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Police-Justice

Procès Le Scouarnec: l'Ordre national des médecins admet des "dysfonctionnements"

Croquis d'audience du 24 février 2025 montrant l'ex-chirurgien Joël Le Scouarnec à l'ouverture de son procès à Vannes pour viols et agressions sexuelles sur 299 patients.

Croquis d'audience du 24 février 2025 montrant l'ex-chirurgien Joël Le Scouarnec à l'ouverture de son procès à Vannes pour viols et agressions sexuelles sur 299 patients. - Benoit PEYRUCQ / AFP

Au procès de Joël Le Scouarnec, l'Ordre national des médecins a exprimé ce mercredi 21 mai des regrets face aux dysfonctionnements qui ont permis au chirurgien d'être titularisé malgré une condamnation en 2005 pour détention d'images pédopornographiques.

Des regrets pour "réparer le mal", à une semaine du verdict. Le Conseil national de l'Ordre des médecins (CNOM) a déclaré ce mercredi 21 mai "regretter" les "dysfonctionnements" ayant permis au chirurgien Joël Le Scouarnec de poursuivre sa carrière pendant plus d'une décennie après une première condamnation pour pédocriminalité en 2005.

Au deuxième jour des plaidoiries au procès de Joël Le Scouarnec devant la cour criminelle du Morbihan à Vannes, Me Negar Haeri, avocate du CNOM, a indiqué que l'institution "présentait ses regrets".

"Comment faire pour réparer le mal? (...) Admettre des regrets, le CNOM ne pouvait pas faire moins", a-t-elle déclaré.

L'Ordre des médecins informé de sa condamnation

Jugé depuis le 24 février pour viols et agressions sexuelles sur 299 patients, majoritairement mineurs au moment des faits, Joël Le Scouarnec avait été condamné en 2005 pour détention d'images pédopornographiques, sans interdiction d'exercer.

Sa titularisation en août 2006 comme chef du service de chirurgie à Quimperlé (Finistère) avait néanmoins été validée quelques mois plus tard par le Conseil départemental de l'Ordre des médecins (CDOM) de ce département breton.

L'accusé avait ensuite exercé à partir de 2008 à l'hôpital de Jonzac (Charente-Maritime) après avoir informé la directrice de sa condamnation. Le CDOM de Charente-Maritime avait également validé la prise de poste du practicien.

Lundi, les anciens présidents des CDOM de Charente-Maritime et du Finistère se sont cependant défaussés de toute responsabilité, comme cinq autres anciens cadres des institutions médicales et hospitalières.

"J'ai eu honte que pour chacun d'eux, en dépit du parfait scandale de cette affaire, l'aveu de responsabilité a été à ce point difficile", a tancé Me Negar Haeri.

"Réparer l'avenir"

La constitution du CNOM et du CDOM du Morbihan comme parties civiles avait suscité une levée de boucliers auprès des victimes et leurs avocats. Elle a été justifiée par Me Negar Haeri comme un moyen pour le CNOM de faire "oeuvre d'introspection" et afin d'"admettre des dysfonctionnements et des manquements".

"Joël Le Scouarnec a entaché l'une des plus belles professions qui existent", a-t-elle estimé, déplorant qu'à cause de l'accusé, "la figure du médecin ne suscite plus confiance".

"Nous pouvons faire la promesse que tous les efforts seront fournis pour réparer non pas le passé mais l'avenir", a promis l'avocate.

Une promesse mise en doute dès la plaidoirie suivante, celle de Me Iannis Alvarez. "La vraie question, c'est: est-ce qu'un nouveau Joël Le Scouarnec pourrait avoir lieu? La réponse est oui", a-t-il accusé. "Attendez que l'orage judiciaire passe et tout reprendra comme avant."

Le verdict est attendu le 28 mai. Joël Le Scouarnec risque jusqu'à 20 ans de prison.

E.F. avec AFP