Procès des viols de Mazan: les associations féministes jugent le combat "loin d'être terminé"

Le public massé devant le tribunal d'Avignon, dans l'attente de la sortie de Gisèle Pélicot, jeudi 19 décembre. - Clément Mahoudeau
La lutte continue. Après le verdict du procès "historique" des viols de Mazan, des associations féministes ont appelé jeudi 19 décembre à des "réformes structurelles" pour éviter que le soufflé ne retombe, estimant que "le combat contre l'impunité est loin d'être terminé".
Les 51 accusés de ce procès hors norme ont tous été reconnus coupables des faits de viols, tentative de viols ou agression sexuelle qui leur étaient reprochés, et ont écopé de peines allant de trois ans de prison, dont deux avec sursis, à 20 ans de réclusion.
"En reconnaissant tous les accusés coupables de viol ou tentative de viol aggravés à l'exception d'une requalification, la justice a donné raison à Gisèle Pelicot: la honte peut changer de camp", a réagi la Fondation des femmes dans un communiqué.
"Loi intégrale contre les violences sexuelles"
"En refusant le huis clos, Gisèle Pelicot a donné une dimension historique au procès, donnant à voir l'existence du viol conjugal, la banalité des violeurs, et l'étendue de la soumission" ajoute la Fondation des femmes, insistant de nouveau sur la nécessité d'une "loi intégrale contre les violences sexuelles".
Même sentiment au sein du collectif #Noustoutes qui salue la "prise de conscience du grand public sur la culture du viol, la maltraitance judiciaire et la nécessité d'éduquer au consentement".
Éduquer la jeunesse
"Si on veut un après-Mazan, il faut l'éducation des enfants et des jeunes aux stéréotypes de genre, aux violences sexistes et sexuelles, et au consentement", a dit à l'AFP Amy Bah, militante du collectif #Noustoutes. "Il faut que les pouvoirs publics rebondissent et apportent une réponse concrète et structurelle. Les dernières annonces du gouvernement Barnier étaient loin d'être à la hauteur".
Lutter pour un "monde nouveau"
Pour l'association "Choisir la cause des femmes" co-fondée par Gisèle Halimi, avocate lors d'un autre procès emblématique sur le viol en 1978, "si le procès des viols de Mazan s'achève aujourd'hui par ce verdict, la lutte féministe contre le viol et pour un monde nouveau continue".
"Nous sommes aujourd'hui convaincues qu'il faut que la loi évolue à nouveau pour définir clairement ce qu'est le consentement et ce qu'il n'est pas", indique dans un communiqué l'association, une évolution à laquelle Emmanuel Macron s'est dit favorable mais qui divise associations féministes, juristes et magistrats.
Outre cette question du consentement, la Fédération nationale des centres d'information sur les droits des femmes et des familles (FNCIDFF) appelle pour sa part à la mise en oeuvre effective de "l'éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle" et à un renforcement de la formation continue des acteurs de la chaîne judiciaire.