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Tirs meurtriers à Paris: la communauté kurde "en colère"

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Un rassemblement de la communuaté kurde a eu lieu vendredi, et un autre est prévu ce samedi en hommage aux victimes de l'attaque.

Trois personnes ont été tuées par balle et trois autres blessées vendredi dans le centre de Paris par un homme de nationalité française qui, selon le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, a voulu "manifestement s'en prendre à des étrangers". Les faits ont eu lieu rue d'Enghien, au niveau d'un centre culturel kurde, dans un quartier commerçant animé et prisé de la communauté kurde.

"Trois personnes sont décédées : deux devant le centre culturel kurde, une autre dans un restaurant et une autre lutte contre la mort", a déclaré le ministre de l'Intérieur dans l'après-midi.

Dans la soirée, un rassemblement spontané de la communauté kurde s'est formé dans cette zone, et des affrontements ont eu lieu avec les forces de l'ordre.

"On est vraiment en colère"

Les personnes rassemblées ont dit à plusieurs reprises leur colère après le drame, faisant le lien entre cette attaque et les meurtres de trois militantes kurdes en janvier 2013. "On est vraiment en colère parce que c'était des personnes que l'on connaissait qui ont été assassinées, il y a dix ans la même chose", explique à BFMTV un manifestant, "on est vraiment très en colère".

"On est là pour manifester notre colère, il y a dix ans trois camarades kurdes, trois femmes, trois symboles de la communauté kurde ont été assassinés", rappelle un autre. "C'est inadmissible que des personnes soient assassinées comme cela en plein milieu de Paris."

"Encore une fois malheureusement la communauté kurde a été meurtrie en France, à Paris", a également déclaré Agit Polat, porte-parole du conseil démocratique kurde en France (CDKF).

"Nous n'avons pas été entendus"

Lors d'une conférence presse vendredi, il a expliqué être "en colère (...) parce que nous avons alerté à de multiples reprises [sur un danger contre les Kurdes] et la dernière fois c'était il y a tout juste 20 jours, nous sommes en colère parce que nous n'avons pas été entendus".

Invitée de BFMTV ce samedi matin, Berivan Firat, porte-parole des relations extérieures du CDKF, a elle assuré que "la communauté kurde a été directement visée" dans cette attaque, et a réclamé la qualification de cet acte en "attentat terroriste".

Selon les premiers éléments de l'enquête, le mobile du racisme est une des pistes explorées mais doit être confirmé notamment par les déclarations du suspect lors de sa garde à vue. La piste d'un attentat terroriste a, elle, été écartée à ce stade des investigations, selon la procureure.

Dans un communiqué, le président de SOS Racisme Dominique Soppo a lui dénoncé "une ambiance de racisme de plus en plus décomplexé et violent, des passages à l’acte de rue des groupuscules d’extrême-droite de plus en plus fréquents et à effet excitatif" en France. Il déclare avoir déjà alerté sur "l’inéluctabilité de passages à l’acte terroristes de la part de personnes mues par l’extrême-droite. Il est à craindre que nous soyons parvenus à ce point."

Un rassemblement doit avoir lieu ce samedi après-midi en hommage aux victimes. Le préfet de police de Paris doit, lui, recevoir des représentants de la communauté kurde dans la matinée.

Salomé Vincendon
Salomé Vincendon Journaliste BFMTV