Débat Macron-Le Pen: pourquoi les plans de coupe vont changer la donne

Le débat du 4 avril avait autorisé les plans de coupe permettant ainsi de voir l'adversaire, comme ici, de celui qui s'exprime. - BFMTV
"On a demandé que des plans de coupe soient faits pour que les Français puissent juger comment Emmanuel Macron écoute face à Marine Le Pen" a expliqué sa porte-parole, Laurence Haïm, au micro de BFMTV à la mi-journée.
Alors que ces fameux plans de coupe étaient jusque-là exclus du débat présidentiel, ils ont finalement été décidés et acceptés après négociation entre les deux parties dans la matinée, quelques heures seulement avant le direct. La condition: que le réalisateur y recourt avec "parcimonie". A son appréciation donc. Toute délicate.
Ce que ces plans impliquent
Sans plan de coupe, la caméra propose uniquement aux téléspectateurs l’image de celui qui détient la parole. Avec, il sera ainsi possible de voir les réactions de son interlocuteur. Cela change beaucoup. Des yeux levés au ciel ou regardant ailleurs, une mimique de désapprobation ou de désintérêt chez celui qui écoute peuvent ainsi mettre en doute la parole de celui qui s’exprime.
Chez Emmanuel Macron, on s'est dit "à fond pour les plans de coupe, car le débat est ainsi plus authentique et plus vivant, et cela correspond à la télévision d'aujourd'hui". "Que l'on voie l'expression du visage de l'autre candidat, au risque de le déstabiliser, nous acceptons ce risque à 100%", a ajouté le porte-parole du candidat d'En Marche.
Faut-il tout montrer ?
La journaliste Nathalie Saint-Cricq qui coanimera le débat a confirmé ce matin sur France Inter qu'initialement "Marine Le Pen refusait" ce type de plans. "L'absence de plans de coupe permet de souffler, de regarder ses notes, de ne pas être sous contrôle en permanence", a expliqué la chef du service politique de France 2. Mais "il n'y a aucune raison pour que nous voyions des choses et que les gens ne les voient pas".
Ces plans qui montrent donc en toute transparence ce qui se passe sur le plateau étaient par exemple autorisés lors du débat à 11 candidats sur BFMTV le 4 avril dernier. Mais ils étaient bannis des débats de l'entre-deux tours depuis celui qui a opposé Giscard et Mitterrand en 1981.
La ruse de Royal face à Sarkozy
Dans ces conditions, il était alors impossible de voir le malaise dans lequel était Nicolas Sarkozy au moment où François Hollande assénait son anaphore "Moi président". Seule son équipe en coulisses et le réalisateur de l’époque, Jérôme Revon, en régie auront vu ces images. Mais l’Histoire et les électeurs y échapperont.
Jérôme Revon se souvient également comment Ségolène Royal avait profité de l’absence de plans de coupe lors du débat de 2002. "Pendant que Nicolas Sarkozy parlait, Ségolène Royal s’était mis du gloss sur les lèvres, tranquillement." Une manière simple de déstabiliser son adversaire dans son développement.