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Présidentielle

Ce qu'Eric Zemmour compte faire après son échec à la présidentielle

Eric Zemmour, candidat d'extrême droite à la présidentielle, lors de son déplacement à Cannes (Alpes-Maritimes), le 22 janvier 2022.

Eric Zemmour, candidat d'extrême droite à la présidentielle, lors de son déplacement à Cannes (Alpes-Maritimes), le 22 janvier 2022. - Bertrand GUAY / AFP

Arrivé en quatrième position, Éric Zemmour a déjà commencé à préparer l'après. Le patron de Reconquête espère devenir député et décrocher un hypothétique groupe à l'Assemblée nationale. Il devrait également s'atteler à structurer son parti pour les prochaines années.

Éric Zemmour a beau ne pas être au second tour de l'élection présidentielle, il a tout de même réussi l'un de ses défis: battre Valérie Pécresse. Avec 7,3% des voix, le candidat d'extrême droite a finalement récolté au moins deux points de plus que la représentante des Républicains, selon notre estimation Elabe pour BFMTV et L'Express réalisée avec SFR.

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"Nous nous projetons déjà vers l’avenir", a lancé le candidat défait ce dimanche soir devant ses partisans. "Je ne m’en tiendrai pas là. Reconquête n’abandonnera rien tant que la France ne sera pas reconquise (...) Je vous dirai très vite la forme que prendra notre action." Voici les pistes envisagées pour la suite.

• Devenir député, mais où?

Si Eric Zemmour n'a pas évoqué devant ses sympathisants la question des législatives, ces élections en juin prochain sont bien dans sa tête.

Cinq jours avant le premier tour, le candidat à la présidentielle annonçait déjà la couleur sur France 2, en confirmant que "oui", il serait "bien candidat" aux législatives en juin. Parmi les pistes envisagées, le 17ème arrondissement de Paris. Problème: cette circonscription qui est actuellement celle de la députée LR Brigitte Kuster est plutôt une terre de centre droit et semble hors de portée.

Deux autres options, plus favorables, sont donc sur la table, dans des terres qui votent bien plus à droite voire à l'extrême droite: le Vaucluse, qui a élu Marion Maréchal à l'Assemblée en 2012, ou le Var, où Eric Zemmour a une maison.

"On va évidemment regarder de très près tous les scores dans le Sud-Est dans les prochains jours et il ira là où la situation lui est le plus favorable," confie l'un de ses lieutenants à BFMTV.com.

• Ecrire un livre

L'essayiste avait lancé sa campagne en septembre dernier avec la publication de La France n'a pas dit son dernier mot, vendu à plus de 290.000 exemplaires selon Actuallité. Après ce succès en librairie, l'ancien éditorialiste devrait reprendre la plume dans les prochains mois.

"Je pense que j’écrirai un livre. J’ai beaucoup appris, compris sur les médias, la démocratie, la vie politique. Pas toujours en bien… J’aurai beaucoup de choses à dire", a-t-il confié, cité par Le Parisien début avril.

L'ancien journaliste a en revanche déjà exclu un retour en tant que commentateur politique à la télévision, comme il le faisait auparavant sur CNews ou Paris Première.

• Avoir un candidat Reconquête dans l'essentiel des circonscriptions

Pour s'implanter durablement et pouvoir espérer "devenir le chef de l'opposition", comme il l'a expliqué sur France 2, Reconquête cherche à obtenir un groupe à l'Assemblée nationale. L'objectif est très ambitieux: il nécessite l'élection d'au moins 15 députés.

"On va essayer de couvrir à peu près toutes les circonscriptions de France", explique d'ailleurs Gilbert Payet, l'un de ses lieutenants de campagne .

La commission d'investiture qui sélectionnera les futurs candidats s'est déjà réunie à plusieurs reprises même si aucune circonscription n'a été attribuée de manière formelle. Plusieurs visages de la campagne sont déjà dans les starting-blocks comme Stanislas Rigault, le président de Génération Z, ou encore Antoine Diers, le directeur adjoint de la stratégie de campagne.

Marion Maréchal qui a conditionné sa participation aux législatives au score d'Éric Zemmour devrait bien être candidate. "Ça m'étonnerait qu'elle tente à nouveau le Vaucluse. Elle y a laissé des très mauvais souvenirs et y serait mal accueillie", estimait un député RN auprès de BFMTV.com début mars.

Le Morbihan, terre de naissance de son grand-père Jean-Marie Le Pen, où elle a elle-même passé de nombreuses vacances est envisagé.

• Multiplier les accords locaux avec les LR

Trouver plusieurs centaines de candidats peut sembler une gageure pour le parti créé il y a peine 8 mois. L'entourage de l'écrivain mise donc beaucoup sur les accords locaux avec des cadres des Républicains.

"J'espère qu’Éric Ciotti et d’autres tireront les conséquences (de la défaite de Valérie Pécresse) et qu’à partir de là on pourra construire avec lui, avec eux, quelque chose en commun et ce dès les législatives dans le cadre d’une grande coalition", souhaitait ainsi Marion Maréchal dans les colonnes de Nice Matin jeudi.

"On sera très souple sur les profils ou sur l'ancrage local", confie un membre de l'équipe de campagne.

Comprendre: pour "faire l'union des droites" qu'appellent de ses vœux Éric Zemmour depuis des mois et espérer faire imploser le parti de Valérie Pécresse, son équipe ne fera pas forcément la fine bouche sur les candidats à investir.

Officiellement, on se veut très optimiste dans l'entourage de l'ex-éditorialiste sur sa capacité à rassembler. "Tous ceux qui ne voudront pas aller chez Emmanuel Macron vont se retrouver sur notre ligne. Ils sont très nombreux", assure à BFMTV.com le sénateur Sébastien Meurant, lui-même ex-LR.

"Ça sera compliqué parce qu'on a engrangé moins de ralliements que ce qu'on pensait et finalement surtout du côté du RN. Je pense que ceux qui voulaient partir à droite chez nous sont déjà partis", nuance un autre membre de son équipe.

Principale tête d'affiche LR jusqu'ici: le député Guillaume Peltier, élu sous l'étiquette des Républicains dans le Loir-et-Cher, et qui a rejoint le candidat en janvier dernier.

• Structurer son parti

Éric Zemmour l'a promis à ses sympathisants ce dimanche soir, après sa défaite. "Les drapeaux qui ont flotté au Trocadéro ne s’abaisseront plus jamais", a expliqué l'ancien journaliste devant ses militants. Pour le parti créé de toutes pièces il y a 8 mois, tout reste cependant à faire, à commencer par le déploiement de fédérations dans tout le territoire.

"On va inscrire Reconquête dans la durée avec des élus, des techniciens tout en veillant à un équilibre entre le local et notre organisation au niveau national", assure Gilbert Payet.

À la tête du parti, on devrait bien sûr retrouver Éric Zemmour. "Tout simplement parce qu'on ne lance pas un congrès en quelques semaines", avance encore l'ancien préfet.

De quoi laisser dubitatif Jean-Yves Camus, spécialiste de l'extrême droite. "Je le vois assez mal s'occuper au quotidien d'un parti, calmer les egos, gérer les loyers des antennes locales... Je pense que ça pourrait l'ennuyer très vite", analyse l'historien.

Réponse dans quelques mois.

Marie-Pierre Bourgeois