Redoine Faïd: pourquoi son égo rend sa cavale difficile
Redoine Faïd est à nouveau en fuite. Dimanche, cette figure du grand banditisme s'est évadée du centre pénitentiaire de Réau, en Seine-et-Marne, à bord d'un hélicoptère. Son évasion précédente date de 2013: quarante-six jours de cavale qui avaient pris fin dans un modeste hôtel de région parisienne. Malgré une organisation méthodique, le fugitif est arrêté dans la nuit par les équipes de Bernard Petit, ancien sous-directeur à la direction centrale de la police judiciaire.
"Il a changé de lieux plusieurs fois, changé d'apparence physique, se souvient Bernard Petit pour BFMTV. Il a multiplié les contacts, les déplacements. Vraisemblablement, il obéira à peu près à la même logique. Les jours qui viennent sont cruciaux pour lui, il faut qu'il reste caché quelque part, qu'il ne bouge pas."
Des fonds et du soutien logistique
Pour disparaître totalement, le criminel a besoin d'argent mais aussi et surtout de soutien logistique. "Il vous faut du cash pour payer vos faux frais quotidiens. Il va falloir trouver quelqu'un qui vous loue une voiture, qui vous loue une maison, qui vous prête quelque chose. Et il vous faut aussi tout ça dans la plus grande confidentialité", poursuit Bernard Petit.
C'est pour cela qu'il ne pourra pas faire appel à son premier cercle de proches, déjà surveillés, et qui seront rapidement identifiés par les forces de l'ordre. "Il faut qu'il ait des gens de grande confiance, mais en même temps il ne peut pas faire appel à des gens avec qui le contact est connu", estime l'ancien sous-directeur à la direction centrale de la police judiciaire.
Le risque d'une dénonciation
Mais même s'il a les fonds nécessaires, bénéficie d'un appui logistique et du soutien de personnes de confiance, un fugitif en cavale est toujours en position de faiblesse. Charles Pellegrini, ancien patron de la répression du banditisme, en est persuadé. Même un truand charismatique n'est pas à l'abri d'une dénonciation.
"Il n'est pas facile de s'évader, mais il est encore plus difficile de rester en liberté (...) Les policiers ont des informateurs, on va un peu leur tordre le cou en leur disant: 'mon gaillard, on peut t'arranger ceci ou cela si tu nous apportes quelque chose sur Redoine', assure Charles Pellegrini à BFMTV. Quelle que soit la terreur qu'on inspire, à un moment, la crainte d'être puni par le voyou s'efface devant la perspective d'autres avantages."
Son point faible: son égo
Pour cet expert en matière de grand banditisme, c'est l'égo de Redoine Faïd qui pourrait être son point faible. "Il y a des égos qui sont non maîtrisables et que même la perspective de l'insécurité ne fait pas diminuer", pointe-t-il.
"Redoine est un voyou médiatique, il a voulu briller. Le revers de la médaille, c'est qu'il est très connu, il ne peut pas se fondre du jour au lendemain dans une opacité totale (...) Redoine sait que s'il est repris, c'est terminé pour lui, parce que cette fois-ci il ne s'évadera pas (...) Il ne résistera pas à l'envie, à un moment ou à un autre, de se montrer quelque part. Soit dans son milieu de voyous, soit en invitant des gens très proches."
Une centaine de policiers à ses trousses
Selon lui, le braqueur récidiviste âgé de 46 ans se trouve soit en immersion totale, "dans une cité, entouré de gens fidèles qui font un mur face à du renseignement extérieur", soit a quitté le territoire français "et prépare son deuxième temps, un peu à l'abri des recherches immédiates".
En fuite depuis quarante-huit heures, le braqueur condamné à vingt-cinq ans de réclusion criminelle pour un braquage raté qui a coûté la vie à une policière est recherché par une centaine de fonctionnaires de la direction centrale de la police judiciaire et de l'office central de lutte contre le crime organisé.