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Police-Justice

Procès des viols de Mazan: Gisèle Pelicot auditionnée pour "s'exprimer sur ce qu'elle a entendu"

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Depuis le début du procès le 2 septembre, la septuagénaire a assisté à la quasi-totalité des audiences et a déjà pointé le traitement qui lui a été infligé lors des premières semaines du procès.

Une nouvelle occasion de prendre la parole. Alors que le très médiatique procès des viols de Mazan arrive à mi-parcours, Gisèle Pelicot sera à nouveau auditionnée par la cour huit semaines plus tard. Elle doit s'exprimer ce mercredi 23 octobre pour donner ses impressions sur ce procès emblématique de la soumission chimique.

Auprès de France Bleu, Maître Stéphane Babonneau, avocat de Gisèle Pelicot, assure que cette dernière a grandement besoin de cette prise de parole. "Depuis plusieurs semaines, elle entend énormément de choses [...] qui parfois la heurtent, la blessent voire la révoltent", déclare-t-il.

"Pouvoir mieux juger cette affaire"

"La possibilité qui lui est offerte de s'exprimer, c'est quelque chose d'important. Je pense que si la cour a décidé de lui redonner la parole, ça n'est pas que pour lui redonner la possibilité de s'exprimer, c'est aussi pour la cour (un moyen, ndlr.) d'entendre ce qu'elle a à dire et dans une finalité de pouvoir mieux juger cette affaire", ajoute l'homme de loi.

Depuis le début du procès, la septuagénaire a assisté à la quasi-totalité des audiences et était présente lors du visionnage des vidéos filmées par son mari, sans les regarder.

La dernière fois qu'elle a pris la parole, Gisèle Pelicot dénonçait le traitement qu'on lui infligeait depuis le début du procès. "Je me sens humiliée, dans cette salle on me traite d'alcoolique, on me dit complice", s'était-elle emportée. "J’ai tout entendu! Ils sont venus me violer. C'est tellement dégradant et humiliant ce que j'entends dans cette salle".

Nouvelles audiences

Cette semaine est consacrée au septième groupe de co-accusés, qui sont six à comparaître. Parmi eux figure notamment Abdelali D., alias "Mehdi", 48 ans. Il était venu à deux reprises au domicile des Pelicot en janvier puis mars 2018, emmené, au moins une fois, par sa compagne de l'époque qui l'avait attendu dans la voiture.

Il avait été interpellé après avoir été reconnu par la compagne d'un autre accusé interrogée par les policiers sur cette affaire. Abdelali D. avait d'abord nié, malgré la présentation de photos de lui extraites des vidéos filmées dans la chambre des Pelicot, estimant qu'il s'agissait d'un "sosie". Au premier jour d'audience, il avait cependant reconnu les accusations. Après les faits, il a été victime d'un AVC qui l'a laissé partiellement hémiplégique.

Parmi les autres accusés présentés cette semaine figurent Patrice N., électricien de 55 ans qui lors de son interrogatoire d'interpellation avait qualifié Dominique Pelicot de "malade" mais n'avait pas jugé bon de prévenir la police pour ne "pas perdre" une journée au commissariat; Florian R., chauffeur-livreur de 32 ans affirmant avoir eu "peur" de Pelicot; Grégory S., 31 ans, déjà condamné pour détention de stupéfiants, recel et violences en réunion; Quentin H., 34 ans, ex-policier devenu gardien de prison qui a reconnu les faits.

Jean-Luc L., alias "jeanlucasiat", un ouvrier de 46 ans, seul de ces accusés à comparaître détenu, était venu à deux reprises en 2018 puis 2019. Il avait reconnu les faits et s'était dit "sincèrement désolé pour madame" à l'ouverture du procès.

Ces accusés devraient s'exprimer au cours de la semaine sur leur personnalité puis sur les faits, en étant confrontés à Dominique Pelicot. Pendant dix ans, de juillet 2011 à octobre 2020, le septuagénaire avait drogué sa femme aux anxiolytiques pour ensuite la violer et la faire violer par des dizaines d'hommes qu'il invitait sur Internet.

À ses côtés, ce sont donc 50 hommes, âgés de 26 à 74 ans, qui sont jugés à Avignon, pour la plupart pour viols aggravés, faits pour lesquels ils encourent 20 ans de réclusion criminelle. Dix-huit de ces accusés, dont Dominique Pelicot, comparaissent détenus. Trente-deux comparaissent libres. Un dernier est en fuite.

https://twitter.com/Hugo_Septier Hugo Septier Journaliste BFMTV