Présidentielle: les plus jeunes sont ceux qui ont le moins voté au second tour
Fin du suspense. Ce dimanche 24 avril à 20 heures: Emmanuel Macron a été réélu président de la République avec 58,55% des voix, contre 41,45% pour sa rivale du Rassemblement national (RN) Marine Le Pen, selon les résultats définitifs communiqués par le ministère de l'Intérieur.
Ce second tour a largement été commenté, notamment compte-tenu du score historique du RN. En effet, le nombre de voix pour un mouvement d'extrême droite n'a jamais été aussi important depuis le début de la Ve République.
Mais un autre chiffre record a marqué les esprits: celui de l'abstention. À 28,1% pour ce second tour, selon les estimations d'Elabe pour BFMTV, L'Express, SFR et RMC, celle-ci n'a jamais été aussi haute depuis plus d'un demi-siècle en France.
Plutôt jeunes et à gauche
Quid alors du profil des abstentionnistes? Selon un sondage Ipsos Sopra Steria publié ce lundi matin au lendemain du scrutin, 41% des 18-24 ans ne se sont pas exprimés dans les urnes dimanche, contre 38% des 25-34 ans et 35% des 35-49 ans, selon l'enquête de l'institut de sondage. Ils sont 26% des 50-59 ans et 20% des 60-69 ans. Suivant cette logique, plus on avance dans les catégories d'âge et plus ce chiffre est dégressif. Ainsi, les retraités sont ceux qui s'abstiennent le moins avec 15%.
En ce qui concerne les convictions politiques des abstentionnistes, les électeurs de La France Insoumise (LFI) se sont abstenus presque deux fois plus que tous les autres, à 43%, malgré l'appel de Mélenchon à ses électeurs sur BFMTV. Ce chiffre est d'ailleurs plus élevé que les 40% d'abstentionnistes qui ne se revendiquent d'aucun parti.
Du côté des autres électeurs, par sympathies partisanes, le taux d'abstention s'élève à 27% chez les socialistes, 24% chez EELV, 9% pour La République en Marche, 16% pour Les Républicains, 19% dans les rangs du RN, et enfin 22% pour les sympathisants de Reconquête, le parti d'Éric Zemmour.
Les Français à faibles revenus s'abstiennent davantage
Le niveau d'abstention apparaît équivalent selon les professions. En effet il est de 33% chez les cadres, professions intermédiaires, et ouvriers, et de 31% pour les employés.
De même, l'enquête ne mesure pas de différentiel important de participation selon le niveau d'études. Il est de 28% chez les non-bacheliers, tout comme chez ceux qui ont stoppé leurs études au baccalauréat et de 27% chez les bac+3 et plus. Ce chiffre monte en revanche à 30% chez les bac+2.
En revanche la différence semble nette si l'on se concentre sur le niveau de revenus des personnes interrogées. Plus il est faible, plus les Français s'abstiennent. Ainsi, 40% des personnes touchant moins de 1250 euros par mois n'ont pas voté. Ils sont 32% parmi ceux qui gagnent entre 1250 et 2000 euros, 25% entre 2000 et 3000 euros, et 22% chez ceux dont les revenus dépassent 3000 euros nets mensuels.
Enfin, l'enquête observe également un écart significatif sur des critères plus qualitatifs comme "la satisfaction à l'égard de sa vie", avec 21% d'abstention chez ceux qui se disent "satisfaits", pour 37% chez ceux qui ne le sont pas.