Attentats du 13 novembre: les blessés du Stade de France, ces victimes dont on parle peu

Ils réapprennent à vivre, doucement. Tina et Aca sont cousins, et se trouvaient aux abords du Stade de France le soir du 13 novembre, là où trois kamikazes ont déclenché leurs ceintures d'explosifs. Et pour ces victimes, les blessures sont aussi physiques que psychologiques.
Des images qui marquent encore
Ce soir-là, Tina se trouvait près du stade avec plusieurs membres de sa famille. Elle venait d'entendre deux explosions, lorsqu'une troisième l'a projetée au sol. "J'ai senti un grand mal dans mon dos, se rappelle-t-elle. J'ai tourné la tête et j'ai vu mon bras gauche, l'os était carrément ressorti. C'est à ce moment-là que j'ai réalisé que c'était un kamikaze qui était derrière moi, qui s'était fait exploser."
Ses proches sont également touchés, notamment sa mère et sa sœur. Son conjoint, lui, est plus gravement blessé, et perd connaissance. Tous sont transportés dans un hôtel proche, et une image a profondément marqué Tina.
"Il y avait du sang dans tout l'hôtel, c'était vraiment le cauchemar, se remémore-t-elle. Après, je ne sais rien. Tout ce dont je me rappelle c'est que je me suis retrouvée dans un lit d'hôpital."
Pour Tina, les opérations se succèdent. Son bras, d'abord. Puis trois jours plus tard, il faut retirer les boulons qui se sont logés dans son os, à quelques millimètres seulement des organes vitaux.
Apprendre à demander de l'aide
Même après être sortie de l'hôpital, l'épreuve n'est pas terminée. Il faut désormais gérer la douleur, chaque jour. "Je ne peux même pas la décrire, avoue Tina. J'avais l'impression d'avoir des brûlures, des fourmillements dans tout le corps, ainsi que des piques et des décharges électriques."
Aujourd'hui, Tina doit réapprendre chaque geste du quotidien, notamment pour s'occuper de sa fille de cinq mois, car son bras est toujours paralysé. "Faire ne serait-ce qu'un biberon, c'est dur", avoue-t-elle.
"C'est un calvaire, des fois, parce qu'auparavant je n'avais pas l'habitude d'être assistée, souffle la mère de famille. Mais là vraiment, je n'ai pas d'autre choix que de demander de l'aide."
Retourner travailler... au Stade de France
Aca, le cousin de Tina, partage le même calvaire. Le soir du 13 novembre, il a reçu une trentaine d'impacts, des pieds à la tête. ""La cervelle ouverte, le tympan éclaté, des impacts au niveau du bras et de l'omoplate…" Il fait le compte, calmement. Alors aujourd'hui, sa vie est rythmée par les soins et les médicaments. Une épreuve qu'il tente de prendre avec bonne humeur. "Neuf cachets tous les matins. C'est mes bonbons!" s'exclame-t-il.
Aca est hébergé provisoirement dans une résidence. Si les cicatrices physiques se referment, celles de l'esprit mettront sans doute un peu plus de temps. Car si Aca se trouvait au Stade de France ce soir-là, c'est qu'il y vend des écharpes. Il est encore difficile pour lui de reprendre le travail.
"J'ai essayé la semaine dernière, et puis quand je suis arrivé sur place, je revoyais les lieux où ça s'était passé, avoue-t-il. J'ai repensé à tout ce qui s'était passé."