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Élysée

Première visite de François Hollande en Turquie

François Hollande, le 24 janvier 2014.

François Hollande, le 24 janvier 2014. - -

Ankara s'apprête à dérouler le tapis rouge pour cette visite d'Etat sans précédent pour un président français depuis celle de François Mitterrand en 1992.

Ce déplacement sera le premier de François Hollande depuis l'annonce samedi de sa rupture avec sa compagne Valérie Trierweiler. Le président français est attendu lundi à la mi-journée en Turquie où il tentera de tourner la page de relations bilatérales houleuses et de relancer des échanges économiques tout juste renaissants, en dépit de la crise de régime qui ébranle le pays.

Ankara s'apprête à dérouler le tapis rouge pour cette visite d'Etat de deux jours, sans précédent pour un président français depuis celle de François Mitterrand en 1992. Peu après son arrivée sur le sol turc, François Hollande déposera une gerbe sur le tombeau de Mustafa Kemal Atatürk, le père de la République, avant l'accueil officiel par son homologue turc Abdullah Gül. "Nous attendons de cette visite un nouvel élan pour les relations franco-turques et avec l'Union européenne", a souligné le porte-parole du ministère turc des Affaires étrangères, Levent Gümrükçü.

Sa visite intervient dans une période de grande tension politique en Turquie. Ces dernières semaines, le régime du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan a durement répliqué aux poursuites engagées contre plusieurs dizaines de proches du pouvoir islamo-conservateur, soupçonnés de corruption, par des purges sans précédent dans les milieux judiciaires et policiers.

Une visite, pas une caution du régime

Dans ce contexte, François Hollande devrait veiller scrupuleusement à ne pas cautionner le régime par sa visite, programmée de longue date. Il devrait plutôt inscrire ses pas dans ceux du président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, qui appelait encore mardi le Premier ministre turc, de passage à Bruxelles, à "poursuivre les réformes nécessaires" en vue de garantir le respect de l'Etat de droit en Turquie.

Bruxelles en fait une condition sine qua non d'une éventuelle adhésion de la Turquie à l'UE. Mais il y a encore loin de la coupe aux lèvres. Les négociations ouvertes en 1999 s'annoncent encore très longues.

L'hostilité de Nicolas Sarkozy à cette perspective avait été vécue comme un affront par Recep Tayyip Erdogan, encore aggravé par le vote de lois françaises reconnaissant le génocide arménien ou réprimant sa négation.

Les déclarations de François Hollande seront donc scrutées avec une attention particulière par les dirigeants turcs, d'autant qu'il s'est borné jusqu'à présent à constater que cette question ne se poserait pas pendant son quinquennat puisque les Européens ont exclu cette perspective avant 2020.

Lourdes conséquences sur les échanges commerciaux

La position française pourrait avoir de lourdes conséquences sur les échanges commerciaux, au coeur de la deuxième journée de ce déplacement qui sera marquée par une série de rencontres avec les milieux d'affaires turcs à Istanbul.

Conséquence du refroidissement des relations sous l'ère Sarkozy, la part de marché française en Turquie a chuté de 6 à 3% entre 2009 et 2012 alors que cette puissance émergente a vu son PIB par habitant tripler entre 2002 et 2012. Paris entend donc se livrer à "un travail de rattrapage".

En témoigne la présence dans la délégation de François Hollande de sept ministres, parmi lesquels Laurent Fabius (Affaires étrangères), Arnaud Montebourg (Redressement productif) ou Jean-Yves Le Drian (Défense), et d'une quarantaine de responsables économiques et d'entreprises.

Après une année 2013 plutôt fructueuse pour les entreprises françaises avec la conclusion de 15 milliards d'euros de contrats en Turquie, une série d'accords seront signés dans les domaines du nucléaire civil, des infrastructures ou de la lutte contre les contrefaçons.

C.P. avec AFP