"Attentat" en Allemagne: le RN qualifie l'attaque d'"islamiste", la gauche se moque de son empressement

Le marché de Noël de Magdebourg, le 21 décembre 2024, au lendemain d'un possible "attentat" qui a fait au moins deux morts et plusieurs dizaines de blessés - John MACDOUGALL / AFP
En apportant leur soutien et en faisant part de leurs condoléances aux familles des victimes du marché de Noël de Magdebourg, Jordan Bardella ou Marine Le Pen sont sans doute allés un peu trop vite en besogne. Vendredi soir, quelques heures seulement après cette attaque qui a fait au moins cinq morts et plus de 200 blessés, les deux figures de proue du Rassemblement national ont tous deux dénoncé la "barbarie islamiste" ou un "attentat islamiste", des termes ne cadrant pas avec les premiers éléments connus sur le suspect.
"Condoléances aux proches des victimes, au peuple allemand, après l’attentat islamiste qui a frappé le marché de Noël de Magdebourg", a ainsi écrit sur X le président du RN, Jordan Bardella, peu avant 22 heures. Selon lui, la cible de l’attaque ne devait "rien au hasard": "L’islam radical mène une guerre à nos traditions chrétiennes, à nos identités, à notre civilisation."
Vingt minutes plus tard, Marine Le Pen, la cheffe de file des députés RN, lui emboîtait le pas en déplorant qu'"une fois encore la barbarie islamiste sème la terreur au cœur de l’Europe". "Cet acte de guerre contre un symbole de notre civilisation soulève les cœurs", a-t-elle ajouté.
"Une fois encore, c’est notre civilisation qui est visée", a estimé de son côté Laurent Wauquiez, le chef du groupe La Droite républicaine à l'Assemblée, tandis qu'Éric Zemmour, le président de Reconquête, y a vu le symbole d'une "guerre" menée "à tout ce qui incarne notre civilisation", les deux hommes se gardant en revanche de qualifier l'attaque d'"islamiste".
Ces dernières années en Europe, plusieurs attaques perpétrées sur un marché de Noël ont été menées par des terroristes tenant de l'islam radical. C'était le cas à Strasbourg, en décembre 2018, où cinq personnes avaient été tuées par Chérif Chekatt dans un attentat revendiqué par le groupe État islamique. L'organisation avait déjà revendiqué deux ans plus tôt l'attaque au camion-bélier qui avait fait 13 morts et une cinquantaine de blessés sur le marché de Noël de Berlin.
Un homme qualifié d'"islamophobe"
Mais les premiers éléments sur le profil de l'auteur présumé de l'attaque du marché de Noël de Magdebourg dessinent pour l'heure des motivations bien différentes. Interpellé et placé en garde à vue, Taleb A., médecin de 50 ans originaire d'Arabie Saoudite et installé en Allemagne depuis 2006, a même été qualifié d'"islamophobe" ce samedi par la ministre de l'Intérieur allemande Nancy Faeser. Plusieurs médias prêtent également à Taleb A. des accointances avec l'AfD, la principale formation d'extrême droite outre-Rhin.
Samedi matin, plusieurs figures de la gauche ont ainsi vivement critiqué les messages publiés par Jordan Bardella ou Marine Le Pen. Le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, tout en republiant le message du patron du RN, lui a conseillé de "tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de livrer ses préjugés dont le seul objet est de cultiver le racisme antimusulman".
Pour Manuel Bompard, le coordinateur de La France insoumise, les dirigeants d'extrême droite "se sont jetés comme des vautours sur l'attaque de Magdebourg pour déverser leur haine anti-musulmans". "On apprend que l'auteur présumé de l'attaque est un partisan de leurs idées, soutien du parti AfD. N'oubliez jamais que l'extrême droite tue", a ajouté le député élu dans les Bouches-du-Rhône.
Ce samedi après-midi, ni Marine Le Pen ni Jordan Bardella n'avait supprimé leur message initial ou apporté le moindre correctif.