Affaires de terrorisme: les mineurs ciblés par Daesh
La garde à vue se poursuit à la DGSI pour ce mineur de 15 ans interpellé samedi dans le 12e arrondissement de Paris. L'adolescent était susceptible de passer l'acte de manière imminente, selon une source proche de l'enquête. Le jeune homme était en contact avec un jihadiste basé en Syrie via la messagerie cryptée Telegram. Son domicile avait été perquisitionné en avril dernier et le garçon était depuis assigné à résidence. De plus en plus de mineurs sont impliqués dans des affaires liées au terrorisme.
35 mineurs mis en examen
Au mois de mars, deux jeunes filles de 17 ans sont mises en examen. Elles évoquent des projets d'attaques terroristes sur les réseaux sociaux. Début août, dans la banlieue de Melun en Seine-et-Marne, une adolescente de 16 ans est arrêtée. Elle relaie des appels à organiser des attentats et se revendique prête à en commettre un elle-même.
Au total, ils sont 35 mineurs à avoir été mis en examen, dont 9 sont actuellement détenus. Pourtant, comme dans le cas de l'adolescent interpellé samedi, rien ne laissait deviner sa radicalisation.
"Il jouait avec tout le monde ici, avec tous les petits, témoigne pour BFMTV un voisin du jeune garçon. Je pense que personne n'aurait pu imaginer ça de lui. On apprend qu'il est lié à ce genre d'affaire, c'est choquant."
Un élève de 6e dans une vidéo de propagande
Les adolescents sont des recrues de choix pour Daesh, plus fragiles et plus malléables.
"C'est un discours qu'utilise la théorie du complot, analyse pour BFMTV Serge Hefez, psychiatre en charge de la consultation de déradicalisation à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris. Quand ils trouvent ce type de discours, qui tout à coup non seulement donne une vérité mais donne un but, un sens, quand on touche cette fibre-là chez des garçons comme chez des filles, ils sont prêts à s'engager."
Une faille que Daesh a bien compris. Cette fragilité est exploitée via les réseaux sociaux à coups de clips de propagande. En mars 2015, c'est le choc dans un collège de Toulouse, en Haute-Garonne. Des élèves de 6e reconnaissent un camarade dans l'une de ces vidéos.
"Ce n'est pas nouveau, on sait très bien que les mineurs sont des proies de l'État islamique, analyse pour BFMTV Béatrice Brugère, secrétaire générale FO magistrats et ex-juge antiterroriste. Ce sont des cibles idéales, ils surfent sur les réseaux sociaux, ils sont facilement manipulables, ils ont une adhésion beaucoup plus rapide."
"15 ans, c'est un homme en âge de porter les armes"
Sur les 689 Français présents en Syrie, on compte 17 mineurs. "Je ne suis pas sûr que cela réponde à une volonté de l'État islamique d'orienter les choses plus sur les adolescents, remarque Gilles Sacaze, PDG de Gallice security, ancien cadre du service action de la DGSE. Ils recrutent le plus largement possible, 15 ans pour l'État islamique c'est un homme en âge de porter les armes."
Des adolescents mais aussi des enfants que Daesh n'hésite pas à mettre en scène, comme dans l'une de leurs vidéos de propagande.