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Présidentielle

Absence de "vote caché", position inflexible de Le Pen: le blues du camp Zemmour après la défaite

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La candidature de l'ancien journaliste n'aura finalement pas réussi à mobiliser les Français. Ses soutiens se tournent désormais vers les législatives.

Le 5 avril, Éric Zemmour voulait encore y croire. Interrogé sur son avenir politique après l'élection présidentielle, l'ancien journaliste promettait qu'il serait "soit président de la République, soit leader de l'opposition". La première option a vite été balayée dimanche, à l'annonce des résultats du premier tour de l'élection présidentielle. Seulement 7,1% des électeurs ont apporté leur voix au candidat de Reconquête. Quant à la seconde alternative, elle semble tout autant compromise: Éric Zemmour est arrivé en quatrième position, 15 points derrière son adversaire Jean-Luc Mélenchon.

La vengeance de Marine Le Pen

Mardi, nouvelle déconvenue, cette fois venant de Marine Le Pen. La candidate du Rassemblement national, qui a vu durant la campagne plusieurs poids lourds de son parti se rallier au polémiste, a indiqué que si elle était élue face à Emmanuel Macron le 24 avril, elle ne nommerait pas Éric Zemmour au sein de son gouvernement. Marion Maréchal, sa nièce qui avait rejoint Reconquête début mars, n'y aurait pas de place non plus.

"Grand bien lui fasse!", a réagi dans la foulée Éric Zemmour, interrogé par BFMTV alors qu'il rejoignait son état-major parisien. Une attitude désinvolte, en opposition aux messages qu'essayait de faire passer la garde rapprochée du candidat après sa défaite.

Lundi, Marion Maréchal déclarait sur Europe 1: "Ce que j'espère maintenant c'est que le cœur de l'ADN de Reconquête, qui est celui de faire en sorte que les électorats et les cadres de droite se parlent, continue de vivre, peut-être en partenariat avec Marine Le Pen si elle le souhaite. La balle est dans son camp".

Chez Reconquête, on récuse aujourd'hui la position de Marine Le Pen, bien qu'on ne se soit pas privé durant la campagne de critiquer copieusement les positions du Rassemblement national et de son ancienne présidente.

"Elle ne se positionne pas pour gagner, malheureusement", a assuré mardi Stéphane Ravier, qui constituait l'unique sénateur RN, avant qu'il ne rejoigne Éric Zemmour en début d'année. Même constat pour Jean Messiha, lui aussi ancien membre du RN, aujourd'hui porte-parole d'Éric Zemmour, pour qui "s'il y a des gens qui préfèrent perdre tout seul que gagner à deux, et bah ils porteront la responsabilité".

Quant à Nicolas Bay, eurodéputé, qui a lui aussi emprunté le chemin de Reconquête après avoir fait ses gammes au RN: "Nous, nous appelons très clairement à voter pour elle (Marine Le Pen, ndlr), nous ne demandons rien, il n'y a pas de marchandage, il n'y a aucune ambiguïté, pas de condition posée. On verra si elle est en capacité réellement, et qu'elle a réellement une volonté de rassembler".

Sur Twitter, Damien Rieu, lui aussi un transfuge venu du RN, a essayé de souligner les incohérences de Marine Le Pen à rejeter un gouvernement incluant Éric Zemmour et Marion Maréchal.

Captures d'écran des déclarations de Marine Le Pen à l'appui, il déclare d'abord: "Donc le 'gouvernement d'union nationale' de Marine Le Pen c'est ok avec Mélenchon et Montebourg, mais c'est non avec Marion et Zemmour? Pourquoi?".

Puis d'ajouter deux heures plus tard: "Je voterai quand même pour elle évidemment, mais je préfère une Marine qui rassemble tout le monde, comme en novembre".

"Remontez sur votre cheval"

Les militants du candidat, après les mines défaites qu'ils ont affichées à l'annonce des résultats dimanche soir, attendent de leurs côtés les prochaines échéances électorales.

"On ne perd pas espoir, ce n'est que le début, Zemmour l'a rappelé. On sera au rendez-vous pour les législatives, au rendez-vous pour les prochaines échéances électorales", déclare au micro de BFMTV un de ses soutiens.

Éric Zemmour a déjà partagé sa volonté de devenir député. Avec l'espoir d'enfin voir se concrétiser le "vote caché"? Défendue par les équipes de l'ancien journaliste avant le premier tour, cette théorie, qui ne s'est pas concrétisée dans les faits, avançait que les sondages, plaçant Éric Zemmour en dessous des 10%, se trompaient. Et que de nombreux Français allaient apporter leur soutien au candidat d'extrême droite une fois dans l'isoloir.

Mais là aussi, la théorie se frappe à la réalité. Auprès de BFMTV, Nicolas Bay a reconnu que le "vote caché" avait surtout pour objectif de mobiliser les militants.

Sur Telegram, réseau social majeur pour les partisans d'Éric Zemmour, Damien Rieu s'est de son côté lancé dans quelques comparaisons historiques pour remotiver les troupes.

Son message, vu près de 10.000 fois, fustige d'abord les "influenceurs défaitistes", et les invite à avoir "la décence" de "déprimer (...) en silence sans tenter d’entraîner avec vous ceux qui veulent se battre et refusent de baisser les bras à la première, deuxième ou même dixième difficulté".

Puis de poursuivre: "La France a été occupée 5 ans par l’Allemagne, 100 ans par les Anglais, l’Espagne a attendu 7 siècles avant de reconquérir sa terre, Israël survit à 1 contre 1000 après 120 tentatives de génocides et même les Yezidis continuent à se battre pour exister alors ce n’est pas une très très relative déception électorale qui doit nous toucher".

Avant de conclure: "Remontez sur votre cheval, vos ancêtres et vos enfants vous regardent".

Léopold Audebert, Sarah Durand, Margaux Saive et Jules Fresard