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"Tout peut bouger": pourquoi Emmanuel Macron n'a pas annoncé de nouveau Premier ministre ce jeudi

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Au lendemain d'une motion de censure historique, Emmanuel Macron a pris la parole jeudi 5 décembre au soir pour remercier son ancien Premier ministre et promettre un nouveau gouvernement "dans les prochains jours". Mais à ce jour, un point de blocage persiste toujours sur le nom de son futur chef.

Emmanuel Macron temporise. Quelques heures après avoir accepté la démission de Michel Barnier, le chef de l'État a décidé de s'adresser aux Français à la télévision ce jeudi 5 décembre depuis l'Élysée.

Mais contrairement à ce que soufflait un ex-ministre proche d'Emmanuel Macron, le président n'a pas nommé de Premier ministre dans les 24 heures qui ont suivi la censure. Le chef de l'État a fait savoir qu'il n'annoncerait un nouveau gouvernement que "dans les prochains jours"... sans avancer le nom de celui qui remplacera Michel Barnier.

Selon nos informations, Emmanuel Macron n'était pas en mesure d'annoncer un nouveau chef de gouvernement ce soir car des voix se sont élevées dans son entourage contre le choix qu'il avait fait, à savoir l'actuel ministre des Armées, Sébastien Lecornu.

"Lecornu, du Barnier mais en moins franc"

Un conseiller gouvernemental confie que "certaines voix qui portent" au sein d'Horizon, du Modem et d'Ensemble pour la République se sont opposées à cette nomination, considérant que le nom de Sébastien Lecornu était "un élément bloquant si l'objectif (de l'exécutif) était de ne plus dépendre de Marine Le Pen".

En effet, ces personnalités estimaient que celui qui est actuellement ministre des Armées n'aurait aucun scrupule à négocier avec le Rassemblement national, et que celui-ci ne s'en cachait pas. Selon elles, "Lecornu ferait du Barnier, mais en moins franc, et ça ne plaît à personne".

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Par ailleurs, sa proximité avec Thierry Solère pose problème à certains macronistes, puisque celui-ci est considéré ces derniers mois comme l'"agent de liaison" entre le camp présidentiel et le RN, comme le racontaient en juillet dernier nos confrères de Libération.

Ces "voix qui portent" considèrent qu'il faut plutôt nommer un Premier ministre capable de rassembler à la fois les Écologistes, le Parti socialiste, le Modem, Horizon et Les Républicains. Une personnalité politiquement située au milieu de cet arc, en somme.

Macron gagne du temps

Ainsi, le chef de l'État fait le choix de temporiser. Et pour cause, pas question de reproduire le scénario Michel Barnier en nommant d'abord quelqu'un, puis sonder dans un deuxième temps sans discuter des chantiers à mener. Il souhaite avoir, sur le papier, une configuration politique en confiance pour que les réactions ne soient pas celles de la censure dès le départ.

Selon un conseiller présidentiel bien informé, Emmanuel Macron "veut prendre un peu de temps pour se demander: 'est-ce que je peux m’assurer que le PS ou les Verts ne censureront pas? Est-ce qu’on peut s’accorder sur quelques dossiers de fond avant de nommer le Premier ministre?'".

Ce jeudi soir, le nom de François Bayrou tenait la corde du côté du président, sans que celui-ci n'ait promis quoi que ce soit à personne. Prudence tout de même car, selon nos informations, "tout peut encore bouger pendant le week-end avec une nouvelle levée de boucliers". 

Mathieu Coache avec Jeanne Bulant