"Emmerder" les non-vaccinés: des journalistes du Parisien racontent les coulisses de la sortie de Macron

Capture d'écran du 15 décembre 2021 montrant le président Emmanuel Macron lors d'un entretien depuis le palais de l'Elysée à Paris diffusé sur TF1 - Ludovic MARIN © 2019 AFP
La tempête politique devrait provoquer des remous jusqu'à la fin du mandat présidentiel. Ce mardi dans les colonnes du Parisien, alors qu'il était interrogé par un panel de sept Français, Emmanuel Macron a fait le point sur la campagne vaccinale en France et indiqué vouloir mettre la pression sur ceux qui ne sont pas encore immunisés.
"Les non-vaccinés, j'ai très envie de les emmerder. Et donc on va continuer de le faire, jusqu'au bout. C'est ça, la stratégie", a-t-il clamé. Des propos qui ont déclenché l'ire de l'opposition qui a vivement critiqué l'emploi de ce terme par le président de la République.
"La phrase est amplifiée par le contexte"
Pourtant, au cours de l'entretien, les Français qui faisaient face à emmanuel Macron dans la salle des fêtes de l'Élysée n'ont pas semblé être choqués outre-mesure par les propos présidentiels, comme l'a raconté sur BFMTV Olivier Beaumont, grand reporter au service politique du Parisien qui a coordonné l'entretien.
"Ça vient dans un long flot de 2 heures. Quand il arrive au bout de sa démonstration, les journalistes, on a tiqué, on s’est dit que ça allait faire réagir, mais les panélistes n’ont pas réagi plus que ça. Le ton était tonique mais pas agressif. (...) La phrase est amplifiée par le contexte dans lequel on est. Elle tombe la semaine où il y a l’examen de la transformation du pass sanitaire en pass vaccinal et tout de suite les oppositions se sont engouffrées dans la brèche", analyse-t-il.
Selon lui, cette absence de réaction est liée à l'ambiance de l'entretien. "Ce sont des Français, pas des journalistes, ils n'ont pas les réflexes, pas les mêmes codes de la relance. C’était une conversation à bâtons rompus mais un exercice très particulier, un échange simple et spontané, et ça vient au bout d’une démonstration. Il parle comme des Français", ajoute-t-il.
"Cette phrase arrive au bout d'une démonstration"
Également présent pour l'interview, Henri Vernet, rédacteur en chef du Parisien, fait part des mêmes souvenirs. Interrogé par notre antenne sur une possible réaction des membres du panel, celui-ci assure qu'elle fut inexistante.
"Le 'face aux lecteurs', tous les présidents s’y sont plié, vous êtes devant des Français et ça induit une complicité. Il y a une ambiance qui peut jouer, un cadre, de langage très direct", assure-t-il, ajoutant que la question avait été posée par une infirmière qui au final "tombe d'accord pour estimer que la situation tendue dans les hôpitaux est due aux non-vaccinés, ou en tout cas partiellement due."
Pour Olivier Beaumont, l'ambiance globale de l'entretien est également un facteur explicatif. "Cette fameuse question est arrivée au bout d’1h10/20, ce n’est pas une phrase qui sort tout de suite lorsque l’interview commence, elle arrive à un moment où le climat est installé avec les lecteurs, ou le chef de l’Etat a l’habitude de faire des longues phrases, fait tout un dégagement sur le pass sanitaire. Cette phrase, il faut la remettre dans son contexte, elle arrive au bout d’une démonstration", ajoute-t-il.
Pas de changements demandés par l'Élysée
Les deux journalistes du Parisien l'assurent, l'interview n'a pas été modifiée et l'Élysée n'a pas demandé à ce que les propos d'Emmanuel Macron soient retirés. "Dans ce genre d’exercice, il y a des relectures de courtoisie", souligne Olivier Beaumont.
"On n'a pas tout retranscrit de l’échange et des propos. On a envoyé l’interview pour une relecture de courtoisie, mais pas de retouches. L'Elysée n’a pas fait opposition quand il a vu cette phrase", affirme-t-il.
"Les lecteurs ont passé deux heures face-à-face avec Macron, c’est quatre pages, mais c’est extrêmement condensé. Les relectures de courtoisie, c’est pour assurer qu'il n'y a pas de contre-sens ou de choses déformées, mais en aucun cas il y a le moindre changement, remord. Rien n’a été ôté sur ce sujet comme sur d’autres", conclut Henri Vernet.