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Béziers: Robert Ménard défend sa une polémique sur les migrants

"Ils arrivent!". Le dernier numéro du Journal de Béziers manipule une photo de l'AFP pour semer la psychose sur la crise des migrants.

"Ils arrivent!". Le dernier numéro du Journal de Béziers manipule une photo de l'AFP pour semer la psychose sur la crise des migrants. - Capture d'écran Twitter - montage BFMTV.com

Sur sa une, le numéro de septembre du Journal de Béziers, le bulletin municipal de la ville, reprend et manipule une photo de l'AFP pour semer la psychose au sujet de la crise des migrants. L'agence a d'ores et déjà saisi son service juridique. De son côté, Robert Ménard a défendu sa une, ce jeudi matin, sur RMC.

Robert Ménard ne recule devant rien pour faire passer ses idées dans sa ville, quitte à recourir à des moyens douteux. Cette fois-ci, l'ancien président de Reporters sans frontières, maire de Béziers depuis les municipales de 2014, au cours desquelles il a été élu avec le soutien du Front national, n'a pas hésité à utiliser le journal de la ville, Le Journal de Béziers, pour faire passer un message pour le moins orienté sur la crise des migrants.

Mercredi, Robert Ménard a lui-même partagé la dernière une du journal municipal, sur son compte Twitter, accompagnée du message "A Béziers, le journal municipal traite du scandale des migrants". 

Montage photo

"Ils arrivent!" titre en grosses lettres jaunes le journal, placardées sur une photo représentant des hommes, femmes et enfants s'apprêtant à monter dans un train. Une image évoquant les nombreuses photos parvenues de Hongrie ces derniers jours montrant des réfugiés, pour la plupart originaires d'Irak et de Syrie, monter dans des trains en direction de la frontière autrichienne. 

Sur les fenêtres du train, deux messages sans ambiguïté sont affichés: "Béziers, 3865 km" et "Scolarité gratuite, hébergement et allocations pour tous!". Un montage grossier, qui laisse ainsi croire aux lecteurs que la ville verra bientôt arriver des hordes de migrants en ses murs. 

Un cliché de l'AFP 

Car la photo, prise par un photographe de l'AFP en Macédoine, le 18 juin dernier, lorsque des familles de réfugiés s'apprêtaient à monter dans un train, a en effet été manipulée. Les pancartes affichées sur les fenêtres ont ainsi été rajoutées par la ville de Béziers grâce à un logiciel de montage.

Une démarche qui pourrait coûter cher à Robert Ménard, puisque les montages de ce genre ne sont pas autorisés par l'agence. Interrogée par Arrêt sur Images, l'AFP a indiqué que son service juridique a d'ores et déjà été saisi de l'affaire, et assure qu'elle ne "laissera pas passer ça". 

"Certains sont envoyés par Daesh"

Invité à réagir sur RMC ce jeudi matin, Robert Ménard a défendu sa une. "Ils arrivent vers nos pays, et demain pourquoi pas à Béziers. Je ne le veux pas", a-t-il déclaré. 

"On est la capitale régionale des réfugiés. Ici, on a deux centres d’accueil des demandeurs d’asile. Ces centres d’accueils sont pleins", a fait valoir le maire de Béziers.

Quant à la Une de son bulletin municipal, Robert Ménard a assuré l'assumer "totalement". "Dans un quartier sensible de Béziers, on a un certain nombre de logements qui sont vides. Depuis des semaines, des réfugiés syriens rentrent dans ces appartements en cassant les portes, et en se branchant illégalement à l’eau et à l’électricité. Et maintenant, on me demande d’accueillir leurs enfants dans nos écoles? C’est une prime à la délinquance. Je n'accepterai pas cela", a-t-il lancé, estimant par ailleurs que certains réfugiés "sont envoyés par Daesh pour préparer un certain nombre de choses en France".

Robert Ménard a également balayé d'un revers de main les accusations autour du montage photo. "On a payé 930 euros cette photo à l'AFP pour l'afficher en Une, donc qu'ils arrêtent d'en faire un plat. Qu'on arrête de dire que c'est un problème de détournement de photo. C'est un problème politique", a-t-il conclu. 

A.S.