EDITO - "On est en train de vivre un épisode inédit de l’histoire de la République"

Trois nouveaux secrétaires d'État viennent d'entrer au gouvernement, tous trois proches d'Emmanuel Macron. - BFMTV
C'est ce mardi que s'est ouvert le grand débat national, organisé par Emmanuel Macron et l'exécutif afin de sortir de l'impasse sociale et de la crise des gilets jaunes. Dans le gymnase de Grand Bourgtheroulde dans l'Eure, le président a assisté à un échange-marathon de près de sept heures avec 653 maires normands, qui témoignaient des "fractures" françaises.
Après avoir promis en arrivant qu'il n'allait "pas parler longtemps, car l'objectif, c'est surtout de vous entendre", le chef de l'Etat s'est exprimé pendant près de 3h30, répondant en détail à des questions pointues, et finissant par échanger des rires avec son auditoire d'abord méfiant.

"C’était tout de même très réussi, on n’a jamais vu ça, c’est la preuve que la démocratie représentative fonctionne bien puisque cela met en mots structurés, avec des explications claires et des revendications simples, placides, sans violences, la réalité de terrain. Ça veut dire qu’entre le maillon le plus fondamental de la démocratie, le maillon de base, le maire, et le maillon sommital, le président de la République, le dialogue est rétabli."
"Cela crée une légitimité du dialogue plus forte que celle des manifestations plus ou moins violentes du weekend. De ce côté-là, c’est extrêmement réussi. Par ailleurs, ça veut dire que le débat est ouvert avec sa vraie philosophie et aucun tabou: les 80 km/h, l’ISF, tout cela est sur la table. ‘Attention’ dit le président, il ne faudra pas seulement créer des problèmes à la France, notamment des problèmes de financement, il faudra aussi apporter des solutions."
"Les réponses, les solutions concrètes ne pourront venir qu’après le grand débat. S’il décidait aujourd’hui ce que les Français vont lui demander demain, ça serait faire les choses à l’envers. Ce qu’il faut, c’est réussir à créer la crédibilité d’une réponse. C’était un exercice d’écoute et d’enregistrement des demandes pour les faire rentrer dans une méthode."
"On est en train de vivre un épisode inédit de l’Histoire de la République.
Acte I: le surgissement dans la rue d’un mouvement extrêmement virulent et durable, les gilets jaunes.
Acte II: la transformation en creuset démocratique de cet épisode français. Un président aussi longtemps face à des maires, on ne l’a jamais vu, c’est mieux qu’un congrès de l’AMF (Association des Maires de France, ndlr), ça ressemble à une sorte de Salon de l’Agriculture où la président passe du temps, écoute et doit après délivrer des solutions. Il va falloir suivre ça jusqu’au bout, treize fois de suite, cela risque d’être un peu redondant mais c’est une sorte d’alambic dans lequel le président va distiller un élixir républicain. Espérons que le jus du mois d’avril soit goûtu."

Laurent Neumann: "C’est un message aux gilets jaunes mais aussi à tous les partis politiques qui depuis plusieurs jours expliquent que ce grand débat ne sert à rien."
"Il a envoyé deux messages: d’abord, ‘regardez ce que je fais, venez dialoguer, sortez des ronds-points et venez participer à cette grande concertation nationale dans le respect, dans la courtoisie républicaine’, tout est possible quand le dialogue est engagé."
"Deuxième message: ‘vous voyez tout ce que l’on dit sur moi, que je suis un président déconnecté’, pendant près de sept heures il a écouté et répondu à des questions pas que politiques mais aussi de vie quotidienne des maires et des citoyens. Il a aussi renvoyé un message sur la forme: arrêtez de parler de cahiers de doléances mais de cahiers de droits et des devoirs, la référence historique fait qu’il y a un monarque tout en haut capable de distribuer des cadeaux et de répondre tout seul dans son coin."
"Et puis il a envoyé des messages sur le fond, ce qui sort de ces sept heures c’est qu’en réalité, tout est ouvert et qu’il n’est pas impossible que demain son programme présidentiel soit entièrement customisé. L’ISF n’est pas un tabou, un totem, et cela change par rapport à ce que l’on disait il y a quelques jours. Les 80 km/h, on peut en débattre, la loi NOTRe sur la décentralisation, il y a des choses à revoir, et même sur le référendum d’initiative citoyenne auquel il n’est pas très favorable c’est possible sur certains sujets. C’est un message aux gilets jaunes mais aussi à tous les partis politiques qui depuis plusieurs jours expliquent que ce grand débat ne sert à rien."