Attentats de Paris: la création d'une agence nationale du renseignement préconisée

Comment 147 personnes ont pu trouver la mort en plein coeur de Paris lors des attentats contre Charlie Hebdo puis le 13 novembre. La commission d'enquête parlementaire relative aux moyens mis en oeuvre par l'Etat pour lutter contre le terrorisme rend ce mardi ses conclusions après six mois d'enquête et fait 39 propositions. Des observations attendues par les victimes et les familles des victimes.
Depuis six mois, et ce tragique soir du 13 novembre, la commission d'enquête, présidée par le député LR Georges Fenech, a réalisée 200 heures d'auditions. 190 entretiens des membres des services de renseignements de police ou encore de justice ont été menés. Quatre ministres, le ministre de l'Intérieur, celui de la Justice, celui de la Défense et la secrétaire d'Etat en charge de l'aide aux victimes, ont été entendus.
Meilleur suivi des terroristes
Au total, ce sont 39 propositions qui ressortent de ce travail. Le premier constat porte sur le profil de la plupart des terroristes. Tous étaient déjà connus des services de renseignement. Les frères Kouachi, auteurs de la tuerie contre Charlie Hebdo, et Amedy Coulibaly, à l'origine de la prise d'otages de l'HyperCacher de la porte de Vincennes, figuraient sur les fiches de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI).
"Par exemple, le cas Saïd Kouachi il était surveillé par les services parisiens, détaille Georges Fenech. On lève la surveillance parce qu’il quitte la région parisienne, la surveillance est reprise par la DGSI qui va ensuite la lever six mois avant les attentats contre Charlie Hebdo. On voit bien que dans l’absence de continuum d’un seul service, il peut y avoir des ruptures qui peuvent avoir des conséquences graves."
Pour colmater cette faille du système de renseignements, la commission d'enquête propose une refonte du système de renseignement avec la création d'une agence nationale de lutte antiterroriste afin de regrouper tous les services de renseignement police, gendarmerie et militaire pour ainsi partager les informations. Dans la continuité de cette mesure, les parlementaires estiment également que la justice doit jouer son rôle dans la lutte contre les terroristes, qu'ils soient surveillés ou arrêtés.
Formation à la médecine de guerre
Ainsi, il est proposé de supprimer les réductions de peines automatiques pour toutes les personnes condamnées pour actes terroristes. "On a une justice spécialisée en matière de lutte contre le terrorisme, déplore Sébastien Pietrasanta, le rapporteur PS de cette commission. Il faut que sur la question de l’application des peines, ça soit de la même manière, on ne peut pas traiter un terroriste qui revient de Syrie ou d’Irak de la même manière qu’un voleur de poule."
La commission s'est aussi penchée sur l'intervention des secours. Comment porter assistance aux victimes quand les balles de Kalachnikov fusent encore, comme ce fut le cas au Bataclan. Pour cela, les parlementaires imaginent la mise en place de colonnes d'extraction des victimes avec des personnels lourdement équipés de casques et de gilets par balles. A cela, médecins, infirmiers ou encore secouristes devront être formés à la médecine de guerre.
Une coopération internationale?
Fin mai, les familles et les victimes des attaques de Paris avaient rencontré les six juges d'instruction chargés de l'enquête. Certains se félicitaient d'obtenir autant de détails ou de voir l'enquête avancer, aujourd'hui, ils veulent des réponse précises. "Comment un commando armé a pu se balader dans toute l’Europe ? Pourquoi ils ont visé la Bataclan, pourquoi les terrasses, pourquoi le Stade de France, est-ce qu’il y a une raison?", s'interroge Emmanuel Domenach, rescapé du Bataclan.
"Comment Salah Abdeslam a pu se cacher toute la nuit dans Paris, fuir en Belgique six mois pour se cacher?", poursuit le vice-président d'une association d'entre-aide pour les victimes.
Le seul survivant des commandos attentats du 13 novembre, quelques heures après les tueries, a été contrôlé à Cambrai, à la frontière franco-belge. Les gendarmes français, après avoir retenu le convoi composé d'Abdeslam et de Mohamed Abrini et Hamza Attou, avait pu repartir. Une heure plus tard, la Belgique prévenait Paris de l'appartenance du terroriste présumé à la mouvance jihadiste.