BFMTV
Rassemblement national

Prêts, financement de campagne... Ce que l'on sait sur les perquisitions menées au siège du Rassemblement national

placeholder video
Une vingtaine de policiers de la Brigade financière ont mené ce mercredi matin une perquisition au siège du Rassemblement national pour des soupçons d'irrégularités sur des financements électoraux. Jordan Bardella dénonce "un acharnement".

Des perquisitions ont été menées ce mercredi 9 juillet, notamment au sein du siège du Rassemblement national, dans le cadre d'une information judiciaire ouverte il y a un an sur des soupçons d'irrégularité sur le financement électoral du parti d'extrême droite.

• Plusieurs perquisitions menées dans la matinée

Dès 8h50, le siège du Rassemblement national a été perquisitionné par la brigade financière, a annoncé le président du parti Jordan Bardella. Selon lui, une vingtaine de policiers "armés et en gilets pare-balles" sont présents, accompagnés de "deux juges d'instruction".

Toute l'activité électorale du parti a été saisie par la justice, "tous les mails, documents et éléments de comptabilité".

En parallèle, le parquet de Paris a annoncé à BFMTV que "les sièges sociaux de sociétés" ainsi que des "domiciles des personnes physiques dirigeantes de ces sociétés" ont également été perquisitionnés.

Selon les informations de BFMTV, l'avocat Me Wallerand de Saint-Just était présent lors des perquisitions ce matin.

• Des soupçons d'irrégularités sur des financements électoraux

Jordan Bardella a écrit sur X ne "pas savoir "quels sont précisément les griefs" qui fondent cette perquisition. Le parquet de Paris a indiqué à BFMTV que cette opération a été menée dans le cadre d'une information judiciaire ouverte le 3 juillet 2024.

Cette dernière a été ouverte contre une personne non dénommée à la suite de plusieurs signalements "émanant de source institutionnelle", portant "notamment sur "le financement des campagnes présidentielle de 2022, législative de 2022 et européenne de 2024".

Les investigations doivent "permettre de déterminer si ces campagnes ont été notamment financées grâce à des prêts illégaux de particuliers bénéficiant au parti ou à des candidats du Rassemblement national, ainsi que par des surfacturations de prestations ou des facturations de prestations fictives ayant été intégrées par la suite dans les demandes de remboursement forfaitaire par l'État des dépenses de campagne", détaille le parquet de Paris.

L'information judiciaire porte sur de nombreux faits soupçonnés, notamment "escroquerie commise au préjudice d’une personne publique", "prêt à titre habituel d’une personne physique à un parti politique", "acceptation par un candidat en campagne électorale d’un prêt illégal d’une personne physique" ou encore "blanchiment d’escroquerie aggravée" et "faux et usage de faux".

• Des prêts "habituels"?

En clair, la justice tente de déterminer si le Rassemblement National a contourné les règles de financement électoral en ayant eu un recours excessif aux prêts de particuliers lors de ces campagnes. Les prêts de particuliers sont en effet autorisés mais ne doivent pas être "habituels".

Pour la Commission des comptes de campagnes (CNCCFP), à partir de cinq prêts pour un montant total supérieur à 75.000 euros, ces derniers sont considérés comme "habituels" et donc cela nécessite un signalement à la justice. Toutefois, dans le code électoral rien n'est clairement fixé.

La semaine dernière lors d'une conférence, la CNCCFP a expliqué que Jordan Bardella avait été le candidat ayant le plus eu recours aux prêts de particuliers lors de la campagne des européennes de 2022.

Le parquet de Paris précise qu'à ce jour, aucune personne physique ou morale n'a été mise en examen.

• Des faits indépendants de l'enquête au Parlement européen

Ces perquisitions interviennent au lendemain de l'ouverture d'une enquête du parquet européen pour des soupçons d'irrégularités financières visant l'ancienne famille politique du RN au sein du Parlement européen. D'autres partis d'extrême droite européens sont ciblés.

Toutefois, bien qu'elles se déroulent simultanément, rien ne lie directement les deux enquêtes, qui sont bel et bien indépendantes l'une de l'autre et portent sur des faits différents.

L'enquête au Parlement européen vise à déterminer si plus de 4,3 millions d'euros ont été "indûment dépensé" entre 2019 et 2024 par le RN et ses partenaires de l'ex-groupe Identité et Démocratie (ID). Des faits mis en lumière par un rapport de la direction des affaires financières de l'institution bruxelloise, révélé par plusieurs médias début juillet.

• Marine Le Pen dénonce "un problème démocratique"

Plusieurs membres du Rassemblement national ont dénoncé les perquisitions dont est sujet le parti d'extrême droite. À commencer par la cheffe de file du parti Marine Le Pen qui indique auprès de BFMTV que cette situation "pose un problème démocratique"."Ils veulent que l'on soit coupables, mais on ne sait pas trop de quoi", a-t-elle assuré.

Un reproche jugé "scandaleux" selon Marine Le Pen qui a insisté sur le fait "qu'aucune banque n'accepte de prêter au RN". "Quelle peut être notre alternative pour financer les campagnes du coup?", a-t-elle ajouté.

"Nous n'avons rien à nous reprocher", a réagi de son côté, le président du parti Jordan Bardella qui affirme que "tout sera mis en œuvre pour nous empêcher d'arriver au pouvoir". "Aucun autre mouvement politique a subi un acharnement aussi dur et aussi violent", a-t-il poursuivi, assurant que "tout cela est invraisemblable".

"On est dans une opération politique qui vise non seulement à déstabiliser le Rassemblement national mais également à l'empêcher de candidater sur les prochaines élections", a estimé Jordan Bardella.

Un peu plus tôt dans la journée, Jordan Bardella avait qualifié cette opération comme "une atteinte grave au pluralisme et à l’alternance démocratique".

Jean-Philippe Tanguy a également réagi. "Un an après avoir volé les élections par ses magouilles et ses mensonges, le Système sombre dans les basses œuvres. Les institutions sont dévoyées par des bandes qui veulent garder le pouvoir à tout prix", a-t-il écrit sur X.

Des cadres du Rassemblement national ont aussi dénoncé la présence de policiers munis de gilets pare-balles. "Si cette nouvelle venait de n’importe quel autre pays, toutes les autorités crieraient déjà au scandale", a estimé le porte-parole du Rassemblement national, Thomas Ménagé sur X.

Ce n'est toutefois pas la première fois que la brigade financière est équipée ainsi: en 2018, lors de la perquisition du siège du mouvement de la France insoumise, les policiers étaient eux aussi armés et protégés de gilets pare-balles.

Quant aux élus des autres partis politiques français, plusieurs s'adressent directement au RN après ces perquisitions. "Vous n'êtes pas au-dessus des lois", a lancé le député de la Seine-Saint-Denis Aly Diouara. Prisca Thevenot, quant à elle, a qualifié Jordan Bardella "d'arnaque".

Juliette Moreau Alvarez et Vincent Vantighem