"Je ne veux plus qu'elles aient honte": le message de Gisèle Pelicot aux victimes de violences sexuelles

Elle veut "faire avancer la société". Gisèle Pelicot s'est exprimée ce mercredi 23 octobre devant la cour criminelle du Vaucluse, qui juge son ex-mari et 50 autres hommes pour l'avoir violée pendant des années alors qu'elle était droguée et inconsciente. Elle a dit sa "détermination" à lutter contre les violences sexuelles faites aux femmes.
En demandant la levée du huis clos du procès des viols de Mazan, "je voulais que toutes les femmes qui (sont) victimes de viol se disent, 'madame Pelicot l'a fait, on peut le faire'. Je ne veux plus qu'elles aient honte. La honte, ce n'est pas à nous de l'avoir, c'est à eux", a affirmé Gisèle Pelicot à la barre.
Elle avait été invitée à s'exprimer par le président de la cour, Roger Arata, pour "donner ses impressions" à mi-parcours de ce procès hors norme débuté le 2 septembre, emblématique de la soumission chimique et des violences sexuelles.
La détermination de "faire avancer la société"
Ces dernières semaines, cette femme de 72 ans est devenue le visage de ces problématiques. Elle est régulièrement applaudie lors de son arrivée au tribunal par un public, largement composé de femmes, venu lui monter sous soutien. "Je tiens car j’ai toutes ces femmes et ces hommes qui sont derrière moi", a déclaré Gisèle Pelicot à la barre.
"On me dit que j’ai du courage? Ce n’est pas du courage, c’est de la volonté et de la détermination pour faire avancer la société", a-t-elle assuré ce mercredi, appelant à "lever le voile sur la question du viol".
Elle s'est également adressée à son ex-mari, Dominique Pelicot, et lui a dit son incompréhension face aux faits qui lui sont reprochés. "Comment tu as pu me trahir à ce point? Faire rentrer ces inconnus dans notre chambre à coucher? Pour moi, cette trahison est incommensurable", a-t-elle déclaré.
"Un viol est un viol"
Cette prise de parole de Gisèle Pelicot est la seconde depuis le début du procès. Mi-septembre, elle était sortie de sa réserve habituelle en exprimant son sentiment d'humiliation mais aussi de colère face aux insinuations de certains avocats sur ce qu'elle a subi, leur lançant: "Un viol est un viol!" "Depuis que je suis arrivée dans cette salle d'audience, je me sens humiliée", avait-elle lâché en direction des 51 hommes, jugés jusqu'au 20 décembre.
Comme quasiment tous les jours depuis l'ouverture du procès, Gisèle Pelicot est arrivée mercredi sous les applaudissements du public au palais de justice d'Avignon. La veille, elle avait également reçu un bouquet de fleurs lorsqu'elle avait quitté le tribunal, remerciant chaleureusement les personnes venues la soutenir.
Elle suit assidûment presque toutes les audiences lors desquelles défilent un à un tous les accusés de ce procès qui suscite une attention internationale. Les accusés encourent jusqu'à 20 années de réclusion criminelle.