"Ils sont complètement cons": Emmanuel Macron critique le limogeage du Premier ministre haïtien

Emmanuel Macron à Rio de Janeiro le 19 novembre 2024 - Ludovic MARIN / AFP
Une sortie polémique en pleine tournée en Amérique du Sud. Emmanuel Macron, qui était à Rio de Janeiro ce mardi et ce mercredi pour évoquer notamment la question du Mercosur, ce traité de libre-échange entre l'Union européenne et une partie des pays d'Amérique latine, a été interpellé sur la situation en Haïti par un passant.
"Franchement, c'est les Haïtiens qui ont tué Haïti en laissant le narcotrafic (prospérer). Et là, ce qu'ils ont fait, le Premier ministre qui était super, ils l'ont viré. C'est terrible", a lancé le chef de l'État dans une vidéo publiée par le média en ligne Off Investigation.
Avant de lancer: "Moi, je peux pas remplacer. Ils sont complètement cons. Ils auraient jamais dû le sortir le Premier ministre. Il était formidable".
Des gangs qui contrôlent en grande partie la capitale
Le Conseil présidentiel de transition d'Haïti a décidé de limoger début novembre le Premier ministre Garry Conille, en place depuis seulement cinq mois.
Haïti pâtit depuis des dizaines d'années d'une instabilité politique chronique. Mais depuis quelques mois, le pays doit faire face en plus à une résurgence de la violence des gangs, qui contrôlent 80% de la capitale Port-au-Prince.
Garry Connille avait été nommé début juin 2024 pour tenter de stabiliser le pays qui ne cesse de s'enfoncer dans le chaos notamment en raison de la violence des gangs. Il sera remplacé par Alix Didier Fils-Aimé.
Un Premier ministre épaulé par l'ONU et finalement partant
La décision de démettre Garry Conille de ses fonctions intervient après des semaines de conflit entre le dirigeant et le conseil de transition.
Ce médecin de 58 ans, qui a déjà été Premier ministre d'Haïti pendant six mois entre 2011 et 2012, avait été désigné au début de l'été par ce Conseil présidentiel de transition. Mais la situation sécuritaire a continué de s'aggraver malgré la mise en place de la mission multinationale de soutien à la police.
Soutenue par l'ONU et les États-Unis, cette mission menée par le Kenya a commencé à se déployer cet été avec pour l'instant un peu plus de 400 hommes arrivés dans ce pays des Caraïbes.
Pas de réaction officielle à Haïti
La vague de violences et une situation humanitaire catastrophique ont forcé plus de 700.000 personnes à fuir leur domicile pour trouver refuge ailleurs dans le pays, selon les derniers chiffres de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM).
"Le président s'est fait interpeller avant de monter dans la voiture pour partir à l'aéroport", pour se rendre au Chili, explique l'Elysée à BFMTV, qui confirme que l'échange a eu lieu à Rio.
"Il était interpellé de manière insistante par un Haïtien qui accusait la France et le président d’être responsable de la situation en Haïti", avance encore l'entourage d'Emmanuel Macron.
Le numéro un du Conseil présidentiel de transition Leslie Voltaire n'a pas encore officiellement réagi aux propos d'Emmanuel Macron.
En attendant, Emmanuel Macron a précisé sa pensée devant les parlementaires chiliens ce jeudi après-midi dans le cadre de sa tournée en Amérique du Sud.
"La France continuera d'apporter son soutien au peuple haïtien et de soutenir toutes les initiatives visant à rétablir la sécurité et recréer un chemin vers une situation politique stable. Les Haïtiens le méritent", a ainsi défendu le chef de l'État.