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Élysée

Hollande: "Reconnaître le génocide arménien c'est un acte de paix"

François Hollande au cours des commémorations du centenaire du génocide arménien à Erevan.

François Hollande au cours des commémorations du centenaire du génocide arménien à Erevan. - BFMTV

Le chef de l’Etat participait vendredi à la cérémonie officielle de commémoration du centenaire du génocide arménien. Dans son discours, François Hollande a dit attendre "d'autres mots" de la Turquie et un réouverture de sa frontière avec l'Arménie.

L'Arménie commémorait vendredi, en présence notamment de François Hollande et de Vladimir Poutine, le génocide perpétré contre sa population en 1915 par les Turcs ottomans, une tragédie au coeur de l'identité arménienne qu'Ankara refuse de reconnaître.

"Je m'incline devant la mémoire des victimes et je viens dire à mes amis arméniens que nous n'oublierons jamais les tragédies que votre peuple a traversées", a ajouté le président français, a dit le Président après avoir déposé sous une fine pluie et un ciel de plomb une fleur au Mémorial au victimes du génocide. 

"La France a accueilli une partie des naufragés du génocide", a rappelé François Hollande. "J'ai une pensée pour tous mes concitoyens d'origine arménienne […] qui font la France", a-t-il ajouté, citant notamment le chanteur Charles Aznavour, ambassadeur de l'Arménie auprès de l'ONU.

"La France attend "d'autres mots" de la Turquie"

Ne se montrant pas frileux a répéter sans cesse ce mot, François Hollande a souligné que "le mot génocide a été inventé" à la suite "de celui des Arméniens".

"Le danger c'est toujours la disparation des minorités", a -t-il averti, évoquant la situation actuelle des chrétiens d'Orient.

"Il y a en Turquie des mots, et des mots importants, qui ont déjà été prononcés mais d'autres sont encore attendus pour que le partage du chagrin puisse devenir le partage d'un destin", a affirmé François Hollande, appelant de facto à une reconnaisance du génocide. Il a également appelé à la réouverture de frontière entre la Turquie et l'Arménie.

"Reconnaître le génocide arménien c'est un acte de paix", a-t-il conclu.

L'allusion de Poutine à l'Ukraine

Le suivant à la tribune, le président russe a rappelé que "rien, pour la Russie, ne peut justifier des massacres de masses". "La communauté internationale doit tout faire pour que les peuples ne connaissent par les horreurs de la xénophobie, de l'hostilité religieuse, du nationalisme agressif", a précisé le Vladimir Poutine dans une allusion voilée au conflit ukrainien, alors que Moscou accuse régulièrement Kiev de menacer les russophones vivant sur le territoire ukrainien.

Les présidents russe et français doivent se rencontrer dans l'après-midi à Erevan, pour évoquer les relations bilatérales et la crise ukrainienne.

Le 24 avril 1915, plusieurs centaines d'Arméniens étaient arrêtés à Istanbul, alors capitale de l'empire ottoman, marquant le point de départ du massacre de 1,5 million d'Arméniens. Ces massacres sont reconnus comme un génocide par une vingtaine de pays dans le monde alors que la Turquie, qui a succédé à l'Empire ottoman, a toujours réfuté ce terme. L'imposant mémorial dédiée aux victimes du génocide, où a eu lieu la cérémonie, comprend notamment 12 stèles en basalte, penchées sur une flamme éternelle, et une flèche de 44 mètres de haut symbolisant la renaissance du peuple arménien. Il a été inauguré en 1967, deux ans après des manifestations de masse à Erevan réclamant pour la première fois la reconnaissance du génocide.

K. L.