Climat, retraites... Ces sujets pour lesquels Emmanuel Macron avait évoqué la possibilité d'un référendum

Le président de la République Emmanuel Macron le 9 décembre 2024 à l'Élysée - STEPHANE DE SAKUTIN / AFP
Plus appelés à se prononcer par voie référendaire depuis 2005 et la victoire du non au traité de la Constitution européenne, les Français vont-ils être à nouveau consultés vingt ans plus tard?
La question se pose ce mercredi 1er janvier, au lendemain des vœux d'Emmanuel Macron, qui a annoncé son intention de consulter les citoyens pour "trancher" certains "sujets déterminants". De quoi laisser la porte ouverte à des référendums, selon son entourage, qui cite également l'hypothèse de nouvelles consultations citoyennes, après celles sur la fin de vie et l'écologie.
Si le président de la République a déjà évoqué cette possibilité par le passé, il n'est jamais allé au bout de la démarche. BFMTV.com revient sur plusieurs exemples.
• La réforme des institutions
La tentation du référendum, Emmanuel Macron l'avait déjà en tête en 2017, comme il l'avait expliqué devant le Congrès de Versailles en juillet: "Si cela est nécessaire, je recourrai au vote de nos concitoyens par voie de référendum". Première volonté, une réforme en profondeur du fonctionnement des institutions, dans une volonté de rapprocher les citoyens de l'État.
Mais la réforme des institutions par la voix du peuple est avant tout une idée ancrée par des très fortes tensions au sommet de la crise des gilets jaunes. Prise en compte du vote blanc, nombre de députés et sénateurs, "organisation de l'État"... Le camp présidentiel était déjà à l'époque ouvert à une réforme au sens large des institutions par ce biais, comme l'expliquait le JDD.
À l'époque, le mouvement social cherchait à faire aboutir plusieurs grandes réformes citoyennes, notamment la suppression du Sénat par exemple.
• La Convention climat
Le 14 décembre 2020, c'est la lutte pour le Climat qu'Emmanuel Macron souhaitait inscrire dans la Constitution par la voie du référendum. Une volonté d'"introduire les notions de biodiversité, d'environnement, de lutte contre le réchauffement climatique" dans l'article 1 de la Constitution, une idée issue de la Convention citoyenne pour le climat.
Finalement, cette idée n'a jamais été concrétisée. C'est en juillet 2021 que le Premier ministre Jean Castex a annoncé l'abandon du projet, expliquant que la "main tendue en faveur de la protection du climat n'a pas été saisie par le Sénat", son cheminement en vue d'une révision constitutionnelle s'est donc arrêté net.
• La réforme des retraites
Il faudrait être très joueur pour parier sur une référendum concernant la dernière réforme des retraites, majoritairement rejetée dans l'opinion.
Pour autant, durant la présidentielle de 2022, Emmanuel Macron ouvrait la porte à une consultation des Français sur ce sujet. "Je n'exclus par le référendum, pour quelque réforme que ce soit", déclarait le président de la République, alors candidat à sa réélection, au micro de BFMTV.
À l'époque, il ambitionnait de porter, à terme, l'âge légal de départ à la retraite à 65 ans, un paramètre finalement fixé à 64 ans dans la loi actuelle.
• Les rencontres de Saint-Denis et l'hypothèse d'un référendum sur l'immigration
Les "rencontres de Saint-Denis"? Il s'agit du nom de l'"initiative politique d'ampleur", mise en musique à l'été 2023 par Emmanuel Macron qui cherche alors à relancer son second quinquennat, déjà éprouvé par une année sous majorité relative.
Le président veut surmonter les blocages. Le 30 août, il réunit autour de lui les différentes forces politiques disposant d'un groupe à l'Assemblée nationale ou au Sénat. Dans une interview au Point, il a donné du grain à moudre aux oppositions, expliquant que ce travail commun pourrait déboucher sur "des décisions immédiates, des projets et propositions de lois" et surtout des "projets de référendum".
Chacune vient avec sa proposition de référendum: la gauche pousse pour un vote des Français sur les retraites, quand la droite et son extrême font de même sur l'immigration - ce qui revient à élargir le champ du référendum, une possibilité à laquelle le président se montre ouvert.
Les uns et les autres repartiront finalement bredouille. La première option est écartée d'emblée, tandis que la seconde l'est également à l'issue d'une seconde réunion sur ce format en novembre, faute de consensus sur le sujet.
• Le dégel du corps électoral en Nouvelle-Calédonie
Mai 2024. Des émeutes ont lieu en Nouvelle-Calédonie après que l'Assemblée nationale a voté pour le projet de loi visant à mettre fin au gel du corps électorat pouvant voter aux élections provinciales. La réforme est notamment dénoncée par les Kanaks qui craignent que leur influence soit diluée.
Après avoir décrété l'état d'urgence, Emmanuel Macron se rend sur l'archipel pour trouver une voie de passage. Alors que le dialogue est au point mort entre les élus calédoniens, le président dit espérer "un accord global qui viendrait enrichir le texte déjà voté par le Parlement".
Si les deux chambres doivent encore se réunir en Congrès - où une majorité pour la réforme est loin d'être assurée - Emmanuel Macron affirme dans Le Parisien qu'il peut "aller à tout moment au référendum, puisqu'il y a un vote conforme des deux assemblées". Manière de mettre la pression sur les élus du Caillou pour qu'ils parviennent à un consensus.
Le projet de loi sera finalement enterré par Michel Barnier lors de sa déclaration de politique générale le 1er octobre.