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Police-Justice

Salah Abdeslam se défend avec un discours de propagande

Salah Abdeslam a pris la parole pendant quelques minutes.

Salah Abdeslam a pris la parole pendant quelques minutes. - Benoit Peyrucq - AFP

En ce premier jour de procès à Bruxelles, le seul survivant des commandos du 13-Novembre a provoqué la chambre correctionnelle en livrant pendant quelques minutes un discours de propagande bien rodé.

Aux premières minutes de l'audience, Salah Abdeslam avait donné le ton. "Je ne souhaite pas répondre aux questions", a-t-il lancé aux premières interrogations de la présidente de la chambre correctionnelle de Bruxelles lors du procès de la fusillade de Forest. Outre le fond de cette affaire, c'est l'attitude du seul survivant des commandos du 13-Novembre qui est scrutée, lui qui s'est muré dans le silence depuis son transfèrement en France en avril 2016.

Pendant plus de deux heures, il a observé cette attitude qui le caractérise depuis près de deux ans. Une nouvelle fois interrogé par la présidente de la chambre correctionnelle de Bruxelles, Salah Abdeslam refuse encore de se lever. "Je suis fatigué, rétorque le terroriste présumé. On m’a extrait en pleine nuit, je souhaite rester assis." Le prévenu a été extrait de sa cellule et a quitté la prison de Fleury-Mérogis vers 4 heures dans la nuit de dimanche à lundi pour rejoindre la Belgique.

"Mon silence ne fait pas de moi un criminel, c'est ma défense", abonde-t-il alors.

Des contradictions

Les juges d'instruction en France en charge du dossier sur les attentats du 13-Novembre avaient entendu pour l'une des seules fois la voix de Salah Abdeslam quand celui-ci avait évoqué son souhait de participer au procès qui juge la fusillade de Forest qui avait visé des policiers belges et français venus perquisitionner dans une plaque froide le 15 mars 2016.

"On m’a demandé de venir, je suis venu, je suis l’acteur de ce procès. On m’accuse, je suis ici", rétorque aujourd'hui le terroriste présumé qui aurait pu être entendu depuis sa cellule de Fleury-Mérogis.

Plus arrogant ce lundi en fin de matinée, Salah Abdeslam, chemise blanche, veste de couleur claire, pantalon de costume et barbe fournie, a alors dicté à la justice la manière dont elle doit travailler en s'appuyant sur "les preuves tangibles et scientifiques" en faisant remarquer que ses empreintes n'ont pas été retrouvées dans la planque de Forest. Des mots prudemment choisis qui font référence à un langage idéologique.

"Vous êtes là, pas pour satisfaire votre public, ni pour se baser sur ce que disent les médias", impose-t-il alors à la présidente de la chambre correctionnelle. 

Propagande

Ces déclarations, qui ressemblent à une tribune, pourraient constituer une explication de la présence de Salah Abdeslam, placé à l'isolement depuis avril 2016, lors de ce procès qui doit se tenir jusqu'à vendredi. Pendant cette intervention de quelques minutes, le jihadiste présumé s'est alors lancé dans un discours de propagande bien rodé, alors que la religion "est tout pour lui", rappelait son frère en décembre dernier. "Ce que je constate c’est que les musulmans sont là jugés de la pire des manières, récite-t-il. Il n’y a pas de présomption d’innocence. Ils sont jugés de façon impitoyable."

Il conclut alors de manière provocante, en s'appuyant, en partie, sur la chahada, la profession de foi de l'Islam: "Je témoigne qu'il n'y a point de divinité à part Allah (...) Jugez moi, faites ce que vous voulez de moi. Je n'ai pas peur de vous, je n'ai pas peur de vos alliés, je place ma confiance en Allah, je n'ai rien à rajouter."

Justine Chevalier