"Toujours eu envie de faire une belle carrière": Emmanuel Moulin, le remplaçant d'Alexis Kohler fait ses premiers pas à l'Élysée

Emmanuel Moulin le 3 juillet 2024 à l'Élysée - Ludovic MARIN / AFP
Alexis Kohler est parti, place à Emmanuel Moulin. Le successeur de l'emblématique secrétaire général de l'Élysée fait officiellement ses premiers pas ce lundi 14 avril rue du Faubourg Saint-Honoré. Avec un vrai changement à la clé?
"Il est évidemment là pour maintenir la politique économique de défense des grandes fortunes comme c'est le cas depuis 2017", s'agace Philippe Brun, le vice-président de la commission des Finances à l'Assemblée auprès de BFMTV.com.
Sur le papier, les deux hommes se ressemblent en effet beaucoup. Mêmes études très prestigieuses (Sciences-Po, l'ESSEC, l'ENA), passages par des cabinets ministériels, expériences dans le privé...
Alexis Kohler et Emmanuel Moulin cochent chacun les cases appréciées par le chef de l'État. Les deux hommes peuvent même se targuer de leur première rencontre aux Jeunes Rocardiens, cette pouponnière de jeunes ambitieux de gauche dans les années 1980 qui aimaient se réclamer de Michel Rocard.
Cela tombe plutôt bien: Emmanuel Macron a longtemps vu dans l’ancien Premier ministre une source d’inspiration. De quoi se dire que l’ère Moulin devrait ressembler à s’y méprendre à la précédente Ce n’est pas si simple, notamment en raison de leurs parcours respectifs.
"De la bonhomie, de l'humour"
Là où l'ex-bras droit du président, désormais propulsé à la Société générale, a fait l'essentiel de sa carrière à gauche, Emmanuel Moulin vient des rangs de la droite. Ancien conseiller économique de l'Élysée sous Nicolas Sarkozy après un passage par le cabinet de Christine Lagarde à Bercy, sa carrière prend un nouveau tournant en faisant son arrivée en macronie.
"Il fait partie de ceux à droite qui avaient envie d'en être. Il a de la bonhomie, de d'humour, ce qui n'est pas toujours le cas de tous les hauts-fonctionnaires mais ça reste quelqu'un qui a toujours eu envie de faire une belle carrière", relate un ex-député LR.
Après la victoire d'Emmanuel Macron, celui qui adore imiter les voix des personnalités au point de pasticher la voix de Nicolas Sarkozy dans le film "Neuilly sa mère", devient ainsi le directeur de cabinet de Bruno Le Maire, alors ministre de l'Économie.
"La bride serrée" avec Attal
Après un détour par l'une des fonctions les plus prestigieuses de la haute fonction publique en devenant directeur du Trésor, le quinquagénaire devient directeur de cabinet de Gabriel Attal nommé à Matignon. La fonction lui avait été proposée par... Alexis Kohler.
"Il a été un peu l'œil de Moscou à l'époque. À l'Élysée, on voulait garder la bride serrée sur Matignon. Il a plutôt bien fait le travail, avec de la rondeur", juge un ex-conseiller ministériel.
Après la dissolution et un court passage par l'inspection général des finances, on lui propose le poste de secrétaire général de l'Élysée.
"Alexis Kohler a été à 100% avec Emmanuel Macron pendant 8 ans. Lui a quand même vu d'autres choses et ce qui fonctionnait mal dans les relations entre le président et ses ministres", nuance-t-il, tout en reconnaissant que "vu le contexte, ce n'est pas sûr que celui lui serve".
Mauvaise prestation devant la commission d'enquête
Sa marge de manœuvre sera forcément restreinte entre un président qui a repris des forces sur l'international mais qui reste très affaibli sur la scène politique française et qui sera parti dans moins de deux ans.
Si son style devrait être probablement assez éloigné de celui d'Alexis Kohler, connu pour son austérité, l'homme n'en saura pas moins scruté, d'autant plus que son passage devant la commission d'enquête sur le dérapage des finances publiques pour s'expliquer sur son travail à Matignon n'a pas laissé de bons souvenirs.
"Il n'avait pas convaincu quand il était venu devant nous s'expliquer", juge la députée LR Marie-Christine Dalloz.
Sous les feux de la rampe
Emmanuel Moulin connaît pourtant parfaitement les dossiers, lui, qui a notamment géré la crise des subprimes à Bercy puis la crise grecque à l'Élysée, sans compter des dizaines de G7, G20 et autres conseils européens.
À l'époque, le président de la commission d'enquête Éric Coquerel avait été, lui, beaucoup plus piquant, lui demandant à partir de "combien de milliards de déficit, de dette et de factures présentées aux Français" doit-on démissionner "pour incompétence".
Réponse d'Emmanuel Moulin: "je défendrai toujours" les fonctionnaires qui servent l'État. Le nouveau secrétaire général de l'Élysée pourrait très vite se retrouver sous les feux de la rampe et mettre à profit ce mantra. La commission d'enquête rend ses conclusions ce mardi.