BFMTV
Politique

2017: ces anciens proches de Hollande pris dans la course au reniement

Aquilino Morelle, ancien conseiller politique de François Hollande, fait aujourd'hui partie de ceux qui ont renié le président.

Aquilino Morelle, ancien conseiller politique de François Hollande, fait aujourd'hui partie de ceux qui ont renié le président. - JACQUES DEMARTHON / AFP

A l'approche de la présidentielle, les anciens proches de François Hollande sont de plus en plus nombreux à prendre leurs distances avec lui. De quoi donner l'impression d'une surenchère dans le reniement du bilan de son quinquennat, auquel ils ont pourtant tous participé.

Faire du neuf avec du vieux. La recette n'est pas originale, et rien ne dit qu'elle fonctionne. C'est pourtant à ce petit jeu que s'exercent plusieurs anciens proches de François Hollande pris, à l'approche de la présidentielle, dans une surenchère de reniement du bilan du président. Ils ont participé au quinquennat, depuis l'intérieur de l'appareil politique, mais à les entendre, ils sont aujourd'hui différents, et légitimes pour s'en prendre à l'action du président.

Parmi eux, on retrouve d'anciens ministres comme Emmanuel Macron, Manuel Valls ou Arnaud Montebourg, mais aussi des conseillers, comme Aquilino Morelle, le dernier à avoir rejoint ce mouvement informel mais qui n'en pèse pas moins sur la course à 2017.

"Le principal obstacle, c'était lui"

L'ex-conseiller politique du chef de l'Etat publie le 11 janvier un livre intitulé L'Abdication. Il y a près de trois ans, cette ancienne plume de Lionel Jospin, devenue ensuite celle de François Hollande, a été forcée de démissionner pour s'être fait cirer les chaussures à l'Elysée. Mais l'abdication qu'évoque le titre n'est pas la sienne. C'est celle de François Hollande, qu'il accuse d'avoir troqué tout volontarisme politique contre sa conquête personnelle du pouvoir. Et qu'il définit comme "un faux gentil et un vrai méchant". 

"Gouverner, c'est non seulement rencontrer, mais revendiquer les difficultés. Mais le principal obstacle, c'était lui et son conformisme libéral", lance le conseiller, dans les colonnes du Parisien ce lundi. "En mai 2012, avec le soutien d'Obama, de Monti et de Rajoy, Hollande pouvait devenir le leader d'une nouvelle Europe de la croissance: il ne l'a pas voulu", assure-t-il encore.

"Les conseils, il ne les écoutait pas"

Interrogé sur les raisons qui l'ont poussé à rester malgré son amère et rapide déception, Aquilino Morelle explique avoir cru pouvoir changer les choses de l'intérieur.

"J'ai pensé que je pouvais (...) contenir, résister, tenir, infléchir. Je n'y suis pas arrivé. Les conseils que je donnais à François Hollande, et qu'il recevait avec le sourire, il ne les écoutait pas", poursuit-il dans le quotidien. 

Aquilino Morelle, proche d'Arnaud Montebourg, soutient d'ailleurs que le ministre du Redressement puis de l'Economie de l'époque a lui aussi tenté de s'imposer.

"Il lui a écrit à trois reprises des notes de 20 pages pour lui rappeler ses engagements et lui proposer une politique de croissance. Toujours sans réponse", explique-t-il. "Et tout cela s'est mal fini: j'ai été expulsé dans les conditions que vous savez et Montebourg aussi, quatre mois plus tard".

"Hollande organise le déni" pour Montebourg

Arnaud Montebourg, qui a passé deux ans et demi à l'Elysée et se présente à la primaire de gauche, s'en prend régulièrement à François Hollande. En noircissant parfois le tableau, il dénonce par exemple l'austérité fiscale du quinquennat sur les ménages populaires et les classes moyennes, ou encore la baisse supposée du revenu des Français en raison des hausses d'impôts décidées sous le quinquennat. Mais pas seulement. Il y a quelques semaines, dans Marianne, alors qu'il redoutait un duel contre lui, avant l'annonce de son renoncement, il déclarait:

"François Hollande organise le déni avec les apparats du pouvoir et une communication digne du conseiller Potemkine. La colère perceptible et explosive dans le pays ne semble plus arriver jusqu'à son cerveau".

"On m'a imposé le 49.3", dit Valls

Un autre candidat à la primaire de gauche, Manuel Valls, s'essaye au même exercice afin de se redonner une virginité politique. Mi-décembre, il a proposé de supprimer le 49.3, auquel il a pourtant eu recours plusieurs fois. Jeudi, il a même expliqué qu'on lui avait "imposé" le 49.3, évoquant d'abord "les frondeurs" puis le président lui-même.

"Je rappelle enfin que cette arme de la Constitution a fait l’objet d’un accord avec le président de la République, d’une décision en Conseil des ministres et a recueilli encore une fois l’accord de la majorité", a-t-il avancé. "On doit tirer les leçons de l'expérience", a-t-il ajouté, pour se défendre.

Macron n'a pas cru au président "normal"

Emmanuel Macron, qu'Aquilino Morelle définit encore comme le "fils spirituel" de François Hollande, a choisi quant à lui de se défaire de cet héritage il y a déjà quelques temps, pour se présenter lui aussi comme orphelin.

"Quand le président devient "normal", nous courons un risque politique et institutionnel, mais aussi un risque psychologique collectif, et même un risque pour l'efficacité de l'action", expliquait-il il y a quelques semaines.

Il a été deux ans le secrétaire général adjoint à l'Elysée puis deux ans ministre de l'Economie. Durant ces années, il a laissé sa trace, se faisant notamment l'inspirateur du pacte de responsabilité.

Charlie Vandekerkhove