pen sera parfois présente.
"L'idée est de se rendre dans les départements où il n'y a pas eu beaucoup de meeting pendant la campagne des européennes et où Jordan Bardella n'est pas beaucoup allé, le sud-est, le centre par exemple", explique un cadre du parti.
La saison de ces rendez-vous mensuels commence dès ce dimanche à Nice, en présence des deux figures du RN. Mais le nouvel allié du parti, Éric Ciotti, qui rêve de ravir la mairie de cette ville des Alpes-Maritimes à Christian Estrosi, ne sera pas présent.
"Il ne faut pas que Ciotti soit dans tous nos trucs et nous, dans tous les siens", justifie un député du RN.
S'il y a bien une "alliance parlementaire" entre le parti et l'Union des droites pour la république, la nouvelle formation d'Éric Ciotti, il n'y a "pas de fusion", rétablit Jordan Bardella.
Et à l'occasion de ce meeting, le parti dévoile un nouveau slogan on ne peut plus évocateur: "Jusqu'à la victoire!".
"Un contre-feu" au procès
Se lancer dans une campagne permanente, c'est enfin pour le parti l'occasion d'essayer de faire oublier le procès qui a débuté ce lundi 30 octobre dans lequel Marine Le Pen et 24 autres anciens eurodéputés du Front national, assistants parlementaires et collaborateurs du parti sont jugés pour détournement de fonds publics, recel ou complicité de ce délit.
"On veut continuer à faire de la politique pour ne pas subir la séquence du procès. Et rien de tel qu'un meeting pour faire de la politique! C'est un contre-feu complètement assumé!", avance un cadre du parti.
La cheffe de file des députés du RN encourt 10 ans de prison, 1 million d'euros d'amende et surtout une peine d'inéligibilité de dix ans, susceptible d'entraver ses ambitions présidentielles pour 2027.