Nantes: nuit de violences après la mort d'un jeune lors d'un contrôle de police
Un jeune homme de 22 ans est mort mardi soir à Nantes après avoir été touché par balle par un policier lors d'un contrôle, un décès provoquant des violences urbaines dans trois quartiers sensibles de la ville. Les faits se sont déroulés vers 20h30 lors d'un "contrôle diligenté par un équipage de CRS suite à des infractions commises par un véhicule", a déclaré sur place à la presse Jean-Christophe Bertrand, directeur départemental de la Sécurité publique (DDSP).
L'identité de l'automobiliste n'étant "pas claire, les CRS ont reçu pour ordre de ramener le conducteur" au commissariat. "Le conducteur, faisant mine de sortir de son véhicule, a percuté un fonctionnaire de police" qui a été légèrement blessé aux genoux, a indiqué le DDSP.
"Un de ses collègues a fait feu et a touché le jeune homme qui est malheureusement décédé", a-t-il déclaré. Selon des sources policières, le jeune aurait été touché à la carotide et serait décédé à son arrivée à l'hôpital. Mais alors que les autorités évoquent une situation de "légitime défense", plusieurs témoins remettent en cause le geste de l'officier.
Des témoins évoquent un tir "sans sommation et à bout portant"
D'après les informations de BFMTV, deux versions des faits s'affrontent en effet. Les jeunes présents sur place racontent que le conducteur, qui n'avait pas ses papiers d'identité sur lui, était en train de téléphoner à son cousin pour qu'il les lui apporte. Ils disent avoir vu "la voiture faire une marche arrière sans mettre personne en danger", puisque les policiers "étaient tous devant la voiture à ce moment-là".
Les témoins racontent qu'un officier a alors tiré "sans sommation et à bout portant". "La voiture a fini sa course dans un jardin, le conducteur inconscient, ajoutent-ils, estimant que les policiers "ont tiré vers sa tête, pour tuer" et précisant qu'ils n'ont pas prévenu les secours "tout de suite". "Les policiers ont menti sur l’état du jeune homme en disant qu’il n’était pas mort pour éviter une émeute", ajoutent-ils.
Le tir du policier a aussitôt déclenché des violences urbaines dans le quartier du Breil avec des "prises à partie, des jets de cocktail Molotov", a précisé Jean-Christophe Bertrand. Des voitures ont été incendiées, ainsi qu'un centre paramédical situé dans un centre commercial. Ce drame a été aussi "le point de départ d'autres violences urbaines sur d'autres quartiers sensibles de Nantes", à Malakoff et aux Dervallières, a-t-il indiqué.
Un dispositif de sécurité renforcé
Aux Dervallières, la mairie annexe et la maison de la justice et du droit situés dans le même bâtiment ont été touchés. Les pompiers étaient encore en intervention pour éteindre les flammes vers 3 heures du matin. Johanna Rolland, maire PS de Nantes, est arrivée peu avant 02h30 aux Dervallières.
"Mes premières pensées vont à ce jeune homme mort, à sa famille, à tous les habitants de ce quartier, de nos quartiers", a-t-elle déclaré. "La police et la justice dans son indépendance devront faire la clarté et la plus totale des transparences sur ce qui s'est passé ce soir", "mais l'urgence ce soir, c'est l'appel au calme dans nos quartiers", a-t-elle martelé.
La situation semblait apaisée peu avant 3 heures dans les trois quartiers touchés par les violences. Il n'y a pas eu d'interpellation, selon une source policière. Près de 200 policiers sont mobilisés, indique la DDSP. Le quartier du Breil était placé en dispositif de sécurité renforcé après la découverte d'un blessé par balle la semaine dernière avec suspicion de l'usage d'une arme de guerre, selon une source proche du dossier.