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Présidentielle: ce que proposent Emmanuel Macron et Marine Le Pen sur la laïcité

Une photo prise à Denain, le 11 avril 2022, montre des affiches de campagne des candidats à la présidence française, le président sortant Emmanuel Macron et la candidate du Rassemblement national (RN) Marine Le Pen

Une photo prise à Denain, le 11 avril 2022, montre des affiches de campagne des candidats à la présidence française, le président sortant Emmanuel Macron et la candidate du Rassemblement national (RN) Marine Le Pen - Ludovic MARIN © 2019 AFP

Port du voile dans l'espace public, laïcité à l'école, lutte contre l'islamisme... BFMTV.com fait le point sur les principales mesures des deux candidats.

"Je veux une France qui lutte résolument contre le séparatisme islamiste mais qui, par la laïcité, permet à chacun de croire ou de ne pas croire, d'exercer son culte". Dès l'annonce des résultats du premier tour de l'élection présidentielle ce dimanche, Emmanuel Macron évoque la question de la religion alors qu'il appelle les Français à se rassembler derrière lui face à l'extrême droite.

Le président sortant invite ainsi le sujet de la laïcité dans les débats de l'entre-deux-tours. Alors qu'elle avait été relativement mise en retrait lors de la première partie de la campagne, elle permet aux deux prétendants à l'Élysée de se différencier avant le second tour. Que proposent Emmanuel Macron et Marine Le Pen sur ce sujet?

Marine Le Pen veut interdire le voile dans l'espace public

"Un uniforme islamiste imposé aux femmes". La position de Marine Le Pen sur le port du voile n'est pas nouvelle. Ce mercredi sur BFMTV, la candidate du Rassemblement national a réaffirmé sa volonté d'interdire le port du voile dans l'espace public, en le sanctionnant par une amende, dont le montant n'est pas connu.

"C’est comme quand on ne mettait pas le masque, on avait une amende. Ce sera pareil. Quand vous ne mettez pas votre ceinture de sécurité, vous avez une amende. Et si le lendemain, vous ne la mettez toujours pas, vous en avez encore une", explique-t-elle.

La réaction de son concurrent ne s'est pas fait attendre: "de par notre Constitution, elle va devoir interdire la kippa, elle va devoir interdire la croix, elle va devoir interdire les autres signes religieux", affirme Emmanuel Macron lors d'une interview accordée au média Brut. Les Français "pourront porter [la kippa]", a ensuite affirmé alors Jordan Bardella, président du Rassemblement national, invité de notre antenne mercredi soir.

Clin d'oeil de Macron à la gauche

Le président-candidat estime, lui, que "l’État" ne combat pas "la religion, c’est pourquoi" il est contre l’interdiction d’une religion et de ses signes dans l’espace public. Ce mardi, lors d'un déplacement à Strasbourg, Emmanuel Macron a par ailleurs félicité une jeune femme qui se disait "voilée et féministe".

Une sortie qui peut sembler à rebours de certaines prises de position du chef de l'État pendant son mandat. À titre d'illustration, en 2018, il estimait que le voile n'était "pas conforme à la civilité qu'il y a dans notre pays, c'est-à-dire au rapport entre les hommes et les femmes dans notre pays".

Cette nouvelle déclaration permet néanmoins au candidat LaREM de se distinguer de sa concurrente dans la course à l'Élysée et peut être vu comme un clin d'oeil à gauche. Il s'agit néanmoins d'un jeu d'équilibriste pour le président sortant qui compte parmi ses soutiens le Printemps Républicain, qui porte une vision stricte de la laïcité, en particulier vis-à-vis de l’islam, ou encore le ministre de l'Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, qui considère que le voile "n'est pas souhaitable dans notre société".

La laïcité à l'école

Outre la question du voile, celle de la laïcité à l'école. Marine Le Pen fait de la réforme de l'Éducation nationale un pilier de son programme. Elle entend notamment promulguer une loi interdisant "la publication d’écrits diffusant l’idéologie islamiste (livres, revues, textes sur Internet, vidéos, sons…)" dans les établissements scolaires pour qu'ils soient protégés de la "propagande" et des "discours salafistes". En somme, ce sont les écoles coraniques hors-contrat qui sont dans le viseur.

La candidate RN souhaite également renforcer "l'exigence de neutralité absolue" du corps enseignant en passant par un renforcement "du pouvoir de contrôle des corps d’inspection en la matière" et "l'obligation de signalement des cas problématiques sous peine de sanctions".

En matière d'éducation, Emmanuel Macron estime avoir "remis l’école au centre du projet républicain d’émancipation" durant son quinquennat. Son programme se félicite d'avoir rendu l'école "obligatoire dès trois ans", renforcé l'encadrement de l'instruction en famille et d'avoir créé le "délit d'entrave à la fonction d'enseignant". Tout cela dans le cadre de la loi "confortant le respect des principes de la République" promulgée en août 2021.

Emmanuel Macron défend son bilan

Dans le programme 2022 d'Emmanuel Macron, le terme de "laïcité" est en réalité peu présent. Le président sortant cherche donc plutôt à mettre en avant le bilan de ses cinq dernières années. "Emmanuel Macron est le premier Président a s’être attaqué de front au séparatisme, qui mine le pacte républicain", peut-on lire sur le site du candidat.

Il apparaît ainsi que sa "loi confortant le respect des principes de la République", qui a renforcé le contrôle de l'État sur le religieux dans la société, lui a permis d'accomplir son projet sur les questions de laïcité.

Nous allons "poursuivre la fermeture des associations et des mosquées radicales, des écoles clandestines, de l’expulsion de prêcheurs radicalisés, du contrôle des financements étrangers", lit-on dans le programme du président sortant.

Marine Le Pen prône une laïcité stricte centrée sur l'islamisme

Le programme de Marine Le Pen contient beaucoup plus de mesures concernant la laïcité: le terme apparaît six fois, contre une seule occurrence pour Emmanuel Macron. Elle l'évoque dans les chapitres de son projet dédiés à la sécurité, à l’immigration et à l’école. La laïcité y est présentée comme un instrument pour combattre la menace qui place contre la "communauté nationale".

"L’absence de maîtrise de l’immigration depuis des décennies a conduit à ce que l’assimilation des étrangers présents sur le sol national devienne impossible. Elle a conduit au communautarisme, au séparatisme", écrit-elle dans son programme.

En plus du port du voile et de l'école, elle prévoit de "retirer la nationalité française aux personnes l’ayant acquise et qui manifestent ou diffusent l’idéologie islamiste". La candidate RN veut également interdire "l’abattage rituel des animaux sans étourdissement préalable", soit les viandes casher et halal. Et Emmanuel Macron de répondre qu'il ne souhaite pas d'une "France qui empêche les musulmans ou les juifs de manger comme le prescrit leur religion".

Salomé Robles