Résultats législatives: dans les Alpes-de-Haute-Provence, Christophe Castaner battu
Christophe Castaner sèchement battu. Selon de premiers résultats encore partiels, c'est le candidat de la Nupes Léo Walter qui l'emporte au second tour des élections législatives dans la 2e circonscription des Alpes-de-Haute-Provence, devant le pilier de la macronie.
La défaite est rude pour ce proche d'Emmanuel Macron, passé par le porte-parolat du gouvernement, le ministère de l'Intérieur et la présidence du groupe Renaissance (ex-LaREM) à l'Assemblée nationale.
Un député très implanté
La partie était mal engagée dès le soir du premier tour avec 30,16% des voix, talonné par Léo Walter et ses 29,3%. En embuscade, le RN et ses 28% d'électeurs le 12 juin dernier ont pesé lourd dans la balance. Louis Aliot, le maire de Perpignan avait d'ailleurs appelé ses sympathisants à le faire battre, le considérant comme "la caricature de ce que la macronie fait de pire".
Christophe Castaner avait pourtant le sourire en début de campagne. Député sortant, il avait été réélu largement en 2017 au second tour avec 62% des voix face, déjà, à Léo Walter. À l'époque, il était l'une des figures locales du Parti socialiste, maire de Forcalquier, ex-numéro 2 de la Région Provence-Alpes Côte d'Azur et présent à l'Assemblée nationale dès 2012.
Porte-parole d'Emmanuel Macron pendant la campagne de 2017, sa notoriété s'était encore accrue. Mais, cinq ans plus tard, l'exercice du pouvoir est depuis passé par là.
Affaire Benalla et gilets jaunes
Figure emblématique du premier quinquennat du président de la République, le quinquagénaire fait les frais du rejet d'Emmanuel Macron dans sa circonscription. Le locataire de l'Élysée n'a ici récolté que 22,3% des voix au premier tour de la présidentielle, devancé par Marine Le Pen (23,4%) et Jean-Luc Mélenchon (25,6%).
Le parcours de Christophe Castaner n'a pas non plus plaidé en sa faveur. Après avoir commencé le premier quinquennat d'Emmanuel Macron au secrétariat d'État au Parlement et au très exposé porte-parolat, ce fan de rugby a été rapidement mis en difficulté par l'affaire Benalla et exfiltré vers la direction de la République en marche.
Mal à l'aise dans ce mandat qu'il occupe à contre-cœur, le natif des Alpes de Haute-Provence récupère finalement le ministère de ses rêves à la faveur de la démission de Gérard Collomb: l'Intérieur.
À ce poste très exposé, la crise des gilets jaunes le plombe rapidement. Au point qu'en mars 2019, après un 18e dimanche de mobilisation et des dégradations sur les Champs-Élysées, il est contraint de regarder Édouard Phillippe annoncer lui-même un nouveau train de mesures sécuritaires et le limogeage du préfet de police de Paris, Michel Delpuech.
Controverses qui s'enchaînent
Ce recadrage en règle sonne également comme un avertissement, quelques jours après avoir fait la une de Voici et de Closer, photographié dans une discothèque, le soir du 17e rassemblement des gilets jaunes, en train de danser avec une jeune femme. Les clichés déplaisent sur les bancs de la police et jusqu'au plus haut sommet de l'État.
Les ennuis s'enchaînent alors pour le locataire de la place Beauvau: controverse autour d'une manifestation à l'Hôpital de la Pitié-Salpêtrière, noyade de Steve Maia Caniço, décoration de plusieurs policiers mis en cause par des gilets jaunes, relations difficiles avec les syndicats des forces de l'ordre...
En juillet 2020, la coupe est pleine pour Emmanuel Macron qui lui demande de démissionner. En guise de lot de consolation, le président dont les relations avec Christophe Castaner restent bonnes, exfiltre le patron du groupe à l'Assemblée nationale, Gilles Legendre, au profit de Christophe Castaner. Il y restera jusqu'à la fin du quinquennat.