Patrick et Isabelle Balkany jugés en appel pour fraude fiscale

Patrick Balkany - Image d'illustration - AFP
Patrick Balkany a un nouveau rendez-vous devant la justice, le quatrième depuis le 13 septembre dernier. Le maire de Levallois-Perret est jugé par la cour d'appel de Paris pour "fraude fiscale" à partir de ce mercredi. Son épouse, Isabelle Balkany, comparaîtra à ses côtés alors qu'ils avaient été condamnés en première instance à 4 et 3 ans de prison, la justice avait estimé que le couple s'est ancré dans une "délinquance fortement rémunératrice".
A la différence du procès qui s'était tenu au mois de mai devant le tribunal correctionnel, Patrick Balkany comparaîtra cette fois détenu. Si sa demande de mise en liberté dans ce volet pour "fraude fiscale" a été acceptée, conditionnée au paiement d'une caution de 500.000 euros, ses deux demandes de remise en liberté dans le volet "blanchiment de fraude fiscale" ont été rejetées. La dernière a été refusée lundi.
"Sur un plan de principe, ça change beaucoup de choses parce qu'il comparaîtra dans le box et qu'encore une fois dans ce dossier, de cette nature, à caractère fiscal, il est tout à fait inhabituel dans la chambre devant laquelle on plaide que le prévenu comparaisse détenu, c'est inhabituel", s'est étonné Me Romain Dieudonné, l'avocat de Patrick Balkany.
De l'argent familial
Le couple Balkany a reconnu avoir omis de déclarer certaines sommes au fisc français. De l'argent familial, qui avait permis d'assumer un train de vie fastueux pendant des années, avait fait valoir Patrick Balkany lors de l'audience. "On a vécu dans des familles qui avaient les moyens, je dirais même de gros moyens, reconnaît l'élu. On a toujours bien vécu, on a peut-être été mal habitués. C’est vrai que nous avons mangé notre capital, on aurait pu acheter des biens à louer mais on voulait bien vivre et c’est tout", avait détaillé l'élu, évoquant le passé de son père, de résistant déporté à Auschwitz à homme d'affaires chanceux.
La justice les a reconnu coupables d'avoir déclaré des revenus sous-évalués entre 2009 et 2014. Elle leur reproche aussi de ne pas avoir payé l'ISF, l'impôt sur la fortune entre 2010 et 2015, malgré des actifs estimés à 16 millions d'euros annuels. Cela comprend les propriétés du couple: le moulin de Cossy à Giverny, les villas Pamplemousse et Serena sur l'île de Saint-Martin et le riad de Marrakech. Pour les villas antillaises, le couple, qui a reconnu au cours de l'instruction en être propriétaire, avait mis en avant l'héritage familial d'Isabelle Balkany pour les acquérir, expliquant devant le tribunal correctionnel qu'il s'agissait plus d'un "bungalow" dans un "lotissement", bien loin des 7 millions d'euros estimés par le fisc.
Isabelle Balkany sera présente
Contrairement au mois de juin, Isabelle Balkany sera présente devant la cour d'appel. Quelques jours avant que ne débute le procès en première instance, elle avait fait une tentative de suicide. Les médecins avaient alors jugé son état de santé incompatible avec un procès. La maire de Levallois-Perret par intérim, depuis l'incarcération le 13 septembre dernier de son mari, joue gros si sa peine était confirmée. En première instance, elle avait été condamnée à trois ans de prison, mais aucun mandat de dépôt n'avait été décerné, une détention étant jugée là encore incompatible avec son état de santé.
Depuis, Isabelle Balkany tient les rênes de la mairie de Levallois. Mais une condamnation en appel pourrait faire évoluer cette situation, surtout si cette fois-ci la justice décidait d'un mandat de dépôt à son encontre. Ce qui compliquerait un peu plus une candidature pour les municipales de mars prochain, alors qu'une candidature de Patrick Balkany a été annoncée. L'élu a lui changé d'avocat. Ce ne sera donc pas Eric Dupond-Moretti et Antoine Vey qui le défendront, car le couple dit ne plus avoir les moyens de se payer leurs services, mais Romain Dieudonné.