Fiscalité et pouvoir d'achat: ce que proposent Emmanuel Macron et Marine Le Pen

Le second tour de l'élection présidentielle opposera donc Emmanuel Macron à Marine Le Pen. Les deux candidats ont désormais deux semaines pour tenter de convaincre les Français de la pertinence de leur programme. L'occasion de passer en revue leurs principales propositions économiques, notamment celles qui concernent la première préoccupation des électeurs: le pouvoir d'achat.
> Emmanuel Macron
En cas de réélection, Emmanuel Macron, arrivé en tête du premier tour, table sur 15 milliards d'euros de baisses d'impôts: 8 milliards pour les ménages et 7 pour les entreprises. Pour les premiers, le président sortant promet de supprimer la redevance audiovisuelle (138 euros par an) ainsi qu'un allégement de la fiscalité sur les successions. Il s'agirait sur ce point d'exonérer d'impôt les successions jusqu'à 150.000 euros par enfant, contre 100.000 actuellement, et jusqu'à 100.000 euros pour les transmissions aux autres membres de la famille.
Le programme d'Emmanuel Macron prévoit également le triplement de la "prime exceptionnelle de pouvoir d'achat" versée par les employeurs à leurs salariés. Elle pourrait aller de 3000 à 6000 euros sans impôts ni cotisations. Par ailleurs, les entreprises qui versent des dividendes auraient l'obligation de partager les bénéfices avec les salariés via le versement de cette fameuse "prime Macron" ou via une prime d'intéressement ou de participation.
Quant aux indépendants, ils bénéficieraient d'une baisse de charges allant jusqu'à 550 euros par an. Pour les entreprises enfin, Emmanuel Macron propose de supprimer la cotisation sur la valeur ajoutée (CVAE), un impôt de production représente 7 milliards d'euros.
> Marine Le Pen
Dans son programme, Marine Le Pen promet de redonner 150 à 200 euros par mois de pouvoir d'achat aux Français. Pour ce faire, elle prévoit de baisser la TVA de 20 à 5,5% sur les produits énergétiques (carburants, fioul, gaz et électricité). Une mesure qui coûterait 12 milliards d'euros. Face à l'inflation, la candidate du Rassemblement national veut également supprimer les hausses de taxes sur les carburants décidées entre 2015 et 2018 et instaurer une TVA à 0% sur un panier de 100 produits de première nécessité.
Parmi les autres propositions de Marine Le Pen pour le pouvoir d'achat des ménages figurent notamment la suppression de l'impôt sur le revenu pour les jeunes de moins de 30 ans ainsi qu'une incitation pour les entreprises à augmenter les salaires de 10% via une exonération de cotisations patronales. En dehors des baisses d'impôts promises, certains seront au contraire mis à contribution: en particulier les plus aisés avec le remplacement de l'impôt sur la fortune immobilière par un impôt sur la fortune financière.
Celle qui se retrouve au second tour de l'élection présidentielle pour la deuxième fois promet aussi de renationaliser les autoroutes pour baisser le prix des péages de 15%. Et comme son adversaire, elle souhaite supprimer la redevance audiovisuelle et assouplir la fiscalité des donations et des successions avec des donations défiscalisées tous les 10 ans, au lieu de 15 aujourd'hui, et jusqu'à 100.000 euros pour les enfants et les petits-enfants.
Côté entreprises, Marine Le Pen promet trois baisses d'impôts. A commencer par la réduction à hauteur de 10 milliards d'euros des impôts de production via la suppression de la cotisation foncière des entreprises et d'une partie de la contribution sociale de solidarité des sociétés (C3S). Les entreprises créées par des entrepreneurs de moins de 30 ans seraient en outre exonérées d'impôt sur les sociétés pendant 5 ans. Enfin, les impôts sur les transmissions d'entreprises familiales seraient supprimés.
Quel financement?
Le programme d'Emmanuel Macron en cas de second mandat prévoit 50 milliards d'euros de dépenses qui seraient financées par 50 milliards d'euros d'économies. Celles-ci proviendraient pour 15 milliards d'euros de la réforme des retraites avec le relèvement de l'âge légal à 65 ans et de la réforme de l'assurance-chômage, pour 15 milliards d'euros de la modernisation et de la numérisation de l'Etat et pour 20 milliards d'euros de la réduction des dépenses courantes.
Du côté de Marine Le Pen, 68 milliards d'euros de dépenses sont prévues, également financées par 68 milliards d'euros d'économies. La candidate du Rassemblement national table sur 16 milliards d'euros économisés via une baisse des prestations sociales liées à l'immigration, 15 milliards via des recettes supplémentaires grâce à la lutte contre la fraude fiscale et sociale, 8 milliards d'euros via des économies sur les dépenses courantes de l'Etat ou encore 5 milliards d'euros en moins versés au budget de l'Union européenne.