Mort de Thomas à Crépol: les auteurs d'un livre sur l'affaire ciblés par des menaces de mort

Thomas, 16 ans, mort lors d'une fête de village à Crépol, dans la Drôme, dans la nuit du 18 au 19 novembre 2023 - BFMTV
Les Éditions Grasset, qui ont publié ce jeudi un livre d'enquête sur l'affaire d'homicide à Crépol (Drôme), où a été tué un adolescent en 2023, ont dénoncé ce vendredi 21 mars des menaces de mort contre les auteurs.
"Depuis plusieurs jours, les auteurs, le livre et l'éditeur sont calomniés par certains médias, harcelés par nombre de sites ou réseaux sociaux qui véhiculent mensonges et contre-vérités sans même avoir lu l'ouvrage", a affirmé Grasset dans un communiqué.
Dans la nuit du 18 au 19 novembre 2023, Thomas, un lycéen de 16 ans, avait été victime, lors d'un bal, de coups de couteau lors d'une rixe entre les jeunes habitants de ce village et un groupe d'autres jeunes arrivés dans la soirée.
Un prétendu "racisme anti-blanc"
L'affaire avait suscité une vive polémique dans la classe politique, la droite et l'extrême droite l'élevant en emblème d'une insécurité dans les zones rurales due, selon elles, à des habitants de quartiers urbains défavorisés.
Les enquêteurs cherchent toujours à déterminer l'auteur des coups de couteau mortels. Quatorze personnes, dont trois mineurs, sont mises en examen pour "homicide volontaire et tentatives d'homicides volontaires en bande organisée".
Cette affaire est retracée dans Une nuit en France, de Jean-Michel Décugis, journaliste du Parisien, Pauline Guéna, romancière et scénariste, et Marc Leplongeon, journaliste de L'Équipe.
Le livre donne des prénoms de personnes mises en cause. Et il souligne la récupération politique de cette affaire, autour d'un prétendu "racisme anti-blanc", chez des médias et élus qui ont fait de l'insécurité un thème récurrent.
Dans son communiqué, Grasset cite le texte de menaces qui visent les auteurs. Certains internautes leur souhaitent par exemple le sort réservé aux collaborateurs après la Libération.
"L'éditeur et les auteurs entendent signaler tous les messages ou propos haineux aux instances judiciaires", a précisé Grasset.
L'Association de la presse judiciaire a apporté, dans un communiqué, "un soutien sans réserve à nos confrères et condamne avec vigueur des attaques qui violent sans vergogne les limites de la critique acceptable et du débat démocratique".
"Injuriés, menacés, calomniés par de courageux anonymes sur les réseaux sociaux et cloués au pilori par certains médias, ils se retrouvent livrés à la vindicte pour avoir fait leur travail de journalistes", a déploré cette association, dont Jean-Michel Décugis et Marc Leplongeon sont membres.
L'ouvrage a été critiqué par la maire de Romans-sur-Isère, la ville dont sont originaires plusieurs personnes mises en examen. Cette élue divers droite, Marie-Hélène Thoraval, désigne depuis le début ces personnes comme des agresseurs guidés par le "racisme anti-blanc".
"On vous explique que les couteaux, ils en ont toujours, ça fait partie de la panoplie, parce qu'ils les utilisent pour couper leur shit. Non mais, je veux dire, c'est incroyable. Comment on peut écrire des choses pareilles?", a-t-elle déclaré sur Le Figaro TV vendredi.