A droite, la fronde anti-Fillon a baissé la garde

Les onze candidats à la présidentielle lors du débat organisé par BFM TV et CNews, le 4 avril 2017 à La Plaine-Saint-Denis près de Paris. - Lionel Bonaventure, AFP
Et si l'opération communication de François Fillon de lundi avait été destinée avant tout aux élus Les Républicains? De fait, depuis les élus de droite semblent être rentrés dans le rang.
Car, après ses "excuses aux Français", François Fillon s'est expliqué mardi face aux parlementaires de son camp avant de reprendre sur le terrain sa campagne, quasiment à l'arrêt depuis 15 jours.
"C'est comme au foot"
Dans son équipe, on veut croire à un "nouveau départ". "Tout le monde est derrière François Fillon. Je ne dis pas que ça ne laissera pas de traces", explique un ténor de la droite. Mais "c'est comme au foot, c'est un fait de jeu", sans plus.
Pour Bruno Retailleau, son coordinateur de campagne, François Fillon "a prouvé qu'il était vraiment le patron". Même son de cloches du côté de l'ancien ministre Éric Woerth, Fillon "a montré [...] qu'il saura résister" même s'il faudra "des semaines et des semaines pour retisser [...] le lien" avec les Français.
Peu après la réunion avec les parlementaires, certains élus se sont confiés au journal L'Opinion, sous couvert d'anonymat. "Il a montré qu’il était un chef. Et à droite, la culture du chef, ça nous parle", théorise ainsi un député.
Trop tard pour changer de candidat
Invité mercredi matin sur BFMTV, Jean-François Copé, qui est tout sauf un proche de François Fillon, explique, lui, que si cette affaire est dommageable pour la campagne, il est désormais trop tard pour changer de candidat.
"Beaucoup de Français sont choqués par tout cela", a-t-il reconnu. "Mais aujourd'hui c'est trop tard. Nous sommes à deux mois de la présidentielle. Je ne suis pas fillonniste, mais si j'ai décidé de faire bloc derrière lui c'est pour une raison simple: peut-on imaginer une élection sans que la droite se présente? Le vrai sujet, c'est l'intérêt de la France. Peut-on avoir une finale entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen?", a développé le député de Seine-et-Marne, rappelant toutefois avoir eu "de très grandes divergences" avec François Fillon.
Sauf que mercredi a apporté de nouvelles révélations: Penelope Fillon a touché au total 45.000 euros d'indemnités de licenciement, payées par l'Assemblée nationale, selon le Canard enchaîné. Une petite main de la campagne dédramatise: "C'est une couche de plus, pas la plus grosse." Un ténor LR local, lui, est partagé: "Je ne dis pas que ça laissera pas de traces, ça a infusé pendant 15 jours..."
"Je ferai donc acte de loyauté"
Pour autant, peu de ténors de la droite prennent aujourd'hui ouvertement position contre François Fillon. Même Georges Fenech, Renaud Muselier et Philippe Gosselin rentrent désormais dans le rang et jurent vouloir faire bloc autour de l'ancien Premier ministre.
"Il a donné sa vérité, il a présenté ses excuses pour des pratiques anciennes qu'il annonce devoir réformer, je ferai donc acte de loyauté totale, comme depuis le début", explique Georges Fenech à France Info.
Selon un sondage Harris interactive publié mardi, deux tiers des Français (65%) n'ont toutefois pas été convaincus par ses explications. Mais aujourd'hui, la possibilité d'un plan B s'éloigne de plus en plus.
"Il n'y a pas de plan B, tout le monde l'a constaté. S'il y avait dû avoir un plan B, celui-ci se serait déjà déclenché. […] Le plan A, c'est le plan de l'attaque, comme l'a dit Fillon. Mais en réalité, le plan c’est le plan P, c’est celui du projet, du programme", explique de son côté Philippe Gosselin.
"Collabo"
Quant aux raisons qui ont poussé ces députés à rétropédaler, Philippe Gosselin se justifie dans L'Opinion.
"Je me suis fait traiter de tous les noms par mes collègues, certains ont même été jusqu’à me dire que j’étais un collabo".
En coulisses, pourtant, beaucoup se sont activés pour tenter de se mettre d'accord, en vain pour l'heure, sur une candidature alternative. Nicolas Sarkozy, renvoyé mardi en procès dans l'affaire Bygmalion, ne pourra pas être ce recours, quand Alain Juppé a jusqu'ici fermement écarté l'option d'un recours.
De fait, aujourd'hui François Fillon le laisse entendre. Les semaines qui viennent vont être chaotiques mais elles le seront avec lui.