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Présidentielle: quand les faits divers font irruption dans la campagne

Les forces de l'ordre en intervention à Marseille, mardi 18 avril, après l'interpellation de deux hommes suspectés d'avoir voulu commettre un attentat pendant la présidentielle.

Les forces de l'ordre en intervention à Marseille, mardi 18 avril, après l'interpellation de deux hommes suspectés d'avoir voulu commettre un attentat pendant la présidentielle. - BFMTV

Attentats, prises d’otages, agressions: des faits divers violents se sont souvent invités en pleine campagne présidentielle. Retour sur quatre campagnes présidentielles marquantes.

2017: les candidats menacés

A cinq jours du premier tour de l’élection, deux individus ont été arrêtés ce mardi à Marseille. Clément B. et Mahiedine M., suspectés de radicalisation islamiste par les services de renseignement, projetaient une "action imminente" dans le cadre de la campagne électorale, selon le procureur de Paris. Des mesures de sécurité supplémentaires ont été décidées par le ministère de l’Intérieur pour protéger certains meetings des principaux prétendants à l’Elysée, qui avaient été prévenus plusieurs jours auparavant d’une potentielle menace.

Ces derniers n’ont pas manqué de réagir: François Fillon a assuré qu’il ne reculerait pas "d’un centimètre carré" face à ce genre de "faits divers", Benoît Hamon a mis en garde contre toute tentative d’instrumentalisation, Emmanuel Macron a relevé que la "menace terroriste (était) toujours très élevée", Jean-Luc Mélenchon a fait part de sa "solidarité" à ses concurrents, et Marine Le Pen a réaffirmé qu’elle seule prendrait des mesures efficaces pour protéger les Français.

2012: les attentats de Toulouse et Montauban

Entre le 11 et le 22 mars 2012, Mohamed Merah assassine deux militaires à Montauban, un autre à Toulouse ainsi que trois enfants et un adulte dans une école juive de la même ville. Le jeune jihadiste fait également six blessés, dont deux graves, avant d’être abattu par les policiers du Raid dans son appartement.

La campagne présidentielle est interrompue pendant plusieurs jours par les candidats et leurs partis. Une trêve globalement respectée, même si François Hollande et Jean-Luc Mélenchon pointent de possibles "failles" dans la surveillance de Mohamed Merah. Si certains ont pu imaginer que le drame favoriserait Marine Le Pen ou Nicolas Sarkozy, il semble qu’il n’ait pas eu d’impact électoral majeur: la première ne s’est pas qualifiée pour le second tour et le deuxième a été battu par son rival socialiste.

  • Mais cinq ans après, force est de constater que les crimes du "tueur au scooter" agitent toujours le débat politique. Ainsi Marine Le Pen a-t-elle affirmé lundi qu'avec elle au pouvoir, "il n'y aurait pas eu de Mohamed Merah".

2002: la tuerie de Nanterre et l’agression contre "Papy Voise"

A la fin du conseil municipal de Nanterre, le 27 mars, Richard Durn tire dans la foule, faisant 8 morts et 19 blessés. Arrêté, l’auteur des faits se suicidera le lendemain en se défenestrant des locaux de la brigade criminelle de Paris.

Si les victimes appartiennent autant à la droite qu’à la gauche, la tuerie n’en perturbe pas moins la campagne en cours. Jacques Chirac, candidat à sa propre succession, déclare que "l’insécurité, ça va de l’insécurité ordinaire au drame que nous avons connu cette nuit à Nanterre". Levée de boucliers du côté de l’opposition, qui accuse le président sortant de récupération politique.

A l’issue d’une campagne dominée par les thématiques sécuritaires, un autre fait divers marque les esprits. Paul Voise, un retraité de 72 ans, est violemment agressé, sa maison d’Orléans incendiée. Les images du visage couvert de bleus de "Papy Voise" tournent en bouclent à la télévision, suscitant l’émotion de l’opinion.

Lionel Jospin, que la droite au pouvoir taxe de laxisme dans la lutte contre la délinquance, est éliminé de la course à l’Elysée trois jours après. Jacques Chirac et Jean-Marie Le Pen, eux, sont qualifiés. L’enquête sur l’agression du Paul Voise sera conclue par un "non-lieu" en 2005.

1988: la prise d’otages d’Ouvéa

Deux jours avant le premier tour du scrutin présidentiel, des indépendantistes kanaks attaquent la gendarmerie de Fayaoué, sur l’île d’Ouvéa, en Nouvelle-Calédonie. Quatre militaires sont tués et 16 sont emmenés dans une grotte, où ils sont retenus en otages. En pleine cohabitation, les stratégies d’intervention diffèrent au sommet de l’Etat: le Premier ministre Jacques Chirac veut une action militaire rapide, quand le président François Mitterrand préférerait une négociation. Mais ce dernier finit par autoriser l’assaut des militaires français.

Le bilan de l’opération, lancée le 5 mai, est un fiasco: 19 kanaks et deux militaires sont tués. Les survivants kanaks accusent l’armée française d’avoir pratiqué des exécutions sommaires. Deux jours plus tard, François Mitterrand est réélu dans un fauteuil pour un second mandat.

Ghislain de Violet