Ecoutes: la riposte de Sarkozy "à coté de la plaque", pour l'USM

Christophe Régnard, président de l’ union syndicale des magistrats - Crédits photo : nom de l'auteur / SOURCE
Ce n'est pas une taupe à la Cour de cassation qui l'a informé des procédures en cours. Les écoutes sont donc illégales pour Thierry Herzog, l'avocat de Nicolas Sarkozy.
Dans une lettre adressée au procureur de la République (François Molins), Me Herzog dément s'être procuré de manière frauduleuse le rapport de la Cour de cassation dans l'affaire Bettencourt. Non, il n'a pas bénéficié des informations d'une taupe à la Cour de cassation
Il explique l'avoir obtenu dans les règles et sans bénéficier d'aucun avantage, grâce à son avocat, Me Francis Spinosi. Il est même prêt à en fournir la preuve. Pour l'avocat de Nicolas Sarkozy, il n'y a pas d'acte répréhensible, la retranscription de ces échanges avec son client est donc illégale. Des magistrats et des avocats extérieurs au dossier estiment quant à eux que la défense de Me Herzog est un peu faible. Ils expliquent qu'"il n'a pas d'argument", que "c'est un bel exercice de plaidoirie". Pour eux, ce n'est pas parce que Me Herzog a reçu des informations légalement qu'à côté il n'a pas tenté d'en obtenir de manière frauduleuse.
"La contre-attaque se trompe de cible"
Didier Rebut est professeur de droit pénal à l'université Paris 2 et pour lui comme pour d'autres magistrats, cette contre-attaque d'Herzog n'est sans doute pas la bonne, en tout cas pas la meilleure. "Dans ce que j'en lis, la contre-attaque se trompe de cible au sens où elle ne conteste pas vraiment le grief de trafic d'influence. Il ne se situe pas dans le fait d'avoir eu connaissance d'une information mais dans le fait d'avoir essayé d'influencer une décision. Ça, il n'y répond pas. Je ne sais pas si c'est de l'enfumage. Je pense qu'il est sous pression et même en première ligne à entendre les propos qui ont été rapportés. J'y vois plus une précipitation que de l'enfumage".
"Certains avocats ont oublié le serment qu'ils ont prêté"
Christophe Régnard, président de l’ union syndicale des magistrats était invité sur RMC ce jeudi. Il a dénoncé la défense de Nicolas Sarkozy. Pour lui, la réponse de l'avocat de Sarkozy est "à côté de la plaque". "La question est de savoir s'il y a eu une intervention auprès du siège pour obtenir une décision favorable. Et quand il dit "nous gagnerons sauf si le droit l'emporte", c'est quand même très bizarre". Concernant les insultes envers les juges de Bordeaux qualifiés de "bâtards", Christophe Régnard répond "les avocats prêtent serment. Certains ont oublié le serment qu'ils ont prêté". Enfin, sur la réforme ambitieuse promoise par François Hollande aux magistrats, Christophe Regnard explique qu'il faut conserver le seccret de l'instruction. "Si on le supprime, on expose à la vindicte populaire tous les justiciables".