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Élysée

Les retraites, une réforme si longtemps repoussée

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La réforme des retraites, nombre des prédécesseurs d'Emmanuel Macron s'y sont cassés les dents. Le chef de l'État lui-même l'annonce depuis sa candidature à la présidence, en 2017. Jusqu'ici, il l'a reportée plusieurs fois.

Elle revient comme un serpent de mer: voilà six ans désormais qu'Emmanuel Macron souhaite réformer le système des retraites. Dès 2017, une mesure en ce sens figure dans son programme lors de l'élection présidentielle. Le futur chef de l'Etat promet alors une réforme systémique et non paramétrique. Il s'agit d'abolir les régimes spéciaux et non de décaler l'âge de départ.

"Après plus de vingt ans de réformes successives, le problème des retraites n'est plus un problème financier", peut-on notamment lire sur le site du candidat.

"L'enjeu aujourd'hui n'est donc pas de repousser l'âge ou d'augmenter la durée de cotisation", est-il également écrit.

"Hypocrite"

Une fois élu président de la République, Emmanuel Macron ne revient à la réforme qu'en 2019. Le temps de laisser passer la crise des gilets jaunes qui a secoué le pouvoir. Conformément à ses engagements de campagne, le chef de l'État promet une nouvelle fois qu'il ne touchera pas à l'âge légal.

Le "décaler", ce "serait assez hypocrite", estime-t-il lors d'une conférence de presse fin avril.

"Bon courage déjà pour arriver à 62 ans, c'est ça la réalité de notre pays", déclare alors Emmanuel Macron.

Volte-face à la fin 2019. Le Premier ministre d'alors, Édouard Philippe, évoque un "âge pivot" à 64 ans, une mesure paramétrique donc, qui doit permettre d'équilibrer à l'avenir le système des retraites.

S'en suivent des manifestations massives, des grèves et une défiance des Français, poussant le gouvernement à reculer. Au même moment, Jean-Paul Delevoye, alors haut-commissaire aux retraites, est contraint à la démission sur fond de conflits d'intérêts.

Un projet abandonné en raison du Covid-19

Avant le début de l'année 2020, Emmanuel Macron monte au créneau lors de ses voeux aux Français. Notant qu'il s'agit d'un "moment" du quinquennat, où "d'habitude", "on renonce à agir avec vigueur pour ne plus fâcher personne à l'approche des futures échéances électorales", le chef de l'État montre les muscles: "C'est l'inverse qui doit se produire", exhorte-t-il, indiquant que la réforme des retraites "sera menée à son terme".

La suite? Un projet de loi adopté par 49.3 fin février 2020 face à l'obstruction parlementaire - notamment de La France insoumise - qui ralentit les débats, puis un abandon du texte au printemps en raison de la pandémie de Covid-19.

"Cette année sera en effet celle d'une réforme des retraites"

Ce n'est que deux ans plus tard, pendant la campagne présidentielle, que réapparaît la réforme des retraites. Sur BFMTV, le président se montre ouvert à la discussion sur l'âge de départ. 11 avril 2022.

"S'il y a de l'angoisse et du rejet, je ne veux pas diviser le pays. Je suis prêt à discuter du rythme, et des bornes", dit-il.

Pour autant, Emmanuel Macron veut aller vite. L'option d'une réforme par voie d'amendement dans le projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) est mise sur la table. Pressé notamment par son allié François Bayrou, le président consent néanmoins à laisser davantage de temps à la concertation. Le gouvernement met le cap sur une présentation du projet au 15 décembre.

Puis, il se ravise. Officiellement pour échanger avec les nouveaux présidents de parti, comme Éric Ciotti ou Marine Tondelier, mais également en raison du calendrier: les fêtes approchent et les annonces sur ce sujet, si elles étaient dévoilées le 15, auraient lieu avant la demi-finale de Coupe du monde entre la France et le Maroc.

A la fin de l'année, lors de ses voeux aux Français, Emmanuel Macron lance la bataille: "Comme je m'y suis engagé devant vous, cette année sera en effet celle d'une réforme des retraites qui vise à assurer l'équilibre de notre système pour les années et les décennies à venir", exhorte-t-il. L'avenir dira si 2023 marquera la fin de six ans de reports successifs.

Anne Saurat-Dubois avec Baptiste Farge