Accusée par Darmanin de "diffamer la police", Pulvar riposte en évoquant des propos "amputés"

Audrey Pulvar, lors d'une session photo à Paris le 18 février 2019 - JOEL SAGET © 2019 AFP
Entre Gérald Darmanin et Audrey Pulvar, la tension continue de monter. Alors que ce dimanche le ministre de l'Intérieur avait annoncé porter plainte contre la candidate aux prochaines régionales en Île-de-France, l'accusant de "diffamer la police", celle qui est également adjointe à la mairie de Paris réplique.
Par la voix de son avocat tout d'abord, qui a ce lundi également annoncé saisir la justice et évoqué une "grossière manœuvre d'intimidation" de la part du ministre. Puis sur les réseaux sociaux, où Audrey Pulvar se défend d'être hostile aux policiers en partageant une vidéo compilant ses dernières sorties médiatiques, dans lesquelles elle évoque le rôle et les difficultés des forces de l'ordre.
"Celles et ceux qui sont décidés à me discréditer continueront (...) d'amputer mes propos", écrit la candidate. "Elles et ils se fatigueront avant moi. Comme toujours."
"La colère est légitime"
Dans cette courte séquence de deux minutes, on y voit des extraits des dernières interviews de la candidate, datant de ce mois de mai, toutes survenues après les morts d'Eric Masson à Avignon et Stéphanie Monfermé à Rambouillet. Dans chacun des passages sélectionnés, Audrey Pulvar adresse son soutien au travail des policiers.
"Il y a une violence à l’égard des forces de l’ordre qui est injustifiée et qui parfois tue", avait-elle par exemple assuré à l'antenne de BFMTV le 7 mai dernier, évoquant un manque de moyens alloués à la police. Le 19 mai sur Radio J, elle assurait "soutenir la police nationale". "Je la crois républicaine et je pense aux proches et à la famille", avait-elle ajouté.
Lors d'une prise de parole encore plus récente, le 22 mai au micro de France Info, cette dernière avait renouvelé son soutien aux forces de l'ordre. "Je sais que les policiers, comme l'ensemble des institutions de la République sont des cibles, je sais qu'ils sont plusieurs fois attaqués, qu'il y a les affaires tragiques d'assassinats et de meurtres, mais il y a aussi les insultes, les crachats, les jets de projectiles, les offenses faites aux policiers au quotidien", avait-elle listé, avant d'expliquer plus en détails pourquoi elle ne cautionnait pas pour autant la manifestation de policiers organisée devant l'Assemblée nationale.
"La colère est légitime, mais qu’elle s’exprime de cette façon, devant la représentation nationale, avec un ministre de l’Intérieur qui justement est censé protéger ceux avec qui il manifeste pour faire pression sur son collègue de la justice, très sincèrement, je trouve ça extrêmement inquiétant. Cette colère doit s'exprimer dans les rassemblements citoyens, pas en mettant la pression sur le Parlement", avait-elle dit.
"Une manifestation soutenue par l’extrême-droite, à laquelle participe un ministère de l’Intérieur, qui marche sur l’Assemblée nationale pour faire pression sur les députés en train d’examiner un texte de loi concernant la justice, c’est une image qui pour moi était assez glaçante", avait-elle glissé lors de cette même interview, déclenchant les poursuites de Gérald Darmanin.
Quelles suites?
Depuis plusieurs heures, de nombreuses questions se posent quant au devenir de cette plainte déposée au nom du ministère de l'Intérieur. Selon son avocat, Patrick Klugman, les accusations de Gérald Darmanin sont "calomnieuses".
"M. Darmanin a une seule responsabilité comme ministre de l'Intérieur, en charge entre autres de l'organisation des élections, c'est de garantir le pluralisme démocratique (...) et donc de garantir la liberté d'expression d'Audrey Pulvar au lieu de tenter de l'assigner au silence", a-t-il dit ce lundi.
Si les derniers propos d'Audrey Pulvar semblent difficilement pouvoir tomber sous le coup de la justice, une seconde vidéo avait été exhumée ce week-end par un proche de Valérie Pecresse, candidate à sa réélection en Île-de-France. Au cours d'une manifestation contre les violences policières organisée l'été passé, elle avait alors évoqué "le racisme" au sein de la police. Or, dans ce cas précis, la prescription, de trois mois pour la diffamation, s'impose.