Homme tué lors d'un contrôle de police à Nantes: le point sur l'enquête

Le procureur de Nantes, Pierre Sennès, le 4 juillet 2018 - BFMTV / Capture d'écran
"Je m’associe à l’appel au calme et à l’apaisement de la famille de la personne décédée". Au lendemain de la mort d'un homme de 22 ans lors d'un contrôle de police à Nantes, le procureur de la République de Nantes, Pierre Sennès, s'est exprimé en fin de journée pour apporter quelques précisions au déroulement des faits, en rappelant qu'"il y avait dans le quartier de Breil depuis plusieurs jours un climat de tension particulier".
"Le conducteur a cherché à se soustraire du contrôle"
Selon ses mots, le jeune conducteur, qui faisait l'objet d'un mandat d'arrêt, aurait "donné une fausse identité" aux policiers lors du contrôle, "ce qui a conduit les policiers à l’inviter à se garer pour les accompagner au commissariat de police de Nantes dans le cadre d’une procédure de vérification d’identité". "Le conducteur semble-t-il a cherché à se soustraire de ce contrôle de police en opérant à vive allure une marche arrière dans une démarche de fuite", a-t-il ajouté.
L'un des policiers aurait alors "suivi la progression du véhicule jusqu’à se positionner à proximité de la place conducteur", avant de tirer "à une reprise", a-t-il poursuivi, en insistant bien sur l'unique coup de feu.
Pour rappel, deux versions s'opposent depuis mardi soir sur le déroulement des faits. D'un côté, la police plaide la légitime défense, tandis que de l'autre, des riverains évoquent un tir "sans sommation et à bout portant".
Enquête en cours
Le procureur a ensuite fait un point sur l'enquête en cours, qui s'oriente sur deux problématiques principales. La première concerne le conducteur:
"Déterminer précisément quel a été le comportement du conducteur au volant du véhicule contrôlé, et notamment de préciser quels ont été les différents déplacements de ce véhicule", a-t-il expliqué.
"Et le deuxième point important, qui lui est plus spécifiquement confié à l’inspection générale de la police nationale, c’est de déterminer dans quelles circonstances le policier a été amené à faire usage de son arme de service. Ce qui revient d’établir si l’usage de l’arme est conforme aux dispositions légales sur l’usage des armes par les forces de l’ordre".
L'enquête a démarré "tôt ce matin", "avec tout d’abord des opérations de police technique et scientifique sur le véhicule", a-t-il détaillé. Les enquêteurs s’attachent également "à récupérer sur les réseaux sociaux tous les documents visuels qui sont diffusés et qui peuvent apporter des informations utiles à l’enquête".
Enfin, le procureur a annoncé qu'un appel à témoin a été lancé dans l'après-midi. Quatre personnes étaient entendues par l'IGPN ce mercredi en début de soirée, sans qu'aucune précision ne soit donnée sur leur contenu.
Sécurité renforcée
Juste avant le discours du procureur, la préfète de Loire-Atlantique, Nicole Klein, s'est exprimée sur BFMTV. Elle a fait état de nouvelles tensions ce mercredi dans le quartier de Breil, où des échauffourées ont eu lieu la nuit passée.
"Ça a recommencé ce soir d’une manière très tendue. Il y a eu déjà quelques véhicules d’incendiés, deux voitures, un mini-bus au quartier du Breil où ça avait commencé hier soir. Une tension perceptible, très forte", a-t-elle décrit.
Avant d'annoncer que la sécurité allait être renforcée dans le quartier.
"Il y aura des CRS toute la nuit jusqu’au matin, et demain encore. (...) Il y a pour l’instant des policiers départementaux qui vont être rejoints très rapidement par des CRS en nombre pour essayer de maintenir la sécurité des habitants de ce quartier qui ont déjà été fortement traumatisés par les dégâts de la nuit dernière", a-t-elle précisé.