Tête-à-tête tendu entre Macron et Wauquiez

Emmanuel Macron au Caire - Image d'illustration - BFMTV
Le marathon du grand débat se poursuit et Emmanuel Macron enchaîne les rencontres surprises. Pour son troisième déplacement, cette fois-ci dans la Drôme, le chef de l’Etat s’est invité à un débat citoyen à Bourg-de-Péage, après un déjeuner avec une soixantaine d'élus locaux.
Mais avant cela, à l’abris des caméras et des micros, Emmanuel Macron s'est entretenu en toute intimité avec le patron des Républicains, Laurent Wauquiez. Mais que se sont dit les deux hommes pendant cet intermède de 50 minutes?
Echange musclé
L'entretien était tendu, livre l’entourage de Laurent Wauquiez à BFMTV. Emmanuel Macron aborde pourtant la conversation sur un ton apaisé, tentant d’instaurer le tutoiement. Mais le chef de file des Républicains l’écarte rapidement et maintient une distance avec celui qu’il se voit remplacer en 2022. Laurent Wauquiez attaque avec la mesure impopulaire des 80 km/h. Le président s'agace vite face aux critiques, juge son interlocuteur.
"Les 80km/h je n’y suis pour rien, c’est mon Premier ministre. C’est une connerie, ce n’était pas dans mon programme", se défend Emmanuel Macron. Pourtant, plus tard dans l’après-midi et sous l’œil des caméras, le chef de l’Etat louera les premiers résultats de la mesure: "C’était courageux de faire ça."
Alors, qui dit vrai? L’Elysée en tout cas dément les propos rapportés par l’entourage du chef de la droite: "Le Président a déjà parlé dix fois des 80km/h, il n’est pas du genre à se défausser sur qui que ce soit." Et ce proche du Président de tacler le patron des Républicains: "Ce n’est pas à la hauteur d’un chef de parti."
Sortir de sa "bulle"
L'affrontement continue durant le déjeuner, devant les élus locaux de la région Auvergne-Rhône-Alpes. Entre deux coups de fourchette, Laurent Wauquiez reproche au président d'avoir des contacts "filtrés" avec les Français et d'apporter une "écoute" qu’il estime tardive, responsable des "tensions" dans le pays. Il poursuit avec la crise des gilets jaunes et, selon nos confrères du Parisien, cingle: "Je ne peux pas m’empêcher de penser que si cette écoute avait eu lieu dès le début, on se serait épargné les tensions qu’on a connues." Le patron des Républicains invite le président à "réconcilier la France des villes et la France rurale".
Au sortir de ce déjeuner, Laurent Wauquiez enfonce le clou devant la presse et encourage le président à aller sur le terrain pour échanger "directement avec les Français, sans filtre", au lieu de faire "des voyages dans une bulle".
"Je ne voudrais pas qu'il y ait des caricatures" mais "il faut voir l'état dans lequel on a pris le pays", réplique Emmanuel Macron avant de faire l'éloge de la "décentralisation" et de la "déconcentration" pour "des décisions au plus près du terrain", en jugeant le processus "trop lent".
"On prendra des décisions"
"On prendra des décisions, assure le chef de l'Etat. Ce n'est pas un débat simplement pour entendre, j'attends aussi des propositions concrètes. Toutes ces propositions donneront lieu, soit à des textes de lois, soit à des décisions d'organisation, soit à des modifications plus lourdes", promet-il.
Lors du déjeuner, les élus ont, quant à eux, eu l’occasion de détailler une longue liste de doléances.
"Nos concitoyens parlent du RIC, de démocratie plus consultative, ils souhaitent la reconnaissance du vote blanc, plus de services publics, la réduction du train de vie de l'Etat. Certains proposent des solutions plus radicales", a expliqué Nicolas Daragon, maire LR de Valence.