Attentats de Nice: le point sur l'enquête

L'enquête a permis d'identifier le conducteur du camion qui a foncé sur la foule à Nice. - Valery Hache - AFP
Huit mois après les attentats du 13 novembre, la France est une nouvelle fois frappée sur son sol par une attaque terroriste. Un homme a foncé avec un camion sur la foule réunie sur la promenade des Anglais, à Nice, pour le traditionnel feu d'artifice du 14-Juillet. Le bilan est extrêmement lourd. Des enfants et des touristes étrangers font partie des victimes. Au lendemain du drame, l'enquête a permis d'identifier le chauffeur du camion.
> Une foule percutée sur 2 kilomètres
Vers 23 heures, jeudi soir, un camion blanc a foncé sur les 30.000 personnes réunies à Nice sur la promenade des Anglais venues assister au traditionnel feu d'artifice du 14-Juillet. Le véhicule, un poids-lourd de 19 tonnes, conduit par un homme, a percuté ces familles sur deux kilomètres. Selon les témoignages, le camion a changé plusieurs fois de direction cherchant à faire un maximum de victimes. Poursuivi par les policiers, l'homme a tiré à plusieurs reprises sur les forces de l'ordre, qui ont riposté. L'assaillant a été abattu.
Dans le même temps, un mouvement de panique s'est produit. La foule a tenté de s'échapper dans les rues parallèles ou de se réfugier dans les établissements de restauration ou hôteliers.
> Un bilan extrêmement lourd
Au moins 84 personnes ont été tuées dans cette attaque, dont 10 enfants et adolescents. Le bilan n'a cessé de s'alourdir et pourrait encore s'aggraver dans les heures ou les jours à venir. 50 personnes sont hospitalisées en urgence absolue. Une cinquantaine d'enfants ont également été pris en charge par les hôpitaux de la région. Le directeur adjoint départemental de la police aux frontières a également été abattu.
De nombreux touristes se trouvaient jeudi soir sur la promenade des Anglais: deux Américains figurent parmi les victimes, trois Allemands, une Russe, une Arménienne, une Suissesse, un Ukrainien.
> Le conducteur formellement identifié
Le conducteur du camion est âgé de 31 ans. Il s'agit d'un ressortissant tunisien, qui disposait d'un titre de résident. Connu des services de police pour des faits de violences avec armes, des violences conjugales, menaces et vols, sa dernière condamnation remonte à mars dernier. Après avoir frappé un automobiliste avec un morceau de bois en janvier, il a écopé d'une peine de prison avec sursis. Il avait été placé sous contrôle judiciaire en attente d'être jugé.
Aucun élément connu n'indique une radicalisation ou des projets terroristes. Dans son véhicule, des armes factices, dont des grenades, un pistolet et deux armes logues, ont été découvertes. Il était titulaire d'un permis de conduire poids-lourd depuis un an. Marié et père de trois enfants, il était en instance de divorce. Il avait arrêté de faire le ramadan, ne priait pas et aimait les filles, selon nos informations. Ses voisins dans le quartier où il résidait à Nice parlent d'un homme déprimé et instable, voire agressif.
> L'évolution de l'enquête
L'identification rapide de l'identité du conducteur du camion a été rendue possible après la découverte dans le véhicule d'un papier d'identité et des empreintes digitales retrouvées à l'intérieur du camion. 500 policiers ont été déployés dans la ville, ainsi que près de 500 pompiers pour assurer les secours. Une perquisition a été menée dans la matinée de vendredi au domicile du suspect, situé au nord de la ville de Nice. Une femme a été interpellée et emmenée par les forces de l'ordre au cours de l'opération.
Quatre magistrats du pôle antiterroriste de Paris sont arrivés à Nice vers 5 heures du matin. Le procureur de la République, François Molins, doit tenir une conférence de presse vendredi à 17 heures.
> L'état d'urgence prolongé
François Hollande, en déplacement à Avignon, a rejoint Paris et la cellule de crise dans la nuit de jeudi à vendredi. Le président de la République a annoncé la prolongation de trois mois de l'état d'urgence, une annonce confirmée par Manuel Valls indiquant que la décision serait soumise aux députés. L'opération Sentinelle va également être renforcée. L'Etat va également faire appel à la réserve opérationnelle.
Le plan Vigipirate a été relevé dans le département des Alpes-Maritimes, passant de "rouge" à "alerte attentat". Le Premier ministre a également annoncé qu'un deuil national de trois jours a été décrété du 16 au 18 juillet.
> L'unité nationale brisée par la droite
Les critiques à l'encontre du gouvernement ne se sont pas fait attendre. Quelques heures après le drame, Christian Estrosi, l'ex-maire de Nice et président de la région PACA, n'a pas caché sa "colère". "Comment est-il possible, alors que la promenade des Anglais était privatisée, que ce véhicule ait pu y accéder? Combien de policiers nationaux étaient en poste? Quels sont les moyens qui avaient été mis en oeuvre alors que notre pays est encore en état d’urgence, pour éviter cela?", s'est-il interrogé.
Dans la matinée, Alain Juppé a mis en doute les actions du gouvernement. "Je ne suis pas enquêteur mais si tous les moyens avaient été pris, le drame n'aurait pas eu lieu", a estimé sur RTL le maire de Bordeaux, assurant que des "propositions importantes" ont été émises par la commission d'enquête parlementaire sur les attentats. Estimant ne pas avoir été écouté par le président de la République et le Premier ministre, Georges Fenech, président LR de cette commission, a assuré qu'"il y a des solutions à mettre en oeuvre". Ce dernier parle d"impuissance" du gouvernement et d'"aveuglement".