Viols de Mazan: un accusé n'a pas dénoncé Dominique Pelicot pour ne pas "perdre son temps au commissariat"

Patrice N. n'avait "pas envie de perdre (son) temps au commissariat". Au procès des viols de Mazan ce jeudi 24 octobre, cet homme de 55 ans est entendu par le tribunal, alors qu'il est accusé d'avoir violé Gisèle Pelicot alors que celle-ci était inconsciente, droguée par son mari.
Deux vidéos, filmées par Dominique Pelicot, sont diffusées à l'audience, montrant les viols commis par Patrice N. On voit la victime insconsciente sur son lit, elle ronfle. "Je reconnais les actes mais aucune intention de violer. Pour moi, c'était un jeu", affirme-t-il.
"Qui va me croire?"
L'accusé minimise et dit à plusieurs reprises ne pas bien se souvenir du moment. Le président de la cour crimielle s'énerve et demande: "mais à ce moment-là, vous avez toujours votre cerveau à disposition, non?".
"Oui, mais dans mon esprit, j'ai pas percuté, j'ai été con, abruti, tout ce qu'on veut... Je m'en veux tous les jours de ça", répond alors Patrice N.
Une magistrate lui demande alors l'accusé pourquoi il n'a pas dénoncé les faits. "Je n'avais pas envie de perdre mon temps au commissariat. Et de toute façon, qui va me croire?", rétorque l'accusé, provoquant l'indignation et des protestations sur le banc des parties civiles.
50 co-accusés
La journée de ce jeudi est consacrée aux interrogatoires de six hommes parmi les 51 accusés, dont Dominique Pelicot. Depuis le début du procès, celui-ci reconnaît les faits mais demandent aux 50 autres hommes d'assumer leurs responsabilités. Selon lui, tous étaient parfaitement au courant de l'état d'inconscience dans lequel se trouvait Gisèle Pelicot au moment des rapports sexuels imposés.
Avant les interrogatoires de ce jeudi, 29 des 50 co-accusés de Dominique Pelicot ont jusqu'alors été interrogés sur ces faits de viols.
Le 2 septembre, à l'ouverture du procès, 35 d'entre eux maintenaient ne pas savoir que Gisèle Pelicot avait été droguée par son mari, et par conséquence n'avait pas donné son consentement à un quelconque rapport sexuel. Nombres d'entre eux le plaident: "ils ne sont pas des violeurs" et ont été "manipulés" par Dominique Pelicot. Cette défense est partagée par la plupart des accusés, même ceux qui au départ reconnaissaient un viol.