"Bloquons tout": CGT, LFI, PS... Qui soutient la mobilisation prévue le 10 septembre?

Qui descendra dans la rue mi-septembre? Né sur les réseaux sociaux à la fin du mois de juillet, le mouvement citoyen "Bloquons tout" appelant à une mobilisation, en réponse aux coupes budgétaires voulues par François Bayrou, le 10 septembre prochain divise la classe politique et les syndicats.
À gauche, les principaux partis s'inscrivent dans le mouvement tout en restant prudents face à un risque de "récupération" par l'extrême droite. L'intersyndicale, elle, préfère se projeter sur la mobilisation du jeudi 18 septembre, même si certaines centrales appellent aussi à faire grève le 10 septembre.
· La gauche dans la rue
Le leader de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon a été le premier responsable politique à s'approprier le mouvement du 10 septembre. Vendredi 22 août, il a appelé à la "grève générale", espérant que l'élan de protestation populaire aide à faire chuter le gouvernement de François Bayrou.
"Il faut que le 10 septembre soit un jour de blocage général, c'est-à-dire, pour ce qui concerne le salariat, que le 10 septembre ce soit la grève générale", a lancé le fondateur de LFI lors d'un discours aux universités d'été de son parti.
"Il nous faut la grève générale le 10 septembre parce que le 23 septembre, nous déposerons la motion de censure pour faire tomber le gouvernement de M. Bayrou", a-t-il ajouté devant des milliers de militants.
Chez Les Écologistes, on veut soutenir le mouvement dans "le respect" tout en gardant une certaine distance. "Le 10 septembre (...) appartient aux citoyen.nes et travailleur.euses qui s'auto-organisent pour défendre leurs droits. Notre position est claire: soutenir, sans récupérer", a déclaré sur X la secrétaire nationale d'Europe Écologie Les Verts Marine Tondelier.
Le patron du Parti socialiste affiche la même prudence. Selon Olivier Faure, le rôle des socialistes est d'"accompagner" la mobilisation" pour lui offrir "un débouché qui ne soit pas celui de l'extrême droite".
Enfin, le Parti communiste prendra lui aussi part au mouvement. Si Fabien Roussel dit se méfier de certains "mots d’ordre", le patron du PCF a jugé samedi qu'"il vaut mieux être dans ces discussions que d’être spectateur", selon des propos rapportés par Libération.
· Le RN en retrait
Prêt à faire tomber François Bayrou le 8 septembre, jour du vote de confiance du Premier ministre, le Rassemblement national ne se joindra pas au mouvement prévu dans la rue deux jours plus tard.
Le RN "n'a pas vocation à être l'organisateur de manifestations" et ne donnera pas de consigne à ses sympathisants, a indiqué vendredi 22 août à l'AFP la députée Edwige Diaz, vice-présidente du parti d'extrême droite.
"Notre rôle en tant que parti politique est d'apporter des réponses aux problèmes et aux revendications des gens. Pas de crier dans un haut-parleur", a ajouté l'élue de Gironde.
· Les syndicats divisés
La CGT a décidé de faire du mouvement du 10 septembre une première étape pour "dénoncer l'austérité", avant la véritable journée de mobilisation syndicale du 18 septembre.
"Le 10 septembre, c'est une initiative citoyenne et donc évidemment que la CGT a décidé d'y prendre sa part en construisant la grève dans les entreprises", a expliqué vendredi la secrétaire générale Sophie Binet.
La dirigeante a toutefois mis en garde contre "les tentatives de noyautage et d'instrumentalisation de l'extrême droite qui à certains endroits, essaie de développer des discours anti-syndicaux et de réorienter la colère" contre "les immigrés et étrangers".
L'Union syndicale Solidaires appelle également à "se mettre en grève dès le 10 septembre et à soutenir le mouvement 'bloquons tout'", qui exprime, selon le syndicat, "la colère sociale multiforme et grandissante face aux annonces budgétaires du gouvernement Bayrou".
Du côté des organisations de jeunesse, l'Union syndicale lycéenne, le premier syndicat lycéen, a appelé au blocus des établissements le 10 septembre.
D'autres syndicats prennent davantage leurs distances. "Je n'appellerai pas (à la grève) mais je ne critiquerai pas non plus. Un certain nombre de militants participeront au 10 septembre, mais je n'en sais rien", a déclaré le secrétaire général de Force ouvrière, Frédéric Souillot, au micro de BFMTV.
Le syndicat des cadres CFE-CGC n'a, lui, pas désiré rejoindre cet "appel aux origines nébuleuses". Tout comme la CDFT pour qui "tout bloquer, la désobéissance", ne fait pas partie de leurs "méthodes".