Présidentielle: comment les candidats tentent de se faire entendre en pleine crise ukrainienne

La candidate PS à la présidentielle Anne Hidalgo (C) en meeting à Bordeaux le 26 février 2022 - Philippe LOPEZ © 2019 AFP
Se faire entendre des électeurs alors que la guerre est aux portes de l'Union européenne. Le défi lancé aux candidats à la présidentielle à moins de 41 jours du premier tour semble immense tant l'agenda politique est presque entièrement consacré à l'invasion ukrainienne par la Russie. Gabriel Attal l'a pourtant assuré lundi à la sortie de "la réunion d'information" organisée par Matignon.
"Il faut absolument que ce débat démocratique puisse se tenir (...) malgré la guerre. Là-dessus, il y avait un esprit de rassemblement pour permettre un échange démocratique et ce sera le cas à ne pas en douter", a expliqué le porte-parole du gouvernement au micro de
Pas de meeting pour Macron
L'embarras règne cependant en macronie, alors que le président a jusqu'à vendredi pour se déclarer officiellement candidat. Le meeting de lancement de campagne d'Emmanuel Macron un temps envisagé le 5 mars à Marseille, après des mois de vrai-faux suspense autour de son entrée en campagne, est d'ailleurs finalement annulé.
Du côté des autres candidats, l'objectif est de passer le mur du son pour se faire entendre. "S'il n'y a pas de campagne, cette élection aura été volée aux Français", a d'ailleurs expliqué Nicolas Dupont-Aignan à la sortie de la réunion entre les candidats et Jean Castex.
Du côté des Républicains, Valérie Pécresse a décidé de s'appuyer sur la guerre en Ukraine pour endosser les habits de potentiel cheffe de guerre.
Un "conseil de défense" pour Pécresse
La candidate va ainsi réunir à son QG un "conseil stratégique de défense" comme a pu le faire Emmanuel Macron ces derniers jours. Autour de la table, elle va réunir d'anciens ministres de la Défense comme Michèle Alliot-Marie, Hervé Morin et Gérard Longuet mais aussi Michel Barnier, l'ancien négociateur en chef du Brexit.
Anne Hidalgo a de son côté décidé de consacrer sa campagne à la crise ukrainienne. Elle s'est notamment mis en scène lors de son meeting à Bordeaux samedi dernier dans une salle aux couleurs jaune et bleu avant de se lancer dans un plaidoyer pour la souveraineté de Kiev et pour l'Union européenne, devant une salle comble. Dans une campagne qui patine depuis le mois de septembre, ce relatif succès a été remarqué.
D'autres candidats ont, eux, décidé de ne pas bouleverser leur campagne. À l'instar de Jean-Luc Mélenchon, qui est actuellement en déplacement à La Réunion et ne peut donc pas se rendre à la rencontre organisée par Matignon entre les candidats et Jean Castex autour de la crise ukrainienne ce lundi.
Malaise de certains candidats
Pour l'insoumis, le message est clair: continuer à tracer son sillon en faisant le pari de continuer à se concentrer sur les sujets du quotidien. Sa relative discrétion dans la crise ukrainienne a également l'avantage de minimiser son changement de ton vis-à-vis du régime russe.
Du côté de l'extrême droite, l'embarras est également palpable alors que ni Éric Zemmour ni Marine Le Pen n'ont semblé juger probable la guerre en Ukraine ces dernières semaines. Le candidat de Reconquête tente de faire entendre sa différence en appelant Emmanuel Macron à désigner Nicolas Sarkozy et l'ancien ministre des affaires étrangères Hubert Védrine "émissaires de la France pour la paix". La candidate du Rassemblement national en appelle, elle, à une initiative diplomatique de la France "sous l'égide de l'ONU".
Yannick Jadot, le seul élu européen candidat à la présidentielle, a quant à lui tenté de ramener la crise ukrainienne à son terrain de prédilection, celui des enjeux climatiques. L'écologiste a ainsi appelé de ses vœux "la mutualisation des stocks de gaz".