Le dispositif de protection des lieux de culte "sera maintenu autant que nécessaire", annonce Hollande

"La justice dira ce qui relève de l'inconscience, de l'ignorance ou de l'intolérance", a déclaré François Hollande mardi, après la profanation du cimetière juif de Sarre-Union (Bas-Rhin), alors que cinq mineurs ont été placés en garde à vue lundi.
"Ce n'est pas la première fois que ce lieu du judaïsme alsacien est ainsi dévasté, 1998 et 2001, mais jamais avec cet acharnement, jamais avec cette intensité, jamais avec cette frénésie", a déclaré le chef de l'Etat lors d'une cérémonie au cimetière de Sarre-Union.
"On peut chercher toutes les explications, il en faut, mais il faut aussi des réponses, et la fermeté est dans ces circonstances la seule réponse. Quiconque persistera en France à commettre des actes ou à proférer des messages de haine et d'incitation à la violence verra se dresser contre lui la République et ses lois. Quiconque se rendra coupable d'actes antisémites ou racistes sera inlassablement recherché, interpellé et condamné", a poursuivi le président de la République.
Pas simplement une réponse sécuritaire
Le dispositif de protection des lieux de culte et des écoles sera "maintenu aussi longtemps que nécessaire et au niveau le plus élevé", a annoncé le président de la République, pour qui la multiplication des forces de sécurité ne peut être la seule réponse. "C'est une longue lutte que nous devons engager, elle passe par l'éducation, qui est le seul moyen d'éviter l'ignorance et la propagation de la haine", a-t-il ajouté. Un plan de lutte sera présenté la semaine prochaine.
"C'est la République qui est visée"
"Je connais le sentiment d'inquiétude qui traverse les Français de confession juive. Je sais qu'ils écartent dans leur immense majorité la perspective de quitter leur patrie. Ils sont Français, ils aiment la France et leur place est naturellement en France", a-t-il dit, alors que le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a renouvelé, après cette profanation, son appel aux Juifs européens à rejoindre Israël, comme après les attentats de Paris en janvier. La République "vous défendra de toutes ses forces. Parce qu'à travers vous c'est elle qui est visée, ses valeurs, ses principes, sa promesse", a poursuivi le chef de l'Etat.
Le "devoir" de se recueillir
François Hollande a indiqué en préambule de son discours être venu en Alsace exprimer "l'émotion" du pays après cet "acte odieux": "Nous avons le devoir de nous recueillir".
"Comment comprendre l'innommable, l'insupportable, l'injustifiable?", a demandé François Hollande pour qui le cimetière de Sarre-Union n'est pas seulement victime d'un fait-divers mais l"expression des maux qui rongent notre république".
"S'attaquer à un cimetière, c'est sans prendre aux vivants. Profaner, c'est insulter toutes les religions", a déploré l'hôte de l'Elysée.
"La France a besoin de tous ses fils"
La cérémonie avait une dimension nationale et transpartisane. Le chef de l'Etat était en effet accompagné des présidents du Sénat et de l'Assemblée nationale Gérard Larcher (UMP) et Claude Bartolone (PS). Etaient également présents le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve et le secrétaire d'Etat aux Anciens combattants Jean-Marc Todeschini, ainsi que de l'ambassadeur d'Israël en France Yossi Gal et de nombreux responsables de la communauté juive française et alsacienne.
A l'entrée du cimetière, la cérémonie avait commencé par le kaddish, la prière des morts. Une élève de CM1 avait ensuite lu la préface de Si c'est un homme de Primo Levi
Le grand rabbin de Strasbourg a été le premier à prononcer un discours. "La France a besoin de tous ses fils, elle a besoin de nous comme nous avons besoin d'elle, sans elle nous ne saurions pas ce que nous sommes", a affirmé René Gutman, qui a conclu son propos en expliquant que l'avenir des juifs de France pouvait se décider "en vertu d'un mot simple et beau comme la France: l'espérance".
Quelque 200 lycéens de Sarre-Union ont participé mardi en parallèle à une marche silencieuse dans les rues de Sarre-Union pour dénoncer l'acte dont sont soupçonnés leurs camarades en garde à vue.
Brandissant des pancartes appelant au "respect" et à la "coexistence" pacifique des religions, ils ont notamment observé une minute de silence devant la synagogue de ce bourg de 3.000 habitants.